François Bayrou, invité de RTL ce matin 

François Bayrou était l'invité d'Amandine Bégot sur RTL ce matin. Retrouvez cet entretien ci-dessous.

Amandine Bégot : François Bayrou en direct avec nous depuis Pau. On connaîtra demain à cette même heure le chiffre exact du déficit public pour l'année 2023. À priori, on le dit depuis plusieurs jours maintenant, ce sera au-delà des 5%, « 5,6 », « 5 ,7», en tout cas loin des 4,9 % initialement prévus par le gouvernement. Est-ce qu'il ne va pas falloir à un moment ou à un autre songer à augmenter les impôts ? 

François Bayrou : C'est une situation qui est en effet nouvelle, qui est la conséquence directe -on oublie trop souvent de le dire - des chocs différents que nous avons eu : le COVID est un choc très important et la guerre en Ukraine est un choc très important. Guerre en Ukraine qui a provoqué une crise énergétique, une inflation, tout ce que nous savons et qui constitue en effet une crise très importante pour nos économies. La question qui se pose, c'est comment peut-on équilibrer nos finances publiques le mieux possible, mieux que nous ne le faisons à l'heure actuelle sans casser la croissance, sans casser l'activité du pays ? Et j'ai été amené à dire ce weekend que pour nous, la question de l'activité, la question de l'investissement, la question du renouvellement de l'économie française, elle était une question primordiale. 

Amandine Bégot : Sauf que pour investir, François Bayrou, il faut de l'argent. 

François Bayrou : Oui, il faut de l'argent mais il faut d'abord savoir où nous mettons nos moyens, comment nous faisons. Je vais prendre un exemple. Le bruit court assez souvent que on va couper dans les budgets des collectivités locales. À mon sens, ce serait une erreur. Pourquoi ? Parce que les collectivités locales, ce sont elles qui investissent : plus des 3/4 de l'investissement français de l'équipement du pays, il est réalisé par les collectivités locales. Il se trouve que ce que on ne sait pas souvent, même parfois dans les cercles politiques influents, c'est que les budgets des collectivités locales, budgets d'investissement dépend du budgets de fonctionnement. Vous ne pouvez investir que si vous avez ce qu'on appelle des excédents de fonctionnement. Si au fond, à la fin de l'année, vous avez mis de l'argent de côté pour pouvoir préparer les dépenses d'investissement de l'année suivante. Une collectivité locale ne peut emprunter pour investir que si elle a un très bon équilibre de son fonctionnement avec des bénéfices. Et tout ça, les élus locaux savent bien, il y a des chiffres, des ratios comme on dit, qui permettent de savoir si vos investissements sont à la hauteur de vos moyens. 

Amandine Bégot : Sauf que les collectivités, on est d'accord François Bayrou, ça fait partie de ceux qu'on a peut-être un peu maltraité ces dernières années, non ? 

François Bayrou : Non, je crois pas du tout. Je pense que les collectivités françaises, au contraire de ce qui se raconte généralement ces dernières années, elles ont été absolument préservées. Et il y a des plaintes ou des complaintes souvent, elles sont mal fondées parce que les collectivités ont été garanties pendant sept années. C'était la promesse qu'avait faite le Président de la République, depuis sept années – quatre et trois - les collectivités ont été absolument préservées dans leurs ressources. 

Amandine Bégot : Donc concrètement, surtout ne pas couper les fonds, j'allais dire pour les collectivités locales, c'est ce que vous nous dites ce matin.

François Bayrou : Entre autres.

Amandine Bégot :  Bon les impôts ? Vous ne m'avez pas répondu François Bayrou.

François Bayrou : Je pense qu’une discussion peut être ouverte. Le ministre de l'économie et des finances est maintenant en train de préparer le budget de l'année prochaine. Je pense qu’un travail avec les parlementaires qui, depuis des années, ont essayé d'explorer les pistes et de regarder de quelle manière on pouvait avoir un meilleur équilibre à la fois en situation de justice et sans que l'image de la France, qui permet d'attirer les investisseurs soit atteinte. Et vous voyez que de ce point de vue-là, il y a une quadrature du cercle. Mais si vous me permettez une phrase pour signaler quelque chose à quoi on ne pense pas, dont François Lenglet parle souvent. Il se trouve qu’aujourd'hui, on est devant une situation nouvelle. Pourquoi ? Parce que les États-Unis ont adopté une politique économique depuis des années, depuis quatre ans au moins ou cinq ans. Une politique économique qui fait que l'activité, l'investissement, la croissance ont atteint des sommets puisque sur les quatre dernières années, avec les mêmes contraintes que les nôtres, les États-Unis ont eu deux fois ou deux fois et demi plus de croissance que nous n'avons. Pourquoi ? Parce que l'ensemble des décideurs, et notamment la Banque centrale américaine, ont décidé d'apporter tout leur soutien à l'activité, de relocaliser des activités dans le pays et même de conduire à partir de ces relocalisations une politique d'aménagement du territoire. C'est à dire d'implanter ou de réimplanter des activités dans des lieux, par exemple les anciennes places fortes de l'automobile américaine qui étaient désertées. 

Amandine Bégot :  En fait, vous nous dites : il faut investir quoi qu'il en coûte, c'est ça ? 

François Bayrou : Je pense, oui, « quoi qu'il en coûte » est une est une expression risquée mais oui, je pense que la clé du développement aujourd'hui, spécialement parce que les États-Unis sont dans cette situation…

Amandine Bégot : …mais vous avez toujours défendu ardemment la question des finances publiques, la dette, et la rigueur budgétaire, j'allais dire.

François Bayrou : Oui, et si on avait écouté à cette époque-là, au moment où en effet j'ai conduit ces campagnes - on parle de 2007, en particulier sur la dette - on n'en serait pas là aujourd'hui, mais le contexte mondial est en train de changer. Et on ne peut pas répondre au contexte mondial d'aujourd'hui sans regarder les clés qui nous permettraient de projeter l'économie française dans l'avenir, l'économie européenne dans l'avenir, parce que beaucoup de ces sujets sont européens. L'Allemagne s'est trouvée, en raison de la guerre en Ukraine, toujours dans une crise profonde puisqu'ils dépendaient du gaz russe. Et qu'ils dépendaient des exportations qu'ils projetaient vers la Chine. Et ces deux conditions, la Chine et le gaz russe ont si profondément changé, ont été bouleversés, qu’ils sont eux dans une situation, du point de vue de la croissance, encore plus difficile que la nôtre. Or, ils sont notre premier client et notre premier fournisseur.

Amandine Bégot : Je reviens juste d'un mot, François Bayrou, sur la question des impôts. Vous dites : il faut que les parlementaires discutent.

François Bayrou : Les parlementaires et le gouvernement. Je pense qu'il est bon que dans des moments de remise en cause profondes ou d'interrogations profondes, il est bon que le gouvernement et les parlementaires se mettent autour de la table et qu'ils explorent librement…

Amandine Bégot : … mais par exemple, une taxe exceptionnelle sur les superprofits ou les super dividendes. La Présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a dit qu'elle était ouverte au débat. Vous êtes favorable à ça ou pas ? 

François Bayrou : Mais vous savez bien que notre groupe a proposé à l'Assemblée nationale depuis déjà plusieurs exercices budgétaires, qu'on explore cette voie-là. Je pense que ça ne peut se faire que dans un contexte où on veut que l'économie française soit projetée vers cet avenir que nous cherchons tous ensemble. Et donc dans ce cas-là, s'il y a des mesures de rééquilibrage, évidemment, il faut qu'elles aillent vers ceux qui ont le plus de moyens et y compris le plus de moyens en fonction de la crise, sans casser l'image de la France. Vous voyez sur cet équilibre-là.

Amandine Bégot : Et la réforme de l'assurance chômage, baisser les cotisations, plus baisser la durée d'indemnisation, vous y êtes favorable d'un mot ? 

François Bayrou : Je ne crois pas que ce soit du côté des chômeurs qu'est la raison du chômage. 

Amandine Bégot : On se trompe de combat ?

François Bayrou : Non je non, je ne veux pas dire ça. Je pense que les deux approches sont à regarder. C'est vrai qu’on a le sentiment parfois que notamment des jeunes préfèrent ne pas avoir d'emploi durable pour vivre d'autres expériences de vie. Ça, ça existe aujourd'hui dans la société où nous sommes. Mais je ne crois pas que les principaux responsables du chômage soient les chômeurs, mais surtout qu'un certain nombre d'entre eux - comme ça vient d'être dit dans la chronique économique - ont perdu au fil du temps les compétences du travail. Il faut donc les reformer. Et cette question-là est sur la table de la réflexion. 

Amandine Bégot : Merci beaucoup François Bayrou et je vois que vous êtes donc un fidèle auditeur de François Lenglet. Ça fait plaisir !

François Bayrou : Oui, depuis longtemps !

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