Jean-Noël Barrot : "Les démocrates ont conquis leur pleine légitimité et démontré leur vocation majoritaire"

Jean-Noël Barrot - Appli

A l’occasion de notre Congrès, les 23 et 24 mars, notre ministre délégué chargé de l’Europe et vice-président revient sur l’histoire du Parti démocrate populaire, dont on célèbre le centenaire, et sur l’apport social et politique de ce courant de pensée dans une tribune publiée dans Le Monde.

L’histoire politique retient 1924 comme l’année de la formation du Cartel des gauches et de son succès retentissant aux élections législatives. Elle fait l’impasse sur un autre événement : la naissance d’une formation politique, le Parti démocrate populaire (PDP), et celle d’un courant de pensée, le courant démocrate, auquel le XXe siècle est redevable d’avancées aussi significatives que les allocations familiales, le salaire minimum, l’Assedic [Association pour l’emploi dans l’industrie et le commerce], l’intéressement et la participation, les aides personnalisées au logement (APL), l’allocation aux adultes handicapés, le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), la liberté de l’enseignement ou la construction européenne.

S’il procède d’affluents divers, ce courant se distingue nettement des autres familles de pensée par sa conception de la personne humaine, être social et spirituel auquel l’exercice de la conscience, de la liberté et de la responsabilité ouvre l’accès à l’émancipation, finalité de toute action publique et condition nécessaire d’une société qui concilie un destin commun avec la liberté garantie à chacun.

À une gauche otage de son héritage marxiste qui se donne pour seuls horizons l’égalisation des conditions matérielles et la collectivisation des moyens de production, les démocrates opposent un « supplément d’âme » doublé d’une lucidité sur la multiplicité des aspirations humaines, et leur conviction que la propriété privée est la condition nécessaire à l’expression de la liberté d’initiative et du génie créateur.

Réconciliation franco-allemande

À une droite construite par accumulation de sédiments bonapartistes, conservateurs et nationalistes, ils objectent que la vitalité démocratique repose sur l’association la plus large de citoyens éclairés aux décisions qui sont prises en leur nom, sur la qualité des liens qu’ils tissent entre eux au sein de communautés vivantes, sur la distribution du pouvoir et sa décentralisation en vertu du principe de subsidiarité.

Cette « autre solution » est défendue avec constance et obstination par les visages qui l’ont incarnée et qui forment ensemble une longue chaîne d’esprits visionnaires, convaincus que, dans une France souvent réduite au caricatural clivage gauche-droite, une autre voie est possible. Ce projet politique inaltérable est soutenu, indépendamment des étiquettes partisanes, avec la même vigueur, le même style et parfois les mêmes mots par la génération de l’entre-deux-guerres qui milite pour la réconciliation franco-allemande.

Par la suivante, qui reprend ce flambeau et pose les fondations du modèle social français et de l’Union européenne. Par celle de Jean Lecanuet (1920-1993), de Pierre Mendès France (1907-1982), de Jacques Delors (1925-2023) et de Simone Veil (1927-2017), qui font entrer la France dans la modernité. Par celle de François Bayrou, qui tient tête au durcissement institutionnel de la Ve République, sonne l’alerte sur l’impasse du duopole droite-gauche avant de faire revenir les démocrates aux responsabilités.

Le surgissement d’Emmanuel Macron en 2017 est réduit par nombre d’observateurs à un opportunisme piochant tactiquement dans le corpus d’une droite et d’une gauche usées par le jeu bipartisan. Il n’en est rien.

D’abord parce que sa filiation à Paul Ricœur (1913-2005) le rattache au philosophe Emmanuel Mounier (1905-1950), fondateur de la revue Esprit, référence majeure de la pensée démocrate.

Ensuite parce que les électeurs ne s’y sont pas trompés, les principaux foyers du vote Macron en 2017 coïncidant de manière frappante avec la géographie du vote démocrate depuis la percée du MRP, premier parti de France en 1946 : celle de la France du Grand Ouest, de Rhône-Alpes, de l’Alsace, de l’Aquitaine.

Pluralisme et vitalité démocratique

Bien des initiatives prises depuis 2017 correspondent précisément aux priorités de cette famille de pensée, à commencer par le dédoublement des classes et la réforme de la formation professionnelle attendus depuis des décennies : ni la droite ni la gauche ne s’y étaient risquées lorsqu’elles exerçaient les responsabilités. Citons l’engagement européen du président de la République et de sa majorité, qui, en quelques années, ont permis à la France de retrouver sa place à Bruxelles et à l’Europe d’entamer un tournant historique face aux grands bouleversements du monde.

Comment ne pas voir aussi dans les innovations du grand débat national, des conventions citoyennes, ou encore le Conseil national de la refondation, la même inspiration ? La fidélité à ces intuitions s’illustre aussi dans les positions des parlementaires démocrates depuis 2017. Viscéralement attachés au pluralisme et à la vitalité démocratique, ils proposent l’instauration de la proportionnelle et d’une banque de la démocratie. Soucieux du sort des familles, cellule de base de solidarité, ils militent pour améliorer leurs conditions matérielles et défendre inlassablement la démocratie sociale, la société organisée, le tissu associatif. Attachés à la justice sociale et territoriale, ils préconisent de rendre l’impôt plus équitable et efficace.

Mais pour les démocrates que nous sommes, l’ouvrage reste inachevé, tant l’ascension des populismes fait courir un risque existentiel pour tout ce que notre civilisation a patiemment construit. La brutalisation du monde, l’épidémie de solitude qui sévit dans nos sociétés, les addictions matérialistes qui nous détournent de l’essentiel, l’immobilité sociale qui fragilise le contrat social et le sentiment de dépossession généralisée du pouvoir nous obligent à l’unité et à l’action.

Un siècle après s’être cartellisées, les gauches sont écartelées et apparaissent incompatibles entre elles sur l’essentiel, en perte de repères, otages de leurs vieux démons. Les démocrates ont quant à eux conquis leur pleine légitimité et démontré leur vocation majoritaire. Dans le match qui s’engage avec les extrêmes, nous aspirons à rassembler et à tenir toute notre place, inspirés notamment par l’engagement des fondateurs du PDP en 1924.

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