"Arrêtons les débats mensongers sur l'Europe et faisons de nouvelles propositions"
Dans une tribune publiée par L'Union, Jean-Marie Beaupuy, trésorier du Parti démocrate européen, dénonce le "double discours de nombreux chefs d'État" qui "reprochent à l'Europe de ne pas donner les moyens qu'eux-mêmes refusent".
"C’est la faute de Bruxelles". "C’est la faute de l’Europe". Nous entendons cela chaque jour dans de nombreux pays européens, dont la France. Au point que la moitié des Britanniques souhaitent sortir de l’Union Européenne. Ces réactions sont infantiles. Elles proviennent de réactions émotionnelles pour une part, de calculs politiciens irresponsables, d’autre part.
S’il est évident qu’il y a des dysfonctionnements européens, est-ce la faute de l’Europe :
- Si la France a un déficit de près de 2000 milliards d’euros ?
- Si l’Espagne a bétonné ses plages et construit des immeubles à tout va ?
- Si la Grèce n’a jamais corrigé sa fiscalité ?
Est-ce la faute de l’Europe si nombre de chefs d’Etats européens ont refusé pendant des années l’adoption de règles financières ?
En fait, l’Europe est très souvent considérée comme une énième puissance. Alors qu’elle est simplement la réunion d’Etats qui, à l’occasion des sommets européens, doivent souvent décider à l’unanimité. Si l’Europe n’avance pas sur certains dossiers, c’est d’abord l’expression du refus de certains chefs d’Etat.
Prenons trois exemples :
Affaires étrangères et Défense. Ni la France, ni la Grande Bretagne ne veulent mettre en commun, avec les autres états européens, leurs ambassades et leurs forces militaires. Résultat : de Moscou à Pékin, de New York à Délhi, nous avons 27 ambassades plus un service de l’Union Européenne ! Le Parlement Européen depuis des années demande une évolution - révolution (?) de ces dispositifs…
Lutte contre les catastrophes naturelles. En 2005 Michel Barnier a présenté à la Commission européenne et au Parlement européen un excellent rapport permettant la mise en commun des différentes forces nationales de luttes contre les inondations, les grands incendies, tremblements de terre… Voilà donc 8 ans que les chefs d’Etat n’ont toujours pas validé ce dispositif, ô combien utile, à très faible coût, mais à très forte efficacité. Qui est responsable ?
Budget européen. Il risque d’être réduit entre 2014 et 2020 parce que des chefs d’Etats, - dont François Hollande - ne veulent pas d’un budget plus important. Mais le même F. Hollande demande des financements supplémentaires pour la politique agricole, les fonds structurels, la recherche et, bien sûr, les grands travaux européens. Là encore, le Parlement Européen a fait des propositions … refusés par les chefs d’Etats.
La vérité, c’est que de nombreux chefs d’État, pratiquent un double discours en reprochant à l’Europe de ne pas leur donner les moyens qu’eux-mêmes refusent. C’est pourquoi, avant le 25 mai 2014, date des élections au Parlement Européen, il est essentiel de sortir des débats mensongers et faire de nouvelles propositions.
Il ne s’agit pas d’être pour ou contre l’Europe. Il s’agit de comparer les propositions –réalistes- des différents partis politiques dans les différents domaines de compétences européennes.
Avec mes collègues du Parti Démocrate Européen (PDE), nous avons commencé à bâtir un Manifeste que nous présenterons à l’automne. Il sera l’expression de notre volonté de faire franchir une nouvelle étape à notre continent, avec la participation active de notre Pays.