"Aujourd’hui doit s’ouvrir le temps des refondateurs de l'Europe"
François Bayrou et de nombreuses personnalités ont appelé samedi à "ouvrir le temps des refondateurs de l'Europe, de ceux qui veulent lui donner un visage qui la rendra compréhensible et proche des citoyens", lors d'un grand forum à Paris.
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"C'est par amour pour la France, pour son Histoire, pour sa culture, pour sa langue, pour sa manière de voir le monde, pour son projet intellectuel, que je me sens engagé dans le projet européen", a affirmé François Bayrou, en clôture de cette journée de travaux.
"Je crois qu'il n'y a aucune chance pour un pays comme le nôtre de peser devant les immenses enjeux qui sont ceux de notre avenir, si nous ne formons pas un ensemble solidaire et solide", a souligné le leader centriste qui, face à la crise, appelle à travailler avec "ceux qui partagent avec nous l'essentiel et qui sont nos voisins". "Cet enjeu là, cet enjeu d'amour de la patrie par la création d'un ensemble européen, est pour moi un enjeu essentiel", a-t-il insisté.
"On ne peut pas, au sens physique du terme, avoir une politique de défense du patrimoine naturel dans les frontières d'un État national. L'idée que chacun bâtisse sa politique écologique et énergétique, comme c'est le cas à l'heure actuelle, est une absurdité totale", a-t-il pris pour exemple. "Il en est de même pour les enjeux industriels. Prenons la très grande industrie des écrans, qui vont des smartphones aux ordinateurs, en passant par nos télévisions : il n'y en a plus un seul qui soit fabriqué ou conçu en Europe", a-t-il fait remarquer. "Qu'une puissance économique qui regroupe 500 millions de consommateurs ait ainsi renoncé à un secteur crucial de l'avenir est un affaiblissement de tous les partenaires de l'ensemble européen. Cessons de verser des larmes sur des secteurs industriels révolus et enfuis. Battons-nous pour leur reconquête", a défendu François Bayrou.
À ses yeux, "la période que nous ouvrons aujourd'hui, de préparation des élections européennes, présente pour nous un défi que nous avons décidé de relever : le défi du débat européen". "Depuis des années, ce débat a été éludé, de manière volontaire, organisée. Cela date d'il y a six ans maintenant, quand ils ont décidé de court-circuiter le 'non' des Français au référendum de 2005. Nos dirigeants ont décidé de l'ignorer pour faire adopter la constitution sous une forme technique par le Parlement français, en oubliant les peuples", a déploré le président du Mouvement Démocrate.
"C'était une erreur que d'ignorer le sentiment profond du peuple français, pour imposer un texte que personne n'a lu, qui était le texte du traité de Lisbonne. De cette erreur grave est resté beaucoup de ressentiments chez nos concitoyens. Car cette affaire-là a donné l'impression que cette immense entreprise historique qu'est l'Europe, était une entreprise imposée, quoi que les peuples veulent en dire et en penser", a-t-il dénoncé.
Cette erreur-là, "nous n'avons pas envie de la refaire", prévient François Bayrou. "Nous considérons donc que les élections européennes qui viennent doivent être celles du débat le plus profond sur le choix européen du pays. Et c'est ce défi-là que nous relevons", a-t-il pointé.
L'ancien candidat à l'élection présidentielle pose toutefois une condition : "S'il doit y avoir réconciliation, compréhension nouvelle, entre les citoyens français et le projet européen, ça ne se fera pas à la sauvette, de manière honteuse, en faisant semblant qu'il n'y a pas de problème". "Ça se fera avec le peuple des citoyens, face à face, les yeux dans les yeux, en posant la question de leur avenir", a-t-il prôné.
"Les citoyens doivent avoir leur mot à dire. Le drame dans notre opinion publique, c'est que l'immense majorité à l'impression que des décisions sont prises sans qu'ils puissent les influencer. Si nous n'écoutons pas les citoyens sur les décisions prises par l'Union européenne, nous allons vers la catastrophe", a-t-il prévenu. "Le citoyen européen doit retrouver sa souveraineté sur les décisions qui se prennent en Europe. C'est la vision que nous défendrons", a ainsi annoncé le co-président du Parti démocrate européen.
"L'idée européenne a besoin d'être défendue avec élan. Elle a besoin d'Européens fiers de ce qu'ils portent, qui sont conscients que ce qu'ils portent est essentiel pour l'avenir. Et nous aurons une démarche de rassemblement et d'ouverture à l'égard de tous ceux qui ont ce sentiment. Car nous serons plus forts si nous sommes rassemblés et ouverts", a-t-il conclu avec conviction.