Discours de Gérard Collomb à l'Université de rentrée

Retrouvez l'intégralité du discours de Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'Intérieur, prononcé et introduit par François Bayrou, ce samedi 30 septembre 2017 à notre Université de rentrée, à Guidel.

 

Introduction de François Bayrou au discours de Gérard Collomb

Je voudrais vous dire en deux mots pourquoi je suis heureux que Gérard Collomb soit là. Non pas pour les raisons qui sont celles du petit-fils de Jean-Louis Bourlanges. Parce que le petit-fils de Jean-Louis Bourlanges interrogé à l’école, pour savoir qui avait découvert l’Amérique, a répondu sans le moindre état d’âme Gérard Collomb (rire). Et donc Jean-Louis Bourlanges a révélé cela à Gérard Collomb à l’Assemblée nationale par une lettre officielle qui l’informait ainsi de son véritable pédigrée. Non ce n’est pas la raison principale. Il y a deux raisons. Je vais les dire très vite, l’une et l’autre. C’est que Gérard Collomb a joué un rôle déterminant dans la création du paysage politique qui a permis l’élection d’Emmanuel Macron. C’était assez secret, c’était bien placé, parce que ça se passait dans le bureau de Jacqueline Gourault. Personne n’en a jamais parlé, mais ça a été absolument déterminant dans la création de confiance. Et donc, ça c’est la première raison.

La deuxième, c’est que Gérard Collomb au gouvernement a une responsabilité éminente et dont je sais, j’atteste qu’il l’exerce avec conscience et détermination. Je vous dis ça car comme vous le savez, j’ai été très fugacement Ministre de la Justice, et entre le Ministre de la Justice et le Ministre de l’Intérieur, traditionnellement, c’est la guerre, plus ou moins feutrée, plus ou moins larvée, mais, les grandes administrations, en tout cas les grands services publics dont nous avons la charge, se chargent justement de remonter le crincrin de chacun contre l’autre. Nous n’avons, Gérard Collomb et moi, jamais accepté ce jeu. Et cela a été un moment très heureux parce que Gérard Collomb est, dans son histoire, quelqu’un qui a plongé son expérience dans la mairie d’une grande ville, éminente en France, tout à fait essentielle, et qu’il a exercé cette fonction pleinement, de manière volontaire et humaniste. Cet humanisme-là, pour moi, est éminemment nécessaire, y compris ou surtout dans la fonction de Ministre de l’Intérieur, qui a besoin de faire respecter des lois, une autorité de l’Etat, et qui en même temps, a besoin de comprendre en profondeur ce qui se passe dans la société française. Voilà pourquoi je suis heureux, avec vous, d’accueillir Gérard Collomb.

 

Discours de Gérard Collomb

Chers amis,

Ce n’est pas le Ministre de l’Intérieur qui est ici avec vous ce soir. C’est l’ami. C’est l’ami, parce que je pense qu’au fond, nous nous ressemblons, et que si nous avons porté avec François Bayrou – et je vais en dire quelques mots puisqu’il a commencé à le révéler – ce qui a été décisif dans l’élection présidentielle, puisqu’au fond nous sommes semblables nous appartenons a des familles de pensées qui sont différentes : vous plutôt chrétiens-démocrates, moi plutôt social-démocrate, je dirai aujourd’hui social-réformiste. Mais, au fond, ce que nous portons, c’est une même conception de la place de l’Homme dans notre monde. Il se trouve que, comme François, je suis agrégé de Lettres classiques, c’est pour cela que - cher Jean-Michel Blanquer -  réintroduire le latin dans l’enseignement ne nous a pas semblé une si mauvaise idée. Je vais m’écarter du discours que j’ai pour m’exprimer assez librement devant vous. Je commencerai donc par l’éducation : pourquoi je me sens très en adéquation avec ce que tu mènes aujourd’hui ? Parce que tout simplement je dois tout à l’éducation, je l’ai dit quelques fois : mon père était ouvrier métallurgiste, ma mère était femme de ménage et donc ce n’était pas dans ma famille qu’on pouvait m’apporter des connaissances, c’était à l’école et si je n’avais pas eu des maitres qui, à l’époque, me transmettaient des connaissances, jamais je n’aurai pu évoluer. Et donc ce que nous avons fait de l’école dans les dernières années c’est bien effectivement pour celles et ceux qui ont la chance d’avoir un environnement familial porteur, mais pour toutes celles et ceux qui, effectivement, sont nés dans des couches populaires, et en particulier pour ces jeunes issus de l’immigration qui n’ont pas la chance d’avoir un environnement familial qui les porte, si l’école ne leur apprend plus un certain nombre de choses, alors il ne faut pas s’étonner que, petit à petit, ils s’éloignent de notre société.

Chers amis, je le disais, nous avons ensemble avec François Bayrou, et grâce à l’aimable complicité de Jacqueline Gourault, porté des moments décisifs pour ce qui s’est produit. Parce que, nous avions avec François une relation de confiance et que depuis 15 ans nous n’avons jamais cessé de parler ensemble - nous ne l’avons pas forcément étalé dans la presse mais nous rêvions, et l’un et l’autre, qu’un jour, on dépasse les vieux clivages.  Parce que la vie politique, telle qu’elle ait été constituée, faisait que : lorsque l’on était dans la famille de droite, les libéraux de cette famille ou les chrétiens-démocrates étaient malheureux parce que chaque fois à l’intérieur de cette famille c’était souvent – et on le voit encore aujourd’hui  - les plus extrémistes qui gagnaient ; et que, à l’intérieur du Parti socialiste, auquel j’appartenais, pour gagner un congrès, il fallait faire de la démagogie et donc avoir le verbe gauchisant sans penser qu’un jour on pouvait venir au pouvoir, que, à ce moment-là, on se trouvait à court d’idées, à court d’actions parce que l’on avait porté des théories nébuleuses et que finalement, quand on était au pouvoir on se contentait d’une gestion court-termiste. Cela a été la malédiction de tout le Parti socialiste et depuis longtemps, lorsque, par le passé – je ne veux fâcher personne mais pour ceux qui connaissent l’histoire de cette famille politique - c’est dans le congrès d’après-guerre Guy Mollet qui l’emporte face à Daniel Meyer, qui était un humaniste qui voulait effectivement transformer ce parti, et bien ensuite on voit bien quand on arrive au pouvoir, Guy Mollet, ce n’est pas l’image de la modernité, ce n’est pas l’image de la transformation c’est l’image d’un conservatisme étroit, parce qu’entre le discours gauchisant – marxiste – que l’on tenait à l’époque et puis la pratique du pouvoir il y a un tel fossé il y a un tel abime que, évidemment, on ne peut pas réaliser la promesse que l’on a porté à un moment donné.

Et donc, moi, je pensais qu’il fallait réunir nos familles, d’abord faire bouger le Parti socialiste : j’ai essayé de le faire bouger de l’intérieur et j’avais fondé à l’époque le pôle réformateur c’est là que j’ai connu Emmanuel Macron. Je voulais que l’on puisse concilier un certain nombre d’idées - j’en parlerai tout à l’heure - et je voyais que c’était impossible de faire bouger le Parti socialiste de l’intérieur parce que finalement c’est toujours soit un double discours tacticien soit effectivement la prime donnée aux extrêmes et on a vu les glissements du Parti socialiste dans l’élection présidentielle qui vient de se passer.

Parce que je voulais le faire bouger, je portais au sein du Parti socialiste un petit courant très minoritaire qui s’appelait le Pôle des réformateurs. Et puis ce parti était tellement sectaire que, lorsqu’Emmanuel Macron était Ministre de l’Economie, il – le Parti socialiste – avait refusé de l’inviter à l’Université d’été de La Rochelle, et moi j’ai dit à l’époque « Tiens, nous on va l’inviter à l’Université des réformateurs » et là il a fait un discours fantastique parce que beaucoup d’hommes et de femmes politiques, lorsqu’ils nous parlent de la France, au Parti socialiste, c’est souvent la France des années 1920 - pour ceux qui sont encore dans la conception classe contre classe - puis pour les autres c’est le keynésianisme des Trente Glorieuses. Or il se trouve que nous ne vivons plus ni dans l’une ni dans l’autre époque et donc il y a besoin d’un point de vue intellectuel, de porter une pensée qui s’inspire de nos valeurs profondes – les vôtres comme les nôtres – faites de générosité mais qu’évidemment la générosité si elle ne se traduit pas concrètement dans leur réalité quotidienne pour les gens, elle reste tout simplement un espèce de songe creux qui est vite démenti par l’exercice du pouvoir.

J’avais cette pensé et j’ai soutenu donc dès le départ - un des premiers - Emmanuel Macron. Mais je voyais bien que la révolution d’En marche était formidable – elle avait fait bouger profondément -, le vent soufflait très fort mais il ne pouvait pas souffler pour qu’il puisse gagner tout seul et donc, moi, je pensais, que celui qui pouvait permettre à Emmanuel Macron de l’emporter aux présidentielles c’était François Bayrou. Et nous nous sommes vus, nous avons discuté ensemble, non pas arithmétique mais conception de la France, comment nous voyons notre pays et ça a duré un certain temps parce que c’était difficile pour François Bayrou de prendre cette décision parce qu’il pouvait légitimement être candidat à la présidentielle, parce qu’il aurait sans doute fait une excellente campagne et parce qu’il pouvait penser à un moment donné l’emporter.

Et puis il a pris cette décision, courageuse, formidable de dire que l’intérêt de la France, c’est finalement qu’on gagne. Il l’a annoncé à la télévision, je me souviens j’étais dans les bureaux d’En marche. Et à En marche, il n’y avait pas que des gens qui étaient pour l’entrée de François Bayrou dans les équipes mais c’était juste après la petite campagne « perte de popularité ».

Et quand ils ont vu François annoncer qu’il nous rejoignait, je n’ai entendu que des soupirs de soulagement parce que là, ça donne une véritable chance. Alors pourquoi nous pouvions, et les uns et les autres, avoir confiance dans ce que nous ferions ? Tout simplement parce que François apportait un certain nombre d’idées que nous pouvons défendre ensemble. D’abord ce que je viens d’indiquer, à savoir qu’aujourd’hui il fallait dépasser les clivages anciens. Et que la structuration de notre vie politique, autour d’un grand parti de droite, d’un grand parti de gauche, avec le jeu à l’intérieur de ces partis que je viens d’expliquer, c’est à dire la prime aux extrêmes dans les deux camps, ne permettait pas à notre pays de se réformer.

Alors la première idée qu’a portée François Bayrou, dans ses campagnes présidentielles, qu’il portait avec justesse, c’était que la France allait à l’abîme avec ses déficits. Et donc qu’il convenait de les réduire parce qu’évidemment lorsqu’on a une dette qui, de seconde en seconde, croît de manière vertigineuse, on ne peut qu’aller à l’abîme. Evidemment, aujourd’hui nous avons des taux d’intérêts qui sont, grâce à la politique monétaire menée par Monsieur Draghi, extrêmement bas parce que nous avons une politique accommodante. Mais imaginons ce qui va se produire forcément un jour ou l’autre, que les taux d’intérêts remontent, la charge de la dette devient insupportable et le pays finirait un jour par aller au FMI parce qu’il serait totalement en faillite. Et ça, j’y croyais profondément. Vous voyez, je suis comme l’a dit François, un élu local. Et je sais ce que c’est d’équilibrer un budget, que de faire des comptes, et de ne pas laisser une dette qui est sans cesse grandissante. Oui la dette de la ville de Lyon lorsque je l’ai laissée il y a quatre mois – j’espère que mes successeurs feront pareil – elle était au même niveau en 2001, quand je suis arrivé à la mairie. Donc imaginez ce que cela donne par rapport à la croissance infinie de la dette de la France. Vous vous souvenez peut être que lorsque Lionel Jospin était Premier ministre, une année on avait fait moins de déficit que prévu. Et là, il y a avait eu la problématique de la cagnotte. Non il ne fallait pas résorber la dette ! Pour un coup, on n’avait pas dépensé autant qu’on avait prévu. Eh bien, il fallait retrouver les moyens de dépenser ! Absolument navrant. Parce que quand arrive une crise internationale comme celle que l’on a vécue, déjà on a beaucoup de dettes, on ne peut plus mener les dépenses contracycliques  qui doivent permettre de redresser l’économie et on se retrouve dans une position extrêmement difficile.

Voilà cette idée que portait François Bayrou dans ses campagnes électorales, je crois que c’est ce que nous essayons de porter aujourd’hui.

Le deuxième point que François a porté, c’était qu’il fallait conjuguer efficacité économique et justice sociale. Qu’on ne pouvait pas porter l’une sans l’autre. Et qu’il y avait des gens d’un côté, qui ne pensaient qu’au développement de l’économie, mais qui du coup étaient prêts à faire que les injustices dans notre pays croissent de manière considérable, et puis de l’autre, des gens qui n’avaient à la bouche que les mots de justice sociale mais dont l’impéritie économique faisait que lorsque l’on arrivait au pouvoir pour les gens, non seulement ça ne s’améliorait pas dans leur vie quotidienne mais au contraire que cela avait tendance à se détériorer. Je crois – et c’est ce que j’ai essayé de faire par le passé en tant que maire de Lyon - faire en sorte qu’on donne un dynamisme nouveau à l’économie et puis qu’en même temps on porte la justice sociale dans sa cité. On pense aujourd’hui que Lyon est de toute éternité parce qu’elle a la réputation d’être une ville riche, dynamique, qui va de l’avant, que tout cela ça se porte de toute éternité. N’oubliez jamais que dans les années 70, 80, Lyon a vécu une grande crise de désindustrialisation parce que nous avions du textile, que nous avions de la chimie ancienne, de la métallurgie ancienne, et que tout cela s’est effondré. Si je me suis si bien entendu avec Raymond Barre, c’est parce que alors j’étais leader de l’opposition et il était maire de Lyon. Et nous avons dit que plutôt que de nous affronter de manière stérile avec des stéréotypes : « vous, vous êtes le maire, tout ce que vous faites, c’est pas bien, et moi je suis le chef de l’opposition, vous allez me dire, vous n’avez que de mauvaises idées » Nous allons essayer de travailler ensemble. Et c’est comme cela que notre agglomération s’est redéveloppée et c’est ce qu’il faut porter maintenant pour notre nation. Unir nos forces, travailler ensemble, regrouper autour de nous !

Alors aujourd’hui, c’est ce que nous essayons de faire. Le précédent gouvernement – j’essaie d’être objectif - n’a pas fait que des choses mauvaises. Lorsqu’il a créé par exemple, le CICE, décrié au sein du parti socialiste, au point que lors du dernier congrès, dans la résolution, on a failli barrer le CICE et le pacte de responsabilité. On voit aujourd’hui ce que cela donne. Cela donne la création de 380 000 emplois sur la dernière année. Mais ces décisions là, elles ne prennent d’effet qu’avec le temps. C’est pour cela que c’est dès le début d’un quinquennat, qu’il faut porter des grandes mesures de transformation, même si dans l’opinion publique cela peut créer quelques difficultés, parce que les difficultés, il vaut mieux les affronter au début qu’à la fin d’un quinquennat. Je le sais, comme maire. Les décisions dures que vous avez à prendre, il faut les prendre dès le début parce que vous en récoltez les fruits à la fin de votre mandat.

Je suis de ceux qui pensent que d’un point de vue économique, quand nos entreprises avaient vu au plus bas de leur marge, leurs bénéfices, descendre marge de 28%, quand l’Allemagne dans le même temps était à 40%, évidemment c’était un problème parce qu’elle ne pouvait plus investir, et donc que notre industrie, en particulier nos PME, nos ETI, prenaient du retard par rapport à ce qui se passait de l’autre côté du Rhin. Et moi, je suis de ceux qui aujourd’hui soutiennent les réformes que l’on porte d’un point de vue économique parce que on le voit bien, depuis le CICE et le pacte de responsabilité à nouveau il y a de l’investissement, à nouveau y compris on porte des créations d’entreprises industrielles alors qu’on avait perdu 700 000 emplois dans l’industrie au cours des dix dernières années et que faute d’avoir investi, on le voit bien, lorsqu’il y a une reprise de la consommation, notre commerce extérieur plonge immédiatement. Parce que ce que nous achetons, vous le savez, nos téléphones portables, etc, nous n’en produisons plus que dans les nouvelles technologies, nous avons pris un temps de retard, et que si nous continuons comme ça, nous allons sortir de la visibilité du monde. Nous ne pourrons avoir pour notre pays que des gens qui sont au chômage, 3 500 000 personnes aujourd’hui ou des gens avec un tout petit pouvoir d’achat. Et nous, nous voulons réduire le chômage. Parce que, autrement, nous irons à la catastrophe, et surtout redonner du pouvoir d’achat aux salariés. Et je crois que nous allons réussir.

Le troisième élément que portait François lors de ses campagnes, c’est la nécessité de prendre en compte la sécurité. Bien évidemment, au problème d’insécurité, il y a des réponses de fond.  Le déséquilibre de notre société n’y est pas pour rien. Avant d’être maire de Lyon, j’étais maire d’un arrondissement où il y avait un quartier des années 60 qui s’appelle La Duchère. Je siégeais à l’époque dans les conseils d’administration des offices HLM et je voyais les ressources des gens qui baissaient d’année en année. Parce que le quartier se paupérisait. Je suis de ceux qui pensent qu’il ne peut pas y avoir une société qui fonctionne bien si nous n’avons pas de la mixité sociale. Aujourd’hui, la fracture sociale est d’abord une fracture territoriale, entre certains territoires de nos villes qui se paupérisent et se ghettoïsent, quand certains connaissent une dynamique. Entre des fractions de notre pays où certains sont dans la réussite, grand dynamisme de l’économie mondiale, et les autres ont le sentiment qu’ils sont dans une France en déclin. Ce sont ces fractures là que nous devons résorber. Mais comme ministre de l’Intérieur, je dois vous le dire, il faut résoudre les problèmes de fond. Il faut aussi savoir protéger nos concitoyens et assurer la sécurité quotidienne. Et sans doute, le jour où François Bayrou a, pendant une campagne électorale, gagner des points chez les électeurs, c’est quand un petit loubard était venu vers lui et il lui avait donné une petite claque. Les Français ils ont envie de temps en temps, que lorsque cela dysfonctionne, on soit capable de donner une petite claque. On la donne petite, mais ferme. Et cela montre qu’il faut se recadrer dans la société.

L’autre sujet, et qui est aujourd’hui essentiel, que nous portons ensemble - et Marielle de Sarnez l’a porté profondément – c’est le sujet de l’Europe. Nous ne réussirons pas si nous ne faisons pas l’Europe. Aujourd’hui, je ne prendrai que quelques exemples. Si l’on regarde d’un point de vue économique, dont je parlais, et plus précisément sur l’effort que nous faisons au niveau français sur la recherche et le développement. Nous investissons chaque année 54 milliards. Mais dans le même temps, les Etats-Unis investissent à peu près 480 milliards de dollars et la Chine en investit 360. Cela veut dire que si nous pensons que c’est à l’intérieur simplement de l’hexagone, que nous allons pouvoir résoudre les problèmes, nous nous trompons profondément. Par contre, si nous portons à l’intérieur de l’Europe, une Université, une recherche de l’innovation commune, alors nous redevenons la première puissance économique du monde et celle qui est capable de porter l’innovation. Je ne me résous pas à ce que les Gafa soient américaines et que Huawei  demain devienne en Chine un des premiers producteurs de technologie en Chine. Oui l’Europe doit se ressaisir et repartir de l’avant ensemble, pas dans la désunion.

Nous devons le faire sur le plan de la recherche, de nos universités, de notre économie. Nous devons le faire sur le plan diplomatique, sur le plan de la défense. Regardez ce qui est en train de se passer sur le front irako-syrien. La France s’est engagée assez fortement. Au moment où va se résoudre ce conflit, où se redécoupe les territoires, qui va tirer profit de cette crise et imposer sa façon de voir les partenaires, qui aujourd’hui influent ? Les Etats-Unis bien sûr, mais ils sont en train de se retirer de cette région du monde avec la politique isolationniste de Donald Trump. Mais c’est la Russie, puissante par son armée, ne reculant devant rien pour gagner. C’est la Turquie qui a joué un rôle important. C’est l’Iran. Et l’Europe, elle est où au moment où vont se résoudre les évènements ? Nulle part. Et je crois pourtant que nous avons à porter là un certain modèle. Sur le plan diplomatique, nous devons le porter comme a dit le président dans une Europe de la défense, parce qu’aujourd’hui nous ne pourrons construire une défense à l’échelle du monde que si nous savons nous unir. Aujourd’hui, la France est partout. En a-t-elle les moyens ? Je crois que sur le moyen et le long terme, non. Il faut que nous puissions porter un effort de défense commune.

Enfin, je crois à l’Europe, parce que c’est un creuset de l’histoire de nos valeurs démocratiques. Elle est née – et c’est notre culture commune - à Athènes. Elle s’est ensuite prolongée au XVIème siècle, lors de la renaissance, dans les grandes villes européennes. C’est là que sont nés à la fois le goût de la beauté artistique, la culture, la philosophie, et finalement l’humanisme qui est le tronc commun de notre Europe. Lorsque l’on voyage à travers le monde, on sent que les valeurs humanistes que nous portons ne sont pas forcément celles de toutes les civilisations. Elles ont leur puissance, elles ont leur beauté, leur originalité. Mais je pense que la nôtre doit pouvoir continuer à s’affirmer dans ce monde où nous portons une certaine vision de l’homme depuis des siècles et qui s’est forgée à travers les épreuves, qui a fait que le couple franco-allemand, après s’être longtemps combattu, aujourd’hui est capable – je l’espère – de se réunir pour porter cette vision là de l’Europe. C’est celle de socio-réformistes, c’est celle des chrétiens démocrates. Et je pense que pour les prochaines élections européennes, il faut pas que nous portions des préoccupations nationales voire régionales, mais un grand projet européen, et que c’est comme cela que nous gagnerons.

Mes chers amis, je dirai simplement un mot sur la façon dont je conçois, comme ministre de l’Intérieur, l’équilibre entre l’Etat et nos territoires. Jacqueline en a parlé tout à l’heure. La France, on le sait s’est construite sur un modèle jacobin. Mais où tout était hiérarchisé. Je viens de Pontivy ce matin avec une maire MoDem- on peut l’applaudir. Pontivy a été construite par Napoléon. C’est au moment où il pensait qu’il pouvait y avoir un blocus de la part de l’Angleterre et qu’elle pouvait venir envahir. Il fallait créer au centre de la Bretagne une ville qui permettrait de résister. Et sur le modèle napoléonien, centralisateur, on a créé cette ville. Ça, c’était l’époque napoléonienne mais le monde il ne fonctionne plus maintenant. Il est fait à la fois du haut et du bas. Et c’est dans l’articulation entre le haut et le bas que l’on pourra reconstruire aussi la France d’aujourd’hui. Tu parlais du discours des collectivités locales. Si on a pris la décision, alors qu’on voulait réduire la dette, de ne pas le faire en baissa nt les dotations aux collectivités locales, mais en demandant un effort de baisse par un pacte que l’on signerait avec elle de 13 milliards d’euros, c’est parce que justement, je pensais et nous pensions que l’on devait pouvoir faire aller de pair l’action de l’Etat et l’action de collectivités locales. Que dans ce que je porterais comme ministre de l’Intérieur, je demanderais aux préfets de pouvoir avoir une vraie force sur le terrain – la force de l’Etat -  mais de comprendre qu’en face d’eux, à côté d’eux, il faut des collectivités locales fortes, qui aient les moyens d’agir. Et que c’est la force conjuguée des deux, à la fois l’Etat mais les territoires, qui nous permettra de repartir de l’avant. Je pense qu’aucun territoire n’est condamné qu’à condition de pouvoir porter ce qu’est l’innovation partout. Je suis de ceux qui pensent que là où nous avons une grande ville, une grande métropole, il faut construire autour d’elle,  faire en sorte qu’on porte la diffusion des richesses, de l’innovation dans ces territoires. Que là où il n’y en a pas, nous ne devons plus avoir un modèle uniforme sur tout le territoire mais adapter une volonté nationale avec sa conjugaison dans les réalités socio-économique locales qui sont évidemment totalement différentes suivant nos territoires. C’est l’action conjuguée et de l’Etat et des collectivités locales dans leur diversité qui nous permettra de réduire cette fracture qui aujourd’hui est en train de miner la France et fait qu’il y a une incompréhension totale. D’un côté, on dit que les métropoles sont égoïstes, de l’autre côté, on dit que le France rurale n’existe pas. Maintenant, ce sont les deux ensembles qui peuvent exister et qui peuvent faire que notre pays retrouve une nouvelle vigueur surtout que nos concitoyens retrouvent une confiance dans leur avenir.

Voilà chers amis,  quelques idées qu’il faut que nous portions ensemble. C’est pour cela qu’avec François, nous avons fondé ce pacte de confiance entre nous. C’est pour cela qu’avec Marc Fesneau – et ce ne fut pas toujours facile - il nous fallut des journées de discussions. Nous avons voulu que ce pacte de confiance se traduise dans les élections législatives.  Il fallait qu’il y ait une force du MoDem qui au parlement soit une force puissante. Je regrette que dans un certain nombre de circonscription, nous n’ayons pas pu aller plus loin. Mais je dois dire que nous avons quand même au cours de longues journées, de longues soirées, porté ensemble ce modèle qui nous a fait gagner les législatives. Et je me permettrai d’avoir une petite pensée pour notre ami Michel Mercier, qui a participé à ces discussions. Pour dire que je trouve que ce qu’il lui arrive aujourd’hui est profondément injuste et qu’il le doit peut être aux convictions qu’il a défendues. Parce que s’il n’avait pas défendu ces convictions là, personne ne serait allé lui chercher des histoires. Il serait au Conseil Constitutionnel et il a sans doute sacrifié le Conseil Constitutionnel à la défense des valeurs profondes et des convictions qu’il portait.

Voilà chers amis, j’ai confiance dans l’avenir. Je crois que nous allons gagner – quand je dis « gagner », nous avons gagné – mais véritablement gagner, c’est transformer la France, c’est transformer la vie quotidienne de nos concitoyens. Je veux que dans cinq ans, dans ce pays, chacun et chacune puisse se dire : « Oui, je vis mieux qu’il y a cinq ans. Oui la France est plus forte. Oui, parce qu’elle a su se transformer. Elle a été capable aussi de porter un projet en Europe. Et que l’Europe a gagné en souveraineté dans le monde, en capacité d’affirmation de ses valeurs qui nous sont communes.  Mesdames et Messieurs, ensemble nous allons gagner pour la France et pour l’Europe ! Merci.

 

 

 

 Seul le prononcé fait foi 

 

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