Dix ans après sa mort, "Massoud manque terriblement à son pays"

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Le Général Philippe Morillon, ancien député européen du Mouvement Démocrate et responsable de la mission d'observation de l'UE pour les élections en Afghanistan en 2009, rend hommage au Commandant Massoud, dix ans jour pour jour après son assassinat.

Comment avez-vous appris l'assassinat du Commandant Massoud ? 

Général Morillon : C'est un des fidèles de Massoud, Mehrabodin Masstan, à l’époque ambassadeur à Paris, qui m'apprit la nouvelle, il y a dix ans jour pour jour. Je m'en souviendrai toute ma vie. "Le chef est mort", m'annonça-t-il. Nous n'avons pas osé annoncer tout de suite la nouvelle aux moudjahidin, de peur que le moral des résistants ne s'effondre. Officiellement il n'avait été que blessé. L'information resta secrète 48h, jusqu'aux attentats du 11 septembre. 

Quels étaient vos liens avec Massoud ? 

Nous étions liés d'une amitié personnelle. Je lui avais rendu visite dans le Panchir, en 2000, puis il était venu au Parlement européen où il avait été reçu avec tous les honneurs dus à sa personnalité. Ça n’avait malheureusement pas été le cas à Paris, le pouvoir de l’époque jouant, comme un peu trop souvent, à la realpolitik et refusant de se mettre à mal les talibans. 

Dix ans plus tard, quel regard portez-vous sur cet assassinat et la situation en Afghanistan ? 

Je suis de ceux qui considèrent que Massoud manque terriblement à ce pays. Le Mollah Omar ne s’était pas trompé lorsqu’il avait demandé sa tête. Je ressens donc un profond regret. Massoud compte toujours un certain nombre de partisans qui s’emploient aujourd’hui à animer une opposition au régime du président Karzaï. Je suis resté en relation avec ces gens là. J'ai même passé plusieurs mois à Kaboul, lors des dernières élections présidentielles. J'y ai vivement dénoncé les fraudes qui les avaient accompagnées. 

Face à constat en demi-teinte, quelles sont les perspectives du pays ? 

Je souhaite que les négociations et les opérations en cours permettent le retrait des forces internationales dans les deux ans, sans pour autant que les Talibans reviennent au pouvoir. Il faut laisser aux Afghans le choix de leur destin. Je suis pour ma part convaincu qu'ils sont vaccinés contre la stupidité du régime des Talibans et qu'ils ne sont pas prêts de retomber sous la coupe de cette caricature de l’Islam, dont ils ont souffert pendant neuf ans, de 1992 à 2001. J’espère que les conditions s'amélioreront pour permettre cette prise en charge des Afghans par eux-mêmes. En attendant, les hommes qui tombent, trop, tous les jours même, ne tombent pas pour rien. La mission qu’ils accomplissent là-bas est nécessaire. 

Vous appartenez à la Fondation Massoud. Pouvez-vous nous dire quelques mots à son propos ? 

Elle est présidée par le frère aîné du Commandant. Je l'ai rejoins dès sa création et je lui ai cédé l'ensemble des droits d'auteurs de mon livre Le testament de Massoud. Elle oeuvre à la reconstruction. Elle a créé beaucoup d’hôpitaux, d’écoles, d’universités. Elle entretient la tombe de Massoud et est à l'initiative d'un musée qui lui est consacré. 

Photo : le Général Philippe Morillon aux côtés du Commandant Massoud, dans la Vallée du Panchir, juin 2000.

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