"Emmanuel Macron défend un projet pour la France avec une très grande volonté !"

Cinq jours séparent désormais les Français de leur rendez-vous avec les urnes. C'est avec conviction que François Bayrou défend le projet d' E. Macron au micro de Ruth Elkrief, rappelant la volonté et la détermination du candidat d'En Marche ! de convaincre et de rassembler le pays autour de ce dernier.

Juste un mot, concernant les policiers dont on a vu les images il y a quelques minutes, qui ont été grièvement blessés hier par des cocktails Molotov... Quand on regarde ces images, on se dit : le prochain va-t-il être à la hauteur pour supprimer ce type de violences ?

Cela sera en tout cas sa mission. Depuis des années, il y a des petits groupes extrêmement violents qui sont là uniquement pour détruire, casser, blesser… Et qui se saisissent de toute occasion de manifestation pouvant ainsi offrir terrain d’affrontement.

Quelles garanties donne E. Macron dans ce domaine-là ?

La garantie d’être implacable. De n’avoir aucune espèce d’indulgence ni de laxisme à l’égard de cela. La garantie d’avoir des services de renseignement intérieur entièrement dirigés vers ces violences ; il y a les violences terroristes, liées au fondamentalisme et celles-ci, liées à une volonté de détruire et de brûler ! On parle d’anarchisme, mais le mot approprié est celui de nihiliste et de destruction. C’est cela la vérité. De ce point de vue, toutes les forces républicaines doivent avoir cela comme loi : ne rien céder, ni se diviser.

A cinq jours du second tour de l’élection présidentielle, 59 % des intentions de vote sont en faveur d’E. Macron, contre 41 % pour M. Le Pen : il y a une baisse. Ce soir, nous apprenons qu’une partie des militants des Insoumis de J-L. Mélenchon décide au 2/3 de voter blanc ou de s’abstenir et seulement 1/3 votera pour E. Macron. Trouvez-vous que cette campagne soit plus rude qu’elle ne devrait l’être, même s’il est favori ?

La bonne réponse est la détermination. Tous les sondages sont au même niveau, aux alentours de 60%/40%. Je n’ai jamais cru à la précédente enquête, qui évoquait 65%/35%. Tout est-il joué ? Sûrement pas ! Faut-il se comporter avec l’idée que l’on est au bout de la campagne ? Je ne crois pas !

N’est-ce pas l’impression qu’a donné E. Macron, c’est-à-dire d’enjamber le 2e tour ?

Je ne le crois pas. Si quelqu’un l’a cru, il a eu tort. Ce qu'E. Macron a montré à Amiens, à Whirlpool, dans ses meetings successifs - hier encore à Paris -  et dans les émissions, c’est au contraire une grande détermination. Une très grande volonté de défendre un projet pour la France, radicalement contraire à ce que défend Mme Le Pen, qui est un projet contre la France. Un projet contre ce choix d’un pays qui assume ce qu’il est, qui assume son histoire et qui saisit toutes ses capacités pour affronter l’avenir, en sachant que le monde ne nous attend pas. Le monde n’est pas quelque chose dont on pourrait s’isoler en construisant des barrières ou des murs ! Même Trump – que Mme Le Pen adule - n’y est pas arrivé. Il avait annoncé qu’il allait interdire à 7 pays musulmans l’entrée aux USA. Qu’a-t-il pu faire ? Rien ! Tout ceci participe d’un immense mensonge pour gagner les voix des électeurs et leur faire croire à l’impossible. Au bout du chemin, ce sont les électeurs qui sont grugés !

Ecoutez Nicolas Bay pour le Front national et Eric Coquerel pour les Insoumis, qui seront les deux fronts qu’il faudra convaincre si E. Macron est élu… (extrait) Il serait le représentant des puissances d’argent… Et en même temps, il faudrait qu’il n’utilise pas le 49.3 ni les ordonnances. Peut-il répondre à ces demandes ?

Non seulement il le peut, mais il le doit ! L’enjeu, s’il est élu, c’est de lever toutes ces interrogations ! On voit bien se mettre en place les 2 fronts : d’un côté, une extrême gauche qui aura absorbé pour partie le PS, dans son aile « frondeur ». De l’autre côté, une extrême droite qui occupe un terrain important. Les 2 fronts jouant sur les difficultés qu’on rencontre dans le pays.

N’est-ce pas le terrain que M. Le Pen a imposé depuis le début de cette campagne ? Ces accusations répétitives de l’image du banquier, de l’image de l’homme d’argent, mondialisé…

Je n’entrerai pas dans ce jeu. Je ne juge pas la candidate, la campagne, les phrases. Je juge une seule chose : le poison que porte le projet de M. Le Pen. Je suis déterminé à écarter ce poison. Ce qu’elle annonce pour notre pays, de manière de plus en plus chaotique, est mortel. Elle dit : on sort de l’euro, et on recrée le franc. Maintenant, elle dit : on aura le franc d’un coté, l’euro de l’autre. On aura une situation dans laquelle en réalité les gens auront un franc qui se cassera la figure tous les jours, et un euro qu’ils essaieront d’acquérir pour maintenir leurs économies. Pour les entreprises par exemple, pour les agriculteurs : ils vont payer leurs salariés en franc, mais devront acheter leurs engrais en euros. Croyez-vous cela sérieux, responsable et raisonnable pour un pays d’avoir une proposition aussi dingue ? Cela veut dire que les retraites et les salaires baisseront tous les jours. Leur pouvoir d’achat baissera tous les jours. Cela veut également dire que les investissements pour les entreprises - dont on a besoin - fuiront la France, faute de stabilité ! On ne pourra pas prévenir l’avenir ! C’est pire que ce qui s’est passé en Grèce ! M. Tsipras, le Premier ministre Grec, a pensé à faire cela, puis il y a renoncé, tout contestataire de l’Europe qu’il est.

Tout européen fervent que vous êtes, vous ne pouvez pas ne pas reconnaitre les frustrations et les insatisfactions qu’apporte l’Europe aujourd’hui, telle qu’elle est vécue par les Français en partie ? Pourquoi E. Macron serait meilleur dans ce domaine-là que ses prédécesseurs ? Pourquoi convaincrait-il mieux A. Merkel de faire un certain nombre de concessions ?

Parce qu’il aura compris. Nous défendrons avec lui une idée simple : si l’Europe ne marche pas, c’est parce que les dirigeants nationaux ne sont pas à la hauteur. Toute décision européenne sans exception est prise par les chefs d’Etat et de gouvernement. Une deuxième chose : le problème de l’Europe, c’est que les citoyens ne sont pas informés de ce qu'il s’y passe et de ce qu’on y fait. C’est pourquoi je m’étais distancé du Traité de Lisbonne, c’est-à-dire de cette espèce de rattrapage que l’on a fait du référendum perdu en 2005. Pour moi, c’est très simple : un pays comme la France ne peut pas vivre isolé. Sinon, on le met à bas. Je n’accepterai pas cela. Ensuite, la France a la responsabilité et le devoir de faire que l’Europe devienne une Europe compréhensible et forte.

On l’a toujours dit, chaque candidat nous dit cela. Il arrive et tout ne se passe pas comme prévu.

J’affirme qu’aucun des présidents de la République récents n’a expliqué ce qu'il se passait dans le cadre européen. On a eu cette terrible crise de la Grèce, qui a fini, comme on le sait, par le fait que ce pays accepte d’entrer dans un certain nombre d’efforts. Yanis Varoufakis, qui était le modèle de Mélenchon, a dit que le seul ministre les ayant aidés, c’est E. Macron. Cela veut dire quelque chose ! Pendant cette crise, pas une fois le président F. Hollande n’est venu devant les Français expliquer ce qu’il se passait. Tous les Français en parlaient au bistrot, étaient inquiets de l’évolution des choses…

S’il est élu, E. Macron fera la pédagogie de l’Europe ?

J’insisterai, en tout cas autant que je puisse avoir de l’influence.

Justement, quelle influence avez-vous auprès de lui ? Nous sommes à 5 jours du 2nd tour… M. Le Pen a donné le nom de son 1er ministre éventuel, Nicolas Dupont-Aignan, vous avez commenté son ralliement…

J’ai résisté à l’éclat de rire…

Effectivement, vous connaissez N. Dupont-Aignan, vous avez ironisé là-dessus ! Mais en même temps, de la part des Français, il y a peut-être une question aujourd’hui : quels seront les membres du gouvernement d’ E. Macron ? Qui sera son 1er ministre ?

Puis-je vous poser une question, vous qui êtes une observatrice attentive et expérimentée de la vie politique française ? Parmi tous les présidents de la République élus…

Je sais ce que vous allez me dire ! E. Macron vient avec un nouveau parti, une nouvelle offre, du coup, il y a plus d’interrogations. Allez-vous être le 1er ministre d’E. Macron ?  

Si vous voulez jouer à ce jeu, je crains que vous alliez jouer sans moi ! La nomination du Premier ministre par le président n’est pas le résultat d’un marchandage. C’est une décision qu’il doit prendre seul.

L’a-t-il prise, cette décision ?

Je n’en sais rien, je n’en ai jamais parlé avec lui, car je respecte le rôle, la mission, la dignité du président de la République élu. C’est quand il entre en fonction que le président de la République prend sa décision de manière profondément personnelle. Il faut qu’il y ait une entente profonde entre le président de la République et le Premier ministre qu’il nomme. A ce titre, l’annonce bizarre, « combine » que Mme Le Pen a fait avec N. Dupont-Aignan est le contraire de ce que fait le président de la République. Si l’on va choisir quelqu’un simplement parce qu’il a fait 4% des voix et qu’on estime qu’il peut vous en apporter, c’est le contraire de la Ve République. La Ve République impose qu’il y ait un pacte de confiance profond entre le président élu et le Premier ministre, car ils vont devoir, ensemble, l’un à la tête du pays, l’autre à la tête du gouvernement, porter l’action publique !

J’ai l’impression que vous définissez bien le rôle…

Oui, car je connais bien les institutions... Et j’ai été candidat en ayant une idée bien précise de ce que la fonction devrait être !

Dernière question : les Républicains ont désigné F. Baroin pour mener la campagne des élections législatives et espèrent gagner cette élection, avoir une cohabitation avec le président élu, quel qu’il soit. Qu’en pensez-vous ?

Et bien, vous voyez qu’on a la exactement le contraire de ce que je définissais à l’instant comme Vème République. La proposition qu’ils vont faire aux Français, c’est d’empêcher E. Macron de gouverner ! Vous avez une élection présidentielle, les Français élisent un président de la République en mettant sur lui beaucoup d’espoir et en faisant poser sur ses épaules une charge importante. Et voilà un parti qui a été battu, qui dit : « Moi, je vais vous proposer d’empêcher le président de présider. » Et ce parti se dirait gaulliste ?! Il y a là, pour moi, comme une interrogation profonde, et comme un doute ! Pour répondre à la question de la majorité, je suis sûr que les Français, une fois qu’ils auront élu le président de la République, 5 semaines après, lui donneront les moyens de gouverner. Ils sont assez cohérents et assez logique pour cela.

Avec son seul mouvement En Marche ! ou avec une coalition, avec vous, le MoDem et d’autres personnalités ?

Avec nous, c’est un engagement. J’espère qu’il y aura la majorité la plus large possible ! A mes yeux, il y aura des candidats soutenus par la majorité présidentielle nouvelle dans toutes les circonscriptions et j’espère que l’on pourra ensuite élargir à d’autres, disposés à participer à l’action commune.

En quittant leur parti ?

Vous parlez de l’intérieur de la majorité. Je ne sais pas quels seront les modes de relation. Ce que je sais, c’est que l’engagement pris entre le MoDem et En Marche est que nous aurons les candidats les plus nouveaux présentés aux Français. Pas de recyclage. Nous aurons 50% comme l’a dit E. Macron - moi, je crois que cela sera plus – de candidats qui seront une proposition nouvelle, afin qu’il y ait un renouvellement de ceux qui ont les responsabilités et des têtes politiques.

 

 

 

 

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