"Face à la menace terroriste, je pense à tous ces femmes et hommes qui assurent notre sécurité au quotidien"

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A la suite de l’attentat terroriste survenu hier à Paris, Marielle de Sarnez a tenu à exprimer sa solidarité avec les forces de l’ordre. Au micro de LCP, la vice-présidente du MoDem a ensuite rappelé l’impérieuse nécessité d’augmenter les moyens de notre sécurité et de notre défense, ainsi que d’avancer vers davantage de coopération européenne.

Un attentat terroriste a été commis hier soir sur les Champs Elysées, à trois jours du premier tour de l’élection présidentielle. Votre réaction tout d’abord ? 

Ma première pensée va évidemment à la victime et à sa famille, ainsi qu’aux policiers qui ont été blessés, dont celui qui a été blessé gravement. Et ma deuxième pensée va vers toutes ces femmes et tous ces hommes qui assurent la sécurité des Français sur le terrain : les policiers, les gendarmes, les militaires. Je pense aussi aux services de renseignement. Je crois qu’on ne pense pas assez à eux. Ils sont vraiment en première ligne dans un combat, dans une guerre que nous menons contre le terrorisme, et dans un climat de menace – la menace, nous l’avons vu hier, est toujours là. Je voudrais vraiment penser à eux ce matin. Et après il faut parler des solutions que nous devons apporter.

On va en parler mais, d’abord, est-ce que ça peut avoir un impact sur cette élection présidentielle ?

Je pense que les choses sont à peu près figées. J’ai le sentiment, moi, que nos concitoyens ont fait leur choix ces derniers jours, depuis le week-end de Pâques. Que les choix sont, comme on dit, cristallisés. En tout cas c’est ce que nous montrent les sondages et c’est aussi ce que je sens. 

Au moment de l’arrestation à Marseille de deux personnes susceptibles de commettre un acte terroriste il y a deux jours, Emmanuel Macron avait souhaité que la nation se rassemble face à la menace terroriste. Est-ce qu’il n’y a pas un peu d’angélisme de la part du candidat d’En Marche ?

Si vous n’êtes pas rassemblés, vous n’avez aucune chance de vaincre le terrorisme. Le terrorisme, c’est d’abord une guerre qu’il faut mener avec des armes, c’est-à-dire des services de renseignement, une police et une défense avec des moyens supplémentaires. C’est un point extrêmement important, c’est d’ailleurs ce que propose Emmanuel Macron : augmenter le budget de la défense et augmenter le nombre de policiers. Et puis, pourquoi est-ce que Daesh frappe comme ça à quelques jours de l’élection présidentielle ? C’est pour déstabiliser un peuple, une démocratie, une manière de vivre, notre mode de vie. Donc, la meilleure des réponses, après la lutte contre le terrorisme et la lutte contre ce qui fait le terrorisme – peut-être que l’on dira deux mots de ce qu’il se passe en Irak et en Syrie aujourd’hui autour de Daesh – c’est évidemment un peuple uni. La solidité de la réponse morale est importante aussi, après les moyens dont je viens de vous parler, qui à mon sens doivent être renforcés autant que faire se peut. Ajoutons aussi, nous l’avons vu dans la revendication, la question de la coordination entre les différentes polices européennes et entre les services de renseignement européens, c’est vital. Cette menace est une menace pour la France, mais c’est aussi une menace pour l’Europe. Nous l’avons encore vu il y a quelques jours, quelques semaines. Nous n’y arriverons que si nous sommes plus unis. Cela veut dire une Europe de la défense, une Europe du renseignement, une coopération policière renforcée de tous les instants. Evidemment, cela passe aussi par davantage d’Europe. 

Est-ce qu’il faut revoir quand même Schengen ? 

Il faut la plus grande vigilance. Mais celui qui a frappé cette nuit, il est né en France, il n’a pas franchi de frontière. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas, évidemment, des frontières qui soient contrôlées. Toutes les grandes puissances du monde, je pense particulièrement aux Etats-Unis, ont des frontières qui sont contrôlées. Donc, on doit avoir davantage de coopération et on doit maîtriser ceux qui rentrent et ceux qui sortent.

Donc un contrôle ?

Evidemment qu’il faut un contrôle des frontières européennes. Et, quand il le faut, des frontières nationales, les textes le prévoient. On peut avoir les deux. Je pense notamment à la question des djihadistes qui seront de retour. Il faut évidemment que l’on essaie de faire en sorte que personne ne passe entre les mailles du filet. Mais ne faisons pas croire que tout vient de l’extérieur. Quelques fois ça vient aussi de chez nous. Donc, oui il faut renforcer tous les moyens de la lutte contre le terrorisme et en particulier le renseignement.

Et il faut renforcer les frontières françaises ou européennes ?

Les frontières de l’espace Schengen doivent être maîtrisées. On doit contrôler qui sort et qui entre. Et, en tant que de besoin, oui, on peut contrôler les frontières nationales.

On va parler du MoDem qui a rejoint Emmanuel Macron.

Pardon, je comprends très bien que l’on continue sur la campagne telle qu’elle est, c’est important de le faire. Mais enfin, il faudra aussi que le prochain président – je souhaite que ce soit Emmanuel Macron, et je crois que ce sera lui – mette tous les moyens en place, pas seulement pour améliorer la lutte contre le terrorisme chez nous, en France et en Europe, mais aussi pour lutter contre ce qui fait le terrorisme. C’est l’engagement de la coalition internationale.

Il dit qu’il faut en finir avec la guerre en Syrie et en Irak. 

Oui, c’est notre engagement dans la coalition internationale pour mettre fin à Daesh, avec tous les alliés régionaux que nous avons là-bas, qui ont des troupes au sol. Il faut continuer. Et en même temps, nous devons travailler à des solutions de sortie politique et de stabilisation de la Syrie. Cette guerre civile syrienne nourrit le terrorisme. Donc il faut agir sur les deux points en même temps : la lutte implacable contre Daesh, qui est en train de se faire par exemple à Mossoul – d’ailleurs c’est peut-être parce que Daesh recule qu’ils viennent frapper en Europe – et c’est aussi en même temps  travailler à une issue politique et diplomatique en Syrie avec tous les alliés régionaux, de l’Arabie Saoudite au Liban et à la Turquie, pour qu’il y ait une transition politique et surtout pour que la Syrie se stabilise à nouveau. Parce que l’instabilité de la Syrie nourrit Daesh.

Alors on revient à la campagne nationale et au MoDem, qui a rejoint Emmanuel Macron. François Bayrou ne s’est pas beaucoup affiché aux côtés du candidat d’En Marche. Est-ce que vous pensez que cette alliance est totalement assumée dans le camp d’Emmanuel Macron ?

François Bayrou passe son temps, je pense, avec Emmanuel Macron. Il a fait un meeting avec lui à Pau, dans sa propre ville. Mais c’est normal, ce n’est pas lui qui est candidat à l’élection présidentielle, c’est Emmanuel Macron. C’est bien normal que ce soit Emmanuel Macron qui tienne les meetings et fasse les rassemblements.

Ce n’est pas un obstacle ?

C’est un plus fondamental. Je ne vais pas revenir sur tout cela, car cela apparaît dérisoire par rapport aux événements survenus hier soir. Mais quand François Bayrou a rejoint Emmanuel Macron, tous vos collègues ont pu constater qu’on a apporté beaucoup à Emmanuel Macron. Pas seulement en points, aussi en dynamique. Je crois en la capacité et l’expérience de François Bayrou. Ils s’entendent tous les deux parfaitement bien et je pense que son rôle avec lui est important. Mais chacun a sa place. Il n’y a pas de tandem, il n’y a pas de duo dans la Vème République. Mais tout ce que nous pouvons apporter à Emmanuel Macron, nous le faisons.

Il n’y pas de ticket Emmanuel Macron – François Bayrou ?

Il n’y a pas de ticket et c’est bien ! Il n’y a pas de ticket à l’élection présidentielle, vous votez pour un homme. Je pense que les Français feront le bon choix en votant Emmanuel Macron parce que c’est le choix d’une solidité, d’une énergie pour agir, d’une énergie pour faire. C’est enfin tourner la page sur toutes les impuissances publiques que nous connaissons dans notre pays depuis 10 ans, 15 ans, 20 ans. C’est le choix de l’avenir. Si la France se dote de ce président jeune, c’est quelque chose qui nous permettra non seulement de nous unir, de nous rassembler, d’avoir de l’énergie, et vraiment on en a besoin, y compris pour lutter contre les menaces. C’est enfin regarder l’avenir en face.

Est-ce que vous avez pesé sur les programmes ?

Nous parlons de tout mais il ne s’agit pas de peser. Nous ne sommes pas dans une confrontation. Il s’agit de participer à une équipe à un moment crucial où l’on pose la question du redressement du pays. C’est arriver à sortir le pays des difficultés où il se trouve, de l’ensemble des difficultés, et enfin redonner un espoir aux Français. C’est bien cela la question.

Vous pouvez gouverner avec Robert Hue, Alain Madelin, Dominique de Villepin… ? 

C'est une caricature sans fin ce que vous êtes en train de faire là. C’est formidable qu’il y ait plus de Français et de Françaises, d’où qu’ils viennent, de la gauche et de la droite, du centre ou de nulle part ou d’ailleurs. Plus il y a de Français qui se rassemblent, plus Emmanuel Macron sera fort, plus la France sera forte demain. Après il y a la majorité future, si les Français font confiance à Emmanuel Macron. Cette majorité présidentielle future, elle sera cohérente. Elle sera ce bloc central que les Français appellent de leurs vœux depuis longtemps. Elle sera pro-européenne, pour la liberté en économie, pour la solidarité… Elle sera d’une grande cohérence. Quand je vois, dans ces temps troublés, dans ces temps de menaces, des soutiens de la qualité de Jean-Yves Le Drian d’un côté, de Dominique de Villepin de l’autre, qui a annoncé ce matin son soutien, cela me réjouit. Je pense que c’est bon pour la France, que c’est bon pour le pays. Ce sont des personnalités de premier plan. Dominique de Villepin c’est le discours sur l’Irak, c’est la question de cette indépendance forte de la France. 

Il n’était justement pas pour l’intervention en Irak… Ce qui ne correspond pas trop à la politique internationale qu’entend mener Emmanuel Macron.

Il y a une coalition internationale et nous en faisons partie. Dominique de Villepin est évidemment sur la même position, sans cela il ne soutiendrait pas Emmanuel Macron. Ce sont des soutiens qui renforcent cette autorité future du futur chef de l’Etat.

Est-ce que c’est incompréhensible que le MoDem ait conclu de nombreuses alliances avec la droite et notamment aux régionales, en Ile-de-France, et que aujourd’hui vous souteniez Emmanuel Macron, qui est l’adversaire des Républicains ? 

D’abord je crois qu’Emmanuel Macron dans cette élection n’est l’adversaire que de ce qui a fait la faillite du pays depuis 20 ans. Il n’est pas l’adversaire de partis ou de personnes. Cela serait ridicule de penser comme cela. J’ai des alliances que j’assume. J’ai des alliances avec Valérie Pécresse que j’assume. Je pense qu’il fallait un changement à la tête de la région, et c’était nécessaire et bon pour la région. Je pense qu’il y a beaucoup de républicains de droite avec lesquels nous nous retrouverons, parce que ce qui est à bâtir c’est le redressement du pays. Quand il s’agit de faire et d’opérer un redressement, c’est comme ce qu’il s’est passé en 1958 avec le Général de Gaulle. Il faut les rassemblements les plus larges pour sortir des difficultés dans lesquelles se trouve le pays.

Il n’y a pas de candidat MoDem à l’élection présidentielle. Est-ce qu’il y en aura un en 2022 ou est-ce que cela en est fini pour les élections présidentielles pour le MoDem ?

Déjà on va parler de cette présidentielle là. Je forme vraiment de tous mes vœux le fait que les Françaises et le Français fassent le bon choix dimanche prochain, c’est-à-dire le choix d’un rassemblement nouveau, d’une page nouvelle qui va s’écrire, avec la solidité, l’énergie et le courage d’Emmanuel Macron. Je crois qu’ensuite il faudra participer à ce redressement du pays. C’est cela qui m’intéresse.

Merci Marielle de Sarnez.

 

 

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