"L'alternance droite/gauche a échoué. Dimanche, choisissons l'avenir !"

Marielle de Sarnez était mardi 19 avril l’invitée de "Mardi Politique" sur France 24 et RFI. S'exprimant d'abord sur les risques terroristes qui pèsent sur notre pays, elle a appelé à une meilleure coordination européenne, avant de revenir sur les raisons de son soutien à Emmanuel Macron.

On commence avec cette information de la journée : l’attentat déjoué à Marseille, à 5 jours du premier tour de la présidentielle. La France reste donc une cible privilégiée, mais cette fois on monte en grade dans les cibles puisque ce sont les candidats à la présidentielle qui étaient apparemment visés, dont François Fillon.

Je crois que l’on ne sait pas précisément, à l’heure où l’on se parle. Mais en tous les cas ce sont les candidats. Tout d’abord je tiens à exprimer ma solidarité à leur égard dans ces temps qui sont des temps de tension. Il faut faire attention et il faut évidemment rester vigilant. On est dans des temps extrêmement difficiles, extrêmement lourds, à l’extérieur et à l’intérieur de notre pays, et donc il faut une grande fermeté civique et une solidarité civique. Il faut que la nation toute entière soit en cohésion et en cohérence.

Cela n’empêche pas les attentats…

Tout ce que l’on peut faire pour les empêcher, tout ce que la police fait, ce que les renseignements font, etc., c’est évidemment utile. Mais on ne peut pas tout empêcher.

Vous regrettez que la lutte contre le terrorisme n’ait pas été au cœur de cette campagne ? Evidemment que chaque candidat a fait sa conférence de presse sur les moyens de renforcer cette lutte contre le terrorisme, mais cela n’a pas été au cœur de cette campagne.

Moi je considère qu’Emmanuel Macron en a parlé beaucoup. Jean-Yves Le Drian, qui le soutient, aussi. La question de la sécurité est évidemment au cœur de cette campagne. La question de la sécurité de nos compatriotes, la question de la sécurité des Français, et la question de la sécurité à l’extérieur. Je pense qu’on en a parlé beaucoup et qu’il faut toujours améliorer les moyens pour lutter contre ces abominations. Il faut le faire en France et il faut le faire en Europe. Quand on veut une Europe forte, c’est aussi parce que ensemble, uni, on sera plus fort.

Pour le Front National, la fermeture des frontières est la solution. Pour vous aussi ?

D’abord cela sous-entendrait que tous ceux qui commettent des attentats viennent de l’extérieur. Ce n’est malheureusement pas juste. Il faut faire attention à ne pas caricaturer ou simplifier tout cela. Est-ce qu’il faut des frontières qui soient surveillées ? Oui, bien sûr. Il faut que l’Europe ait des frontières, comme les grands continents de ce monde, comme les Etats-Unis par exemple où l’on contrôle les entrées et les sorties. C’est absolument évident.

Emmanuel Macron dont vous soutenez la candidature s’est exprimé aujourd’hui. Il a dit « il faut prendre des actions fortes, des actions militaires en Irak et en Syrie. »

Il faut tenir notre rang dans la coalition internationale, dans la lutte contre Daesh qui est le premier visage de la barbarie -, il faut tenir aussi notre rang dans le processus de sortie de crise à terme en Syrie car on sait très bien que ce qu’a fait Assad cela nourrit cette instabilité. Tout ce que l’on pourra faire dans le sens d’une issue politique sera le bienvenu. Il faut aussi qu’on raffermisse notre politique ici en France, où l’on a de très nombreux services, avec des gens extraordinaires. Il faut une meilleure coordination de nos services de sécurité et de sûreté. C’est très important. C’est la proposition d’Emmanuel Macron de mettre une task force. Et il faut évidemment renforcer la coordination avec nos amis européens. C’est vital.

Aujourd’hui il écrit un communiqué sur l’ensemble des sujets : Irak, Syrie, renseignements intérieurs… mais c’est un peu vague. Est-ce qu’il serait l’homme de la situation face au terrorisme ?

C’est un défi pour le monde entier. Nous ne sommes pas nous, la France, le seul pays visé. Bien sûr qu’Emmanuel Macron sera à la hauteur. Il aura d’autant plus les épaules que, s’il est élu, il aura la confiance du pays, d’un pays rassemblé. Dans ces guerres contre la barbarie, qui sont des guerres difficiles et asymétriques, il faut un peuple uni car il est plus fort. Un peuple qui ne soit pas divisé mais rassemblé. Et en même temps il faut un sursaut civique. En des temps difficiles on parle de déstabilisation du monde – il faut que les peuples soient forts, ce comme cela qu’on avance. C’est comme cela que l’on se protège.

Un sursaut civique, cela paraît bien vague, cela veut dire quoi ?

Si vous avez une baguette magique, vous réglez toutes les questions, en particulier celle du terrorisme. Moi aussi j’aimerais énormément en avoir une. Je vous ai donné un certain nombre d’actions qu’ Emmanuel Macron propose, un certain nombre de directions vers lesquelles il avance lui et les gens qui le soutiennent. L’action de Jean-Yves Le Drian par exemple pour la sécurité des Français est une action qui mérite d’être remarquée, approuvée. Tout ce qui pourra se faire, devra l’être. Mais il faudra aussi que nous ayons plus d’Europe, cela est une différence avec d’autres candidats. Vous savez les observateurs étrangers, notamment européens, quand ils ont découvert que 10 candidats sur 11 étaient soit europhobes soit eurosceptiques, sont tombés de leur chaise. Tout le monde sait bien que face aux grands défis du monde, il faut un réarmement chez nous, à tous les sens du terme, mais également en Europe. On a vitalement besoin de cette Europe. On besoin d’une meilleure coordination pour la défense européenne. Nous le disons depuis des années. Et cela va se faire. Même ceux qui ont des doutes sur l’Europe, ils voient bien que la seule réponse à toutes ces incertitudes, tous ces moments extrêmement difficiles dans lesquels nous sommes, c’est plus d’Europe.

Les favoris du premier tour, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, s’effritent. Les positions sont fragiles.

Pas du tout. Les trois sondages de ce matin montrent qu’ Emmanuel Macron monte. Si c’était vrai, qu’il baissait vraiment, je vous le dirai « c’est vrai ». Mais cela n’est pas juste donc je pense que c’est très important dans une campagne présidentielle d’essayer de respecter les éléments factuels.

La position de favori est fragile. Marine Le Pen a choisi de revenir à ses fondamentaux, de cliver, sur l’immigration, l’identité... Emmanuel Macron reste lui sur son idée de rassemblement, pas de virage, ni à gauche, ni à droite. Est-ce une bonne stratégie ?

Oui, c’est la meilleure ! C’est la seule pour sortir la France des difficultés, du pétrin dans lequel elle se trouve depuis un certain temps. Tout ce qui s’est fait dans le pays depuis une vingtaine d’années, on ne peut pas dire que ce soit remarquable. Que ce soit la droite ou que ce soit la gauche. On voit bien, et c’est la chance de cette élection, que c’est la fin d’un cycle, la fin d’un système. Les deux partis, les deux dinosaures de la vie politique française, sont en fin de course. Il y a des clivages extrêmement lourds qui les traversent. Ce qui va émerger, si les Français font confiance à Emmanuel Macron, c’est enfin une majorité nouvelle au centre de la vie politique française, qui permettra de réformer le pays et de retrouver une cohésion pour le pays.

Avant tout cela, il faut arriver au premier tour. Il faut convaincre les indécis. N’est-ce pas une difficulté supplémentaire pour Macron de convaincre à la fois des électeurs de gauche et de droite, face à un François Fillon qui lui reste sur ses deux jambes et dit « les Français veulent l’alternance et surtout l’alternance à droite ».

Hier soir j’étais à Bercy, c’était le grand meeting d’Emmanuel Macron, énormément de monde, plus de 20 000 personnes. Il a fait un très beau discours, où il part de la génération d’aujourd’hui et repart vers celles qui ont reconstruit la France d’après-guerre, celles qui ont émancipé le pays. Tout cela pour dire la responsabilité de notre propre génération. En face des candidats comme François Fillon, ou les deux candidats des extrêmes, le seul vote vraiment utile est celui d’Emmanuel Macron. Il est doublement utile parce qu’il évite de voter pour une impasse, qui sont trois impasses en réalité.

François Fillon est une impasse ?

Une grande majorité de Français n’a plus confiance. Regardez tous les sondages de second tour qui le donnent battu par Jean-Luc Mélenchon, quasiment 50/50 avec Marine Le Pen... cela a un sens !

Mais il a un socle, qu’ Emmanuel Macron n’a pas…

Oui tant mieux pour lui, mais cela n’empêche pas son parti de faire siffler les siens tous les jours, cela n’empêche pas Christian Estrosi d’être sifflé par les gens de son parti à Nice, simplement parce qu’il fait référence à la Shoah… Dans quel état de décomposition, de division, se trouve la droite.

Quelle majorité pour demain ? D’un Manuel Valls à un Dominique de Villepin, en passant par les Centristes… A la première grande décision vous faîtes comment ? Cela ne se nourrit pas que de bienveillance.

J’ai confiance dans les Français. S’ils font confiance à Emmanuel Macron, ce nouveau président de la République française aura une majorité parlementaire de son bloc central. Les Français, s’ils lui font confiance pour les présidentielles, ils lui feront confiance pour les élections législatives, ils lui donneront une majorité pour agir. Les Français sont cohérents, ils voteront pour Emmanuel Macron, les plus nombreux possibles, au premier tour et au second tour, et ils voteront évidemment pour ses candidats aux élections législatives.

Est-ce que vous pensez vraiment que les Français peuvent adhérer au « on prend le meilleur de la droite et de la gauche et du centre ? » Est-ce qu’une coalition comme elle existe en Allemagne, est possible en France, où ce n’est pas dans la culture ? Est-ce que vous ne pensez pas que, comme au temps de Giscard, il y aura le réflexe de l’isoloir ? Que les Français vont retrouver leurs vieux réflexes.

C’est quoi « les vieux réflexes » ? Les Français n’en peuvent plus de ce qu’on leur baratine depuis des années. Si cela avait été efficace, les Français vivraient mieux après chaque alternance de droite ou de gauche. Si cela avait marché le tout à droite ou toute à gauche, cela se saurait. Cela a échoué lamentablement.

Le Bayrou ni droite ni gauche, cela n’a pas marché non plus…

17% en 2007, avec un UMP super fort et un PS super fort, c’était pas mal. On a défriché le terrain en 2007 avec François Bayrou. On a semé, et je pense que la récolte est en train de lever.

On a parlé de cette coalition…

Non c’est une majorité nouvelle.

Mais elle n’existe pas encore.

Et c’est génial ! C’est cela qui est formidable ! Ce n’est pas de refaire ce qui se fait depuis 30 ans, mais c’est de prendre un chemin différent, de reconstruire le pays.

Est-ce que le chemin différent cela veut dire prendre François Bayrou Premier ministre ? Il ne répond pas à la question…

Vous savez que l’on est encore dans un pays, et heureusement, où on est libre de nos réponses.

Il ne dit pas non en tout cas à la possibilité d’être ministre.

Ce qu’il dit c’est le bon sens. Il n’en a jamais parlé avec Emmanuel Macron.

C’est vrai ?

Oui c’est vrai. Il vous l’a dit, il faut le croire. La chose qu’il rajoute c’est que ce qui compte c’est d’abord l’élection présidentielle. Après, ce que moi j’aurais envie de rajouter c’est que, une fois l’élection présidentielle passée, il faut que chacun à sa place, et je parle aussi pour moi, travaille à la reconstruction de ce pays, à la rénovation de ce pays. Cela sera un moment absolument formidable. Il y a plusieurs places à laquelle vous pouvez le faire.

A quelle place vous souhaiteriez travailler ?

Moi je suis députée européenne, j’aime l’Europe, je pense qu’elle est vitale. Et je pense que le réveil de l’Europe va arriver parce que les peuples vont se rendre compte qu’on a besoin de l’Europe. Mais je verrai, soit je resterai au Parlement européen soit peut-être que j’irai aux élections législatives.

Pas au gouvernement ?

Je vous parle d’abord de l’élection. On va d’abord gagner les élections présidentielles, si les Français le veulent bien.

Expliquez-nous ce qui a guidé le choix de François Bayrou vers Emmanuel Macron ? Est-ce que c’est la détestation de François Fillon, parce que vous n’aimez pas ses costumes, son programme… allons savoir ? Qu’est-ce qui vous a guidé vers Emmanuel Macron ?

Les costumes de François Fillon, je le laisse en parler, cela ne m’intéresse absolument pas. D’abord, nous avions soutenu Alain Juppé, parce que nous considérions que les temps étaient plutôt à un rassemblement large, qu’à chacun dans sa chapelle, dans son parti. Quand François Fillon a été élu, nous avons regardé son projet et avons considéré – avec des millions de Français que son projet n’est pas à l’équilibre du pays, que son projet est une sorte de retour en arrière, un projet punitif, récessif, qui n’est pas bon pour le pays.  Je me souviens même qu’à l’époque François Fillon avait dit « écoutez, mon projet c’est à prendre ou à laisser ». Nous l’avons laissé. Cette alliance que François Bayrou a proposée à Emmanuel Macron, elle est dans une cohérence parfaite.

En janvier c’était encore le candidat des forces de l’argent…

Nous avions des interrogations, c’est la vie ! C’est mieux de le dire publiquement que derrière. Tous ces gens, au Parti Socialiste ou chez Les Républicains, qui font semblant de s’aimer et qui en fait se détestent, se haïssent. Vous voyez bien que tout cela est complètement bidon. Au fond, il vaut mieux se dire les choses. Il y avait des interrogations, elles ont été levées. Moi j’en suis heureuse et je pense qu’Emmanuel Macron fera un bien fou à la France s’il est élu.

Comment vous expliquez l'indécision ?

Je pense que nous sommes dans le moment où les décisions se prennent. C’est ce que j’ai senti pendant tout ce weekend de Pâques. On s’est parlé, en famille, on a regardé qui étaient les candidats et on s’est dit qu’on allait choisir l’avenir dimanche prochain.

Merci beaucoup Marielle de Sarnez.

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par