"François Hollande a décidé d'être seulement le président de sa majorité politique"

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Dans une interview au Télégramme, mercredi, François Bayrou fustige la "non-réforme des retraites" qui "fait payer les jeunes". Il estime que le Centre a le devoir de "proposer une autre solution" que celle de la Gauche.

Le Télégramme - Avez-vous le sentiment que la crise syrienne est en voie de solution ?

François Bayrou - Je pense qu’on est devant une chance à saisir. Depuis le début de la crise, j’ai défendu l’idée que l’issue ne pouvait être que diplomatique, dans le cadre de l’ONU et en parlant avec les Russes. Ce qui est tout le contraire d’une intervention militaire. Nous sommes probablement devant la chance de voir se réaliser une issue maîtrisée et concertée de cette crise, à un moment où les doutes grandissent à propos de la responsabilité des attaques au gaz. L’intervention de la Russie propose une sortie crédible du drame syrien. Et je regrette qu’au lieu d’avoir été active au cours de cette phase, la France se soit fermée toutes les portes. 

Le ministre de l’Education nationale fait afficher dans tous les établissements scolaires une charte de la laïcité. Approuvez-vous cette démarche ?

J’ai lu cette charte avec appréhension, car elle porte sur un sujet dangereux à propos duquel on aurait pu bâtir des affrontements sans fin. Cette charte aurait pu se révéler malaisée pour ceux qui ont une conviction religieuse enracinée. Ce texte je l’ai lu et je l’ai trouvé équilibré, bien pensé et bien écrit. 

Quel jugement portez-vous sur la réforme des retraites décidée par le gouvernement Ayrault ?

Depuis des mois, le gouvernement dit aux Français, qu’à la rentrée de septembre il va faire la réforme des retraites jamais faite, une réforme imaginative et courageuse. Pour la énième fois il s’agit non pas d’une réforme mais simplement de quelques rustines. Ce n’est pas à la hauteur du problème posé. C’est d’autant plus décevant qu’une bonne partie de l’opinion était prête à une réforme équilibrée et souple. Il fallait se donner du temps - j’avais proposé huit ans – pour mettre en place un régime des retraites à compte personnel, c’est-à-dire une retraite par points. Une fois de plus, on a décidé de faire payer les jeunes. Le poids des choses reposera sur les épaules des jeunes générations.

Vous discutez aujourd’hui avec les centristes de l’UDI. Cela va-t-il aboutir à un accord notamment en vue des élections municipales et européennes ?

Si ce rapprochement, dans lequel je mets beaucoup d’espoir, n’était qu’un accord électoral, cela ne marcherait pas. L’exigence est de construire un accord de long terme. Pour la première fois depuis douze ans, la chance existe réellement de voir ceux qui se réclament du centre enterrer la hache de guerre afin de bâtir quelque chose de sérieux. Je souhaite qu’on saisisse cette chance de construire un centre indépendant. Nos divisions nous ont empêché de peser sur la politique française pour la faire changer, pour qu’enfin vienne le temps de la réforme et que les Français se voient proposer une autre solution que celle proposée par les deux partis dominants qui désespèrent nos concitoyens et, bien sûr, une autre solution que celle des extrêmes. C’est un devoir pour tous et donc pour moi. J’ai bon espoir parce que je pense que les esprits ont évolué.

Sur la Syrie, sur les retraites, vous exprimez votre désaccord avec François Hollande. Est-ce à dire que vous regrettez aujourd’hui votre vote ?

Je ne pose jamais la question en terme de regrets. La bonne question est de savoir comment il se fait que 4 à 5 millions de Français, qui ne sont pas de gauche, aient été conduits à voter pour François Hollande, après des débats de conscience parfois déchirants. Ces femmes et ces hommes attendaient un apaisement, un climat politique différent. Ils espéraient que la gauche – notamment à cause de sa proximité avec les syndicats – pourrait mener à bien les réformes que la droite avait renoncé à faire. Sur ce point, leur attente a été déçue et la gauche n’est pas au rendez-vous. C’est la France qui n’y trouvera pas son compte. François Hollande a décidé d’être non pas le président de tous les Français, mais seulement celui de sa majorité politique. Ceci ne correspond pas à la mission fondamentale du président de la République. Je l’ai suffisamment reproché à Nicolas Sarkozy pour pouvoir m’opposer, aujourd’hui encore, à cette conception. 

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