Hommage à Simone Veil : Marielle de Sarnez & François Bayrou s'expriment
Ce mercredi, Emmanuel Macron rend un hommage national à Simone Veil, aux Invalides.
Dès l'annonce de son décès, de nombreuses réactions - anonymes et politiques - se sont faites entendre. Marielle de Sarnez et François Bayrou ont eux aussi tenu à rendre hommage à cette grande dame qui, par ses combats et sa volonté, a tant apporté à la France.
Marielle de Sarnez, qui connaissait Simone Veil a tenu à faire part de son émotion. Elle s'est ainsi exprimée vendredi dernier, sur France 3 (voir vidéo ci-dessus) ainsi que sur RFI :
"C’est beaucoup d’émotion pour moi, j’ai très bien connu Simone Veil. J’ai fait sa première campagne en 1979 quand elle avait été la tête de liste de l’UDF à l’époque pour les européennes. Elle est ensuite devenue la première femme Présidente du Parlement européen… Je l’ai beaucoup côtoyée, beaucoup aimée, beaucoup estimée, beaucoup respectée. C’est une très grande dame, à tout point de vue.
Bien sûr, on pense à sa vie, des épreuves qui ont été les siennes, à son engagement incroyable qui aidait beaucoup les femmes. Elle avait beaucoup d’estime pour les femmes. Elle a fait progresser la cause des femmes d’une façon absolument remarquable. Je me souviens de son combat pour l’IVG… Je me souviens des insultes, des moments difficiles… Ce fut un moment terrible de violence pour elle ! Je me souviens de tout cela ainsi que de son engagement européen formidable. C’était une grande dame, une grande européenne, quelqu’un pour qui j’ai beaucoup d’estime et beaucoup d’affection.
C’était aussi une femme qui était un témoin d’une histoire dramatique - la Seconde Guerre mondiale - elle a été déportée… Elle a également beaucoup oeuvré pour que cela reste dans les mémoires, c’est important aussi...
Il est absolument essentiel que nous conservions cette mémoire, que jamais nous n’oublions. Elle avait en même temps une force de vie, qui était absolument formidable, mais j’imagine qu’au fond d’elle-même, elle avait une fêlure probablement durable. Mais elle avait une force incroyable, c’était quelqu’un qui avançait dans la vie.
Quel pourrait-être son message, ce que l’on pourrait retenir de son action politique aujourd'hui ?
Le message, c’est que son action doit rester au fond, du temps de demain, il n’est pas que pour le temps d’hier ! Tout ce qu’elle a fait, tout son engagement, toute la mémoire qui est la sienne - toutes ces atrocités et la mort au début de sa vie -c’est la mémoire d’une femme debout, toujours engagée, toujours déterminée, toujours à regarder en face. Toujours à affronter lorsqu’il fallait affronter, à changer les choses quand elles devaient être changées. C’est évidemment une leçon pour nous toutes, et pour nous tous une leçon de courage, de volonté et de détermination… Ne jamais rien céder. "
François Bayrou, sur sa page Facebook a tenu à rappeler qu'au-delà du personnage, Simone Veil symbolise aussi la grandeur des valeurs et des combats qu'elle a menée : C’est ce que que la France a reconnu de grand en Simone Veil qui mérite d’être honoré (...) .. Le Président du MoDem soutient ainsi la proposition d'inhumer l'ancienne ministre au Panthéon, trouvant cela "juste et bon".
"Il serait bon et juste que Simone Veil entre au Panthéon.
Je ne le dis pas seulement à titre personnel. J’ai eu avec elle des relations longtemps heureuses, et plus tard difficiles à cause de nos choix politiques qui ne furent pas les mêmes.
J’ai milité auprès d’elle avec tout ce que j’avais de dévouement et d’enthousiasme. Je suis même de ceux qui ont rêvé d’en faire, avec son regard et son expérience uniques, la première femme présidente de la République française.
Tout cela, ce sont des souvenirs, des émotions, que la mort transmute en chagrin, en respect et en silence.
Mais il ne s’agit pas ici de relations personnelles, de l’affection ou des regrets que l’on porte à l’égard d’un être. Il ne s’agit même pas de cet être lui-même, avec ce qu’il a de grand et de relatif. Il s’agit d’un pays, et de son identification à une personnalité et à un combat.
Au fronton du Panthéon, il est inscrit : « aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ». C’est ce que que la France a reconnu de grand en Simone Veil qui mérite d’être honoré.
Grand, le destin de cette adolescente, jetée dans l’enfer des camps, rendue orpheline par la barbarie, dont le regard disait à lui seul ce que la barbarie avait coûté au monde. Et ce regard disait : n’oublions jamais.
Grande, la volonté de dépasser la haine, sans tirer un trait, volonté de bâtir des destins qui seraient différents, libérés de l’obsession de vengeance qui, elle aussi, empêche d’avancer.
Grand, l’idéal européen, qui permet non plus seulement de vivre en paix les uns à côté des autres, mais de vivre ensemble, projetant dans l’avenir les richesses présentes dans le creuset qui nous a faits ce que nous sommes.
Grand enfin, le projet d’une société plus juste, et notamment plus juste pour les femmes, les femmes que Simone Veil aimait inconditionnellement, comme des filles, comme des sœurs, comme des mères.
Et si l’on y réfléchit, tout cela, la Shoah, le dépassement de la haine, l’Europe, la société plus juste pour les femmes, tout cela a été le tissu même de la France, de sa marche en avant, de ce qu’elle a vécu de meilleur depuis la Libération. Et c’est donc tout cela, qui est grand, nécessaire et juste pour la France, qui entrera avec Simone Veil au Panthéon, porté par la Patrie reconnaissante."