"Il est temps d'agir pour réconcilier l'urbain et l'humain"

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[Tribune] Dans une tribune accordée à L'Express, Fadila Mehal, élue MoDem à Paris, rappelle qu'il est plus que jamais urgent d'agir pour endiguer le "malaise des banlieues" suite au viol présumé de Théo et aux violentes manifestations qui ont suivi.

Aulnay-Sous-Bois, Argenteuil, Epinay-sur-Seine, Bondy, la violence dans les banlieues se propage comme une avalanche après l'onde de choc tellurique de l'affaire Théo.

Le feu mal éteint des émeutes de 2005, n'en finit pas de se rappeler à la mémoire des politiques publiques atteintes de cécité dès qu'il s'agit des quartiers populaires, impopulaires diront certains tant leur dégradation est patente. Dans les cités, les défis se sont accumulées depuis trente ans, sans que des mesures énergiques ne soient prises par les gouvernements successifs: chômage endémique, services publics en sursis, transports défaillants, sécurité précaire, radicalisation rampante, mixité en recul, tous les ingrédients pour une déflagration sociale. Il suffit d'appuyer sur le bouton. 

Et pourtant que de rêves a suscité la banlieue depuis trente ans! Chacun se souvient des paroles prophétiques du très remuant Roland Castro, architecte-urbaniste de "Banlieue 89", qui voulait désenclaver et réhabiliter les grands-ensembles et redonner de l'espoir à ces territoires abandonnés de la République. Stains, Cachan gardent encore la mémoire de cette épopée urbanistique. Mais trente ans après, malgré les plans Marshall à répétition et les milliards déversés par les ministres de la ville, de Tapie, Bartolone à Borloo, c'est l'échec collectif d'une politique qui n'a pas réussi à mettre les banlieues au coeur du réacteur républicain. 

Certains, partant de bonnes intentions, pensaient qu'il suffisait de détruire les barres, de repeindre les cages d'escaliers en rose et de réparer les ascenseurs, bref de changer le cadre de vie pour changer la vie. Ils se sont trompés. Certes, c'était une condition nécessaire mais pas suffisante. 

Réconcilier l'urbain et l'humain, voilà la tâche à laquelle nous devrions nous employer désormais. L'humain qui doit être au coeur de toutes nos politiques. Le gouvernement l'a bien compris qui s'attache à éteindre le feu qui se propage dans ces quartiers délaissés. 

D'ailleurs qui connaît le nom du ministre de la ville? Qui connaît le CGET (Commissariat général de l'égalité des territoires), bras armé de l'Etat, censé financer la politique de la ville dans nos quartiers mais coupé du terrain par un mille-feuille administratif qui a fini par écraser les milliers d'associations qui assuraient pourtant le "filet social" de notre République? 

Aujourd'hui le feu brûle et après avoir longtemps regardé ailleurs, François Hollande s'est rendu en banlieue pour conjurer cette inaction qui a pesé lourd dans le désamour de notre jeunesse à son égard. 

Il faut rétablir l'état de droit dans ces quartiers, dit-on. Cela suppose enrayer un taux de chômage qui peut avoisiner 50%, combattre les contrôles au faciès qui déshonorent notre République, valoriser l'esprit entrepreneurial des jeunes qui ne demande qu'à s'exprimer, promouvoir le leader (associatif) au détriment du dealer, remettre la religion à sa place, c'est à dire dans l'espace privé de nos consciences, réhabiliter les fonctions parentales, notamment celles des pères, et permettre aux femmes d'être des actrices de leur propres vie, sans entrave ni détour. 

Enfin et ce n'est pas rien, redonner de la dignité et de la confiance en cherchant des solutions AVEC les habitants loin de l'assistanat de l'Etat providence. 

Ce n'est pas là catalogue à la Prévert, c'est un projet politique pour sortir nos quartiers populaires de la malédiction de l'échec et de la violence. 

Il est temps d'agir, les dernières violences sont les signes annonciateurs d'une situation qu'il est urgent de résoudre, sous peine que nos banlieues ne fassent sécession et alimentent le populisme qui se repaît d'une cohésion sociale à terre. 

Fadila Mehal

 

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