Intervention de Christophe Castaner au Congrès du Mouvement Démocrate

Christophe Castaner, Délégué général de La République En Marche, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, nous a fait le plaisir d'être parmi nous à notre Congrès. Nous vous proposons de revoir son discours.

Monsieur le Président, cher François, Mesdames et Messieurs les ministres, chers collègues, Mesdames et Messieurs les parlementaires, chers amis, chers tous.

Je te remercie, je vous remercie de m'avoir invité au Congrès du Mouvement Démocrate.

En m'asseyant tout à l'heure, en écoutant Jacqueline, en étant aux côtés de François Bayrou, je me disais quand même que la politique peut révéler et nous faire vivre des choses extraordinaires.

Inutile de vous dire qu'il n'y a même pas très longtemps, je ne pensais pas une seconde un jour être le chef d'un mouvement politique et, il y a un peu plus longtemps, mais pas si longtemps, je ne pensais pas un jour avoir du plaisir à être à vos côtés et, surtout, aux côtés de François Bayrou, tout simplement parce que j'étais dans mon système, bien au chaud, bien prisonnier de mon système et il se trouve qu'avec Emmanuel Macron, avec François Bayrou, j'ai rencontré des femmes, des hommes tout au long de ces derniers mois qui m'ont donné le goût à la liberté, à la liberté de penser, à la liberté d'exprimer mes pensées, à ma liberté de construire quelque chose avec chacune et chacun d'entre vous, à ma liberté de ne jamais me poser la question de chercher à savoir d'où vient celui qui m'interroge ou m'apporte une idée, mais simplement de ne me poser qu'une seule question : cette idée est-elle bonne ou pas ?

C'est pour cela que je viens m'adresser à vous avec un plaisir plus particulier encore et quelques reproches que je peux me faire à moi-même. Mais un plaisir plus particulier encore d'être là. François, tu m'as fait l'amitié d'être présent lors de notre Conseil à Lyon en novembre dernier, de m'avoir invité aujourd'hui.

Je voudrais vous faire une confidence, François n'est pas rancunier, car la qualité technique de l'accueil, le matin, pour le discours de François n'était pas parfaite ! Mais cela faisait 10 minutes que j'étais délégué général, donc je ne suis pas responsable ! Objectivement, j'étais un peu mal à l'aise, je vous le dis à tous, je me suis dit : "Au moins, il n'est pas rancunier", quand il m'a dit un soir où l'on s'est vu : "Au fait, notes bien la date du 16 décembre, il faut que tu sois à nos côtés".

Mais, au-delà de ce moment personnel, de ce moment amical, votre invitation est importante. Elle est importante, parce qu'elle marque au fond ce que nous sommes. Elle marque la nécessité de faire vivre les différentes sensibilités de la majorité présidentielle.

Il est essentiel que, chaque jour, chaque heure, nous puissions faire vivre ce dialogue entre nous. Nous avons des différences, des différences de parcours, des différences d'être, des différences territoriales, des différences culturelles, mais de ces différences nous devons au contraire en faire des atouts et faire naître une pensée et, surtout, une action collective.

C'est ce que nous faisons depuis quelques mois. Depuis quelques mois, nos deux formations travaillent de concert, dans la bienveillance - c'est naturel - et sous la baguette du Premier Ministre, Edouard Philippe, qui interviendra tout à l'heure. Quand je dis "la baguette", c'est évidemment la baguette du chef d'orchestre. Ne voyez pas d'autres formes de baguette. Il n'a pas l'habitude de l'utiliser et il suffit qu'il nous donne le "la", et les ministres qui sont là comme les parlementaires le savent, pour que nous avancions ensemble.

Je dois vous dire combien je suis ravi de travailler au quotidien avec vous, avec eux et combien je suis ravi d'être là, combien je suis heureux d'œuvrer au gouvernement avec Jacqueline Gourault et Geneviève Darrieussecq. L'une et l'autre incarnent une forme de sagesse, effectivement elles nous rassurent, mais en même temps, une énergie, une présence, prêtes à rebondir à chaque fois que c'est nécessaire pour aller plus loin dans leur action et, surtout, dans la façon de nous accompagner. Mesdames les ministres, je tiens à vous le dire, je suis fier d'être votre collègue dans un gouvernement qui unit dans sa diversité.

Je suis fier et heureux de travailler à l'Assemblée nationale avec le groupe des députés présidé par Marc et, je vous le dis, cher Marc, tu permets avec efficacité aux députés démocrates d'exprimer votre sensibilité tout en garantissant la solidarité de la majorité. Merci. Étant en charge des relations avec le Parlement, je suis très sensible à cette attitude que l'on va qualifier de très constructive.

Plus encore, je suis heureux cet après-midi d'être là, parce que le Congrès du Modem se tient 10 ans, cher François, presque jour pour jour, après la fondation de votre mouvement. C'est évidemment un anniversaire important et je sais toute la ténacité que vous avez dû avoir pour faire face à toutes les épreuves électorales, cette ténacité pour installer en France l'idée que l'affrontement systématique entre la droite et la gauche devait et pouvait être dépassé, afin de transformer notre pays en profondeur.

Il y a 10 ans, à Villepinte, se sont dressés à tes côtés, cher François, de nombreux militants, de nombreux élus pour changer la vie politique française et je sais au moment où je vous parle que les plus fidèles à leurs idéaux sont encore là. Ils sont ici. Merci et bravo à vous.

Ensemble, vous n'avez cessé de dénoncer le poison de la division qu'instillaient certains politiques dans notre société. Ensemble, vous n'avez cessé de rappeler la lucidité budgétaire ou écologique qu'il ne fallait jamais perdre de vue. Ensemble vous n'avez cessé d'en appeler à l'Europe pour renforcer la réussite de la France là où la tentation générale était de rejeter constamment la faute sur Bruxelles.

Il aura fallu 10 ans pour que cette politique émerge pleinement à la faveur des élections de 2017 et cela n'aurait pas été possible sans l'offre d'alliance que tu as faite, cher François, à Emmanuel Macron. C'est dans le sillage de la constance, de ta constance que nous avons pu faire prospérer le dépassement du bipartisme qui s'installait. Alors, au nom de tous les Marcheurs, je t'en remercie une fois de plus.

Nous sommes tous conscients que cet acte de transmission a été d'une élégance extrêmement rare en politique, une élégance qui caractérise les hommes d'Etat.

Nous sommes tous conscients aussi que cet acte de courage a été décisif lors de cette campagne et je veux témoigner ici du respect dans lequel cette alliance a été forgée.

J'étais dans le bureau d'Emmanuel Macron au moment de ta conférence de presse. Il était assis, il prenait quelques notes. Il t'écoutait attentivement. Mais, au fond, prendre des notes n'aurait pas été forcément utile, parce que tu nous proposais tout simplement de poursuivre, ensemble, les grands combats du Mouvement Démocrate et, quand après ton intervention nous sommes restés quelques instants à commenter les conditions de cette alliance, au fond, ce ne fut que quelques instants, car répondre "banco" de la part d'Emmanuel Macron était une évidence.

Je peux témoigner de ces moments peut-être historiques auxquels j'ai participé tout simplement parce que ce que tu proposais était, au fond, dans l'ADN de ce que nous tentions, nous, de construire.

Depuis ce jour-là, je peux témoigner, devant vous, de l'écoute, voire de la complicité que j'ai observée entre ces deux hommes d'Etat. Je sais que cette relation a enrichi la campagne, mais aussi ces six premiers mois d'action.

J'étais présent aussi le 12 avril dernier à Pau. Pour certains d'entre vous, c'est un excellent souvenir, surtout le léger retard d'Emmanuel Macron avant le début du meeting. Mais je me souviens surtout, dans ton intervention, de cette main tendue à Emmanuel Macron.

Je me souviens de ces mots, que je cite : « Il est des moments où les peuples ont besoin de jeunesse ; À travers vous, c'est la jeunesse de la France qui a besoin de s'exprimer. Vous avez une grande responsabilité : réconcilier la France avec elle-même ».

Je crois que cette phrase, ta phrase, nous devons la garder en tête. Elle nous guide dans la mission collective que nous avons : mener à son terme la grande transformation de notre pays qu'Emmanuel Macron a présentée aux Français en mai 2017 et qui a été confirmée une seconde fois aux élections législatives de juin.

Ensemble, nous pouvons déjà nous réjouir de victoires obtenues collectivement.

Pour transformer la France, nous avons commencé par transformer la vie politique française dès cet été, à ton initiative, cher François. C’est ainsi que l’un des actes fondateurs du quinquennat a été de faire adopter une grande loi de moralisation de la vie publique.

Nous savons que la confiance est le creuset de l’action politique. Cette loi confiance a donc posé un jalon essentiel pour débuter une nouvelle aire et cette aire de grande transformation, soucieuse de la justice sociale comme de l'efficacité économique, ne fait que commencer.

En six mois, elle présente déjà des résultats évidents que n'ont pas su obtenir nos prédécesseurs ni ceux qui promettaient la rupture ni ceux qui promettaient le changement.

Nombreuses sont les décisions que nous avons prises pour renforcer la solidarité, notamment à travers la revalorisation des minima sociaux ou la transformation fiscale qui a commencé et, en même temps - c'est un passage obligé dans tous les discours ! - je me réjouis qu'aucun de ces efforts de solidarité ne se fasse au détriment de notre crédibilité budgétaire, parce que je sais que, là aussi, il s'agit d'un combat essentiel qui est dans votre propre histoire essentiel pour le Mouvement Démocrate.

Vous avez été parmi les premiers à crier l'alerte générale sur ce sujet et je crois que nous pouvons être fiers que le premier budget du quinquennat d'Emmanuel Macron soit le premier budget qui, depuis 2006, ne dépasse pas la limite des 3 % de déficit public, alors que, dans la dernière décennie, cela n'a jamais été respecté. La France n'a jamais été capable de respecter ses engagements et toute la majorité dont vous êtes des membres actifs essentiels s'est battue pour rompre avec cet état de fait.

Cet effort de lucidité, cette exigence de réalisme, sans briser l'optimisme qui nous caractérise et la volonté de faire des choses, est issue de ces valeurs que nous avons en commun.

Alors, bien sûr, j'entends l'opposition, certes, évanescente qui utilise des arguments du type : « C'est une soumission à Bruxelles », « C'est une soumission à Berlin », mais ils se leurrent et ils veulent leurrer les Français. La France doit simplement et sérieusement arrêter de vivre au crédit des générations futures.

Les jeunes comptent aujourd'hui parmi les Français les plus touchés par le chômage. Ils vivront déjà avec les conséquences des dérèglements climatiques qui seront graves. Alors, en plus, on veut leur proposer une dette extrêmement lourde qu'ils devront porter seuls ?

Ce souci des générations futures est au cœur des valeurs que nous partageons. Il nous définit fondamentalement contre le cynisme de bon nombre d'autres formations politiques en France comme dans le monde.

Cet engagement dans la loi de finances est plus qu'un engagement budgétaire. Vous le savez aussi bien que moi. C'est d'abord et avant tout un gage de crédibilité politique. Cette crédibilité sera cruciale pour devenir le moteur de la relance européenne.

Bien sûr, notre travail de transformation ne fait que commencer en France, mais nous devons dès à présent tourner notre regard vers l'horizon européen. C'est, je le souhaite, notre prochain rendez-vous.

D'abord, parce qu'il y a urgence. Là encore, vous n'avez jamais cessé de le dire. L'urgence européenne. C'est même le titre d'un des livres de Marielle. Je te le dis, Marielle, pas une voix chez les Marcheurs n'hésitera à s'ajouter à la tienne.

Plus nous tardons à transformer l'Europe, à la rendre plus démocratique, à la restituer à ce peuple doté depuis 25 ans de la citoyenneté européenne, plus les populistes se nourriront des peurs qui peuvent mettre à mal ce projet de paix et de prospérité que nous voulons poursuivre.

Par ailleurs, nous savons bien que l'Europe est notre garantie pour influencer le monde d’aujourd’hui, confronté à un grand nombre d'incertitudes géopolitiques. Nous ne pourrons pas remporter seuls certaines batailles, comme la bataille climatique, par exemple. C'est avec notre marché unique européen de 500 millions de consommateurs que nous pourrons faire poids pour ramener les entreprises américaines dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Très tôt, le Président de la République a pris ses responsabilités européennes, en engageant un tour des capitales de l'Union pour établir cette feuille de route présentée à la Sorbonne.

Les premières retombées de son action européenne indiquent que nous progressons vers cette Europe plus juste, plus protectrice. La réforme du travail détaché a établi cette avancée-là. Les premières coopérations renforcées en matière de défense ont été annoncées à la mi-novembre.

Les premières retombées sont là, mais nous n'en sommes pas moins appelés à agir.

Pour l'été, commençons comme en 2016 par un travail humble d'écoute. C'est Goethe qui disait : « Parler est un besoin, écouter est un art ». Nous pourrions même aller jusqu'à dire qu'écouter est l'art politique par excellence bien plus que l'art de parler.

C'est ainsi que, dès le premier trimestre 2018, le mouvement de la REM entamera une grande marche pour l'Europe. Au cours de cet exercice, nous irons à la rencontre de tous les Français pour les interroger sur l'Europe.

L'Europe a très longtemps avancé dans la logique des petits pas. Allons plus loin. Aujourd'hui, nous pouvons la faire avancer à la cadence de la grande marche.

Et je sais combien le Mouvement Démocrate est attaché, dans ses valeurs, tant à la concertation citoyenne qu'à l'ambition européenne et je vous invite donc à prendre toute votre place à nos côtés dans ce rendez-vous-là.

Ma conviction, c'est qu'autour du Modem et de la Républiuqe En Marche, nous devrons construire une liste ouverte à toutes celles et tous ceux qui portent une ambition européenne et progressiste, mais nous devrons le faire ensemble.

Partout, nous pouvons tendre l'oreille, ensemble encore, pour mieux comprendre ce que le projet européen pourra apporter de meilleur aux Français.

J’espère que, comme moi, vous avez entendu les déclarations qui laissent espérer un rassemblement plus large. Pourquoi pas ? Ce serait extraordinaire et si fort.

Il est grand temps de rassembler ceux qui, aujourd'hui, portent pour l'Europe le même projet. La défense de notre souveraineté et la paix de notre continent sont désormais liés par le même destin, le destin européen. Il est grand temps de réconcilier le Général de Gaulle avec Robert Schuman.

L'enjeu de ce travail est de taille. La transformation que nous engageons ensemble pour le pays nous permettra de transformer l'Europe demain.

Ainsi, comme le disait Victor Hugo : « Ce que Paris conseille, l'Europe le médite. Ce que Paris commence, l'Europe le continue ».

Alors, cher François, chers tous, comme notre majorité a su en quelques mois changer le regard du monde sur la France, j'espère que le travail conjoint que nous pourrons mener en vue des élections européennes saura lui aussi transformer le regard de nos concitoyens sur l'Europe.

J'espère, je souhaite que cette alliance qui nous lie aujourd'hui soit le chemin que nous poursuivrons ensemble.

Je vous remercie.

 

 

 

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