"La coopération entre pays européens est une chose essentielle"

Au lendemain des événements de Londres, François Bayrou s'est exprimé au micro de RTL. Il a rappelé la nécessité d'une stratégie de défense efficace, passant indéniablement par une coopération européenne en la matière.

Bonjour François Bayrou

Bonjour

La ville de Londres, attaquée en son cœur après Orly, Berlin, Nice, Paris, Bruxelles, mais aussi Saint-Etienne-du-Rouvray ou encre Magnanville... La menace est-elle permanente en Europe ? 

Oui, parce que ce qui est attaqué est un modèle de société, pour ne pas dire de civilisation ! C’est un genre de vie, la manière plus libre et peut être plus tolérante dont nous vivons tous ensemble. C’est également chez nous l’écho des lourds et graves conflits internationaux.

Est-on sûrs, est-ce votre conviction que derrière cet attentat il existe cette idéologie ? Un homme, une voiture, un couteau… ce sont des moyens rustiques, à la portée de n’importe quel individu qui ne serait pas forcément manipulé par Daesh ! Il n’y a pas encore eu de revendication…

Pas plus que vous, je n’ai d’informations… La police britannique a dit que la piste terroriste islamiste était privilégiée. J’imagine qu’ils ne disent pas cela par hasard. De plus, la manière d’agir ressemble beaucoup à ce qui s’est passé à Berlin, à Nice…

Un attentat économique comme le recommande l’Etat islamique…

Oui. Un attentat qui ne demande pas de moyens particuliers, simplement la détermination, et au fond, la volonté de mourir.

La question que tout le monde se pose, c’est comment prévenir ce type d’attentat, à la dimension tellement rustique, à la portée de n’importe qui ?

Je suis absolument certain que la défense, notre sécurité doit s’adapter à la menace, et que cette dernière évolue tout le temps ! Que faire ? Premièrement, le renseignement partagé entre pays européens. C’est là où l’on voit que le fait que la Grande-Bretagne s’éloigne de l’Europe va évidemment poser des problèmes.

Le Brexit risque-t-il de freiner la coopération européenne en la matière ?

Il ne faut pas qu’il la freine. Il se trouve que la Grande-Bretagne peut adhérer ou peut rester membre d’Europol, cette organisation des polices européennes. Il faut qu’elle le fasse.

Le Brexit ne doit donc pas se faire aux dépens de la défense, il faut que la Grande-Bretagne reste dans la coopération européenne…

Oui, et il faut également écarter les fausses solutions. La Grande-Bretagne, comme vous le savez, n’est pas membre de l’espace Schengen, cette organisation permettant la libre circulation. Ils n’ont pas voulu entrer dans l’espace Schengen, mais ça n’a pas suffi, hélas, pour éviter ces choses. Pour moi, le fait que nous devions coopérer entre pays européens, entre pays de notre ensemble de sociétés est une chose essentielle. Ensuite, il y a évidemment une organisation nationale sur le terrain de la sécurité. Vous savez par exemple que la police britannique n’est pas armée… Cela va-t-il pouvoir durer longtemps ? Je pense que contre une attaque au couteau, le fait que la police soit armée… c’est ce que nous avons fait dans ma ville, à Pau, la police municipale a été armée, parce que je me suis dit que devant un attentat comme Nice, il était évident qu’il fallait les moyens de réponse afin de stopper une voiture comme cela. Enfin, un point peut-être encore plus profond, est que la Nation toute entière soit entrainée dans la vigilance à propos de tout cela, la surveillance, l’attention par rapport aux voisinages… Que se passe-t-il lorsque l’on voit quelqu’un qui dérive, qui tout à coup se met à ne plus parler à personne ?

Une culture de la vigilance partagée…?

Une culture de la vigilance partagée et une possibilité d’alerter, de faire des signalements…

Comment cela s’entretient-il ?

Cela s’entretient de toutes les manières. Vous y contribuez ! Enfin, les médias y contribuent.

De façon positive ?

Oui, de façon positive, c’est ce qu’il faut, et il faut aller encore plus loin : l’idée que tous les jeunes puissent participer à un service national, civique ou avec initiation militaire.

Le service obligatoire d’un mois d’Emmanuel Macron, c’est de cela que vous parlez ?

C’est une voie. J’aurais imaginé que l’on puisse faire encore plus long. Peut-être deux, trois mois. Evidemment, cela demande une organisation qu’il faut complètement inventer. Mais que tous les jeunes d’une génération, garçons et filles, après leurs 18 ans, puissent être formés à ce qu’il se passe, quand dans un pays, nous avons des difficultés de cet ordre… Par exemple, sur le pont de Westminster, qui savait faire les gestes d’urgence ? Personne ! C’est le cas en France aussi ! Le fait que l’on puisse apprendre à chacun, peut-être avec des pompiers, policiers, gendarmes ou militaires, à avoir les attitudes qu’il faut lorsque des choses graves se produisent, pour moi cette proposition va dans ce sens.

Mais c’est très cher ! François Bayrou, on comprend votre adhésion au principe, encore une fois, formulé par Emmanuel Macron samedi dernier. Un mois de service militaire obligatoire pour une classe d’âge. Je vous lis, par exemple : « Une colonie de vacances » disait ici, Bruno Retailleau. « Colonie de vacances extrêmement coûteuse : 15 milliards d’euros plus 2 ou 3 milliards d’euros par an ». Je vous lis Patrick Devedjian ce matin dans l’Opinion «  La durée ne permet de former personne. Ni à la défense, ni à autre chose, et n’assure aucune mission d’intérêt général, mais elle coûterait de l’ordre de 30 milliards d’euros pendant le quinquennat. À moins que le but ne soit seulement de faire baisser le chômage des jeunes». Voilà ce qu’écrit Patrick Devedjian ce matin.

Vous aurez observé quelque chose, et je l’observe avec sévérité. Chaque fois qu’une idée nouvelle est proposée pour essayer de faire bouger une société qui est totalement immobile, et dont tout le monde se plaint, alors les meilleurs esprits vous expliquent que c’est impossible.

Les Français ont été instruits par toutes les promesses qui ont été faites et qui n’ont pas été tenues…

Les chiffres annoncés sont fantaisistes…

Les 15 milliards d’euros pour les équipements et les 2 ou 3 milliards par an ?

Attendez, 15 milliards d’euros signifieraient que l’on reconstruit les casernes, cela n’a rien avoir avec tout cela ! Je vous ai fait un calcul mental tout à l’heure, quand nous prenions un café avant cette émission…

Les auditeurs savent tout ! C’est notre vie privée…

Il y a entre 600 000 et 700 000 jeunes par classe d’âge. Si vous divisez par 10, pour avoir un calcul simple, vous tomber à 60 000/70 000 jeunes en même temps, par mois. Le département des Pyrénées-Atlantiques, c’est 1/100ème de la France. Nous sommes à 700 jeunes.  Pau, c’est le quart de ce centième. Nous en sommes donc à 150/160 jeunes à prendre en charge en même temps. C’est-à-dire l’équivalent d’un quart de collège en France. Vous voyez que nous sommes très loin de l’impossible qu’ils décrivent. Pourquoi le décrivent-ils comme cela ? Parce que, évidemment, ils font de la politique et ne s’occupent pas de la société. Or, moi, je vous dis qu’on ne peut pas maintenir les jeunes chacun dans son quartier, chacun dans son milieu social, enfermé, ne sortant jamais, ne découvrant pas autre chose, et surtout ne découvrant pas ce qu’est une Nation ! Un pays qui se forme a besoin que les jeunes découvrent ensemble ce qui les relie !

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, n’était pas tout à fait sur la ligne de cette proposition que vous décrivez…

Et bien d’une certaine manière, il y a beaucoup de responsables militaires qui ont suggéré une idée de cet ordre.

Donc elle vient du capitaine, mais pas du ministre ?

Moi, j’aurais préféré un peu plus long. Mais faisons d’abord cela – et vous verrez que ce n’est pas si simple à mettre en place – et on va faire ainsi bouger les choses, je l’espère, sur tous les sujets !

Jean-Yves Le Drian  pourrait, dans quelques heures, apporter son soutien à Emmanuel Macron…

Et bien, j’entends les informations comme vous. Vous nous les donnez, je les écoute !

Est-ce une bonne nouvelle ?

C’est une personnalité qui fait, non pas l’unanimité, ça n’existe pas, mais qui est, en tout cas, respectée, comme l’on dit, sur tous les bancs, dans tous les courants d’opinion. C’est quelqu’un qui a exercé cette responsabilité majeure de la défense. Lorsque vous avez la responsabilité de la défense, vous n’êtes pas un homme de parti, mais un homme du pays, vous avez le sentiment du pays. Il est aussi le président de la région Bretagne, il a mis en place, dans un pays marqué par une vision au centre de la vie politique, il a équilibré une majorité de cet ordre. S’il faisait ce choix, je trouverais cela très bien.

Thierry Braillard a annoncé tout à l’heure son ralliement à Emmanuel Macron au micro d’Yves Calvi, la secrétaire d’Etat Barbara Pompili mardi sur France Info, et d’autres, sûrement à venir… Cela commence à ressembler à une maison d’hôtes, de gauche, et de gauche ! Ne vous sentez-vous pas un peu seul ?

Pas du tout ! Dominique Perben, hier, qui était le ministre de la Justice d’un gouvernement de droite, Jean-Jacques de Peretti, qui a été un responsable gouvernemental de droite…

Emmanuel Macron incarne-t-il le néo-socialisme avec tous ces ralliements ? C’est ce que disait Jean-Pierre Raffarin il y a une semaine.

Vous voyez bien de quoi il s’agit : déconsidérer une démarche politique, d’où les arguments de cet ordre. Que fait Emmanuel Macron ? Que propose-t-il, et que porte-t-il ? Il propose de sortir de cet affrontement stupide entre le clan de gauche, qui pense que tout est mal à droite, et le clan de droite, qui pense que tout est mal à gauche. C’est une thèse que j’ai défendue depuis longtemps devant les Français. Cette possibilité de rassemblement au-delà des courants, avec des personnalités nouvelles, et  un gouvernement, et des actions politiques nouvelles.

Vous l’avez rallié il y a un mois, pratiquement jour pour jour…

« Rallier » n’est pas le mot. Nous sommes alliés !

Vous vous êtes rapproché de lui. Cela se passe bien ?

Cela se passe très bien.

Pour finir, François Fillon dénonce une « machination », le mot est fort, après les dernières révélations. Comprenez-vous ce vocabulaire ?

Pas du tout, non. Je pense qu’il y a une action de la justice, des enquêtes préliminaires. Elles ont été ouvertes et ont, dans la minute, entrainé un choix de la part de Bruno Le Roux, ministre du gouvernement socialiste. On assiste à des cascades de révélations. Honnêtement, je ne les commenterai pas, car tout cela, pour les gens, c’est incroyable et presque invraisemblable. Je ne crois pas du tout qu’il y ait des machinations de l’Etat. Il y a simplement des découvertes de pratique dont il faut qu’elles soient d’un autre temps.

Regrettez-vous de ne pas vous être présenté ?

Non, chaque fois que je fais un choix, je ne le regrette pas. C’est un choix nourri par des réflexions et des valeurs, j’espère, profondes. 

 

 

 

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