"La défense de l’intérêt national ne peut plus être seulement nationale"
Face à "des États-continents comme la Chine et les États-Unis", Michel Barnier a démontré que "la France ne pourra exister et peser qu'au travers de l'Europe", lors du premier Forum du renouveau européen, fin juin à Paris.
"Tout à l’heure, avant de rejoindre cette salle, il y a une journaliste qui m’a arrêté, qui m’a demandé : 'Mais que faites vous ici ?' (rires de la salle).
Je suis ici parce qu’on m’a invité. Je suis heureux d’être parvenu jusqu’à votre salle parce que, pour tout vous dire - Marielle disait que l’Union bancaire n’est pas terminée - je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit parce que nous avons achevé le Conseil des ministres des Finances à Luxembourg à 3h et demi du matin. Et encore, nous ne sommes pas parvenus à l’accord que je souhaite sur ce que l’on appelle la résolution des banques, que les banques payent pour les banques plutôt que de faire payer les contribuables sans leur demander leur avis.
La vrai raison, c’est que je ne suis pas dépaysé quand je suis parmi vous. Et la première raison, c’est que j’ai avec François Bayrou une relation de confiance et d’estime depuis assez longtemps. Nous pensons, lui comme moi, même si nos chemins ne sont pas toujours les mêmes, que la politique française est franchement faible d’être tellement hexagonale.
François, j’ai toujours pensé que tu étais un homme politique solide, courageux, audacieux, parfois même téméraire. D’ailleurs, cette témérité t’a conduit à choisir ce thème (ndlr : le renouveau européen) en ce moment, d’inviter des gens que j’aime bien, Francesco Rutelli qui est ici, Guy Verhofstadt, que je salue amicalement, des députés, vos députés européens qui tiennent leur place et qui jouent leur rôle je peux vous le dire, ceux qui sont ici et d’autres comme Sylvie Goulard qui n’est pas là mais avec qui je travaille beaucoup sur les questions financières. Une certaine témérité à, en ce moment, choisir ce sujet et inviter un Commissaire européen venu de Bruxelles, qui plus est membre de l’UMP, alors ça... (rires de la salle) Je préfère que vous riiez plutôt que vous siffliez... (sourire)
Je pense, mesdames et messieurs, que ce sujet dont vous débattez aujourd’hui est tellement exigent, passionnant, grave, que ça devrait être un sujet d’intelligence nationale. Je pense que le sujet de l’Europe, de la place de la France dans l’Europe, de la Belgique ou de l’Italie dans l’Europe, doit faire l’objet de manière urgente, et je l’ai dis au Président de la République actuel comme précédent, d’un débat qui n’a jamais eu lieu dans notre pays normalement. C’est pourquoi je suis si content de répondre à votre invitation. Pourquoi faut-il attendre une crise ou des crises, la vache folle, une crise financière, un référendum, je n'ai pas oublié celui de 2005 vous non plus d’ailleurs, une guerre, pourquoi faut-il toujours attendre les moments dramatiques pour parler d’Europe chez nous ? Ceci alors même que 60% des lois, des normes, des règles qui sont celles de la vie quotidienne des entreprises, des PME, des citoyens, des consommateurs, ne sont plus élaborées par nous-mêmes Français, l’Assemblée nationale ou le Sénat tout seul. Ce ne sont pas les autres qui le font pour nous, mais nous qui le faisons avec les autres et nous avons choisi de le faire avec les autres. Comment se fait-il qu’il y ait cette fracture non seulement entre les citoyens et le projet européen, mais cette fracture entre la construction européenne, la construction de ces lois, ces normes et le débat national qui est tellement je le redis, hexagonal ? Voilà, je suis donc heureux de venir témoigner aujourd’hui, à ton invitation François.
Un Commissaire européen, ce n'est pas un super technocrate apatride et asexué, c’est un homme ou une femme politique. Je revendique cette qualité là. Je pense d’ailleurs, depuis très longtemps, que lorsque les bureaucrates ou les technocrates prennent le pouvoir - à Bruxelles, cela arrive, ou à Paris - c’est tout simplement parce que les hommes politiques leur ont laissé le pouvoir. Voilà, ce que je crois. Il faut remettre de la politique, remettre de la démocratie. Moi, j'ai voulu me présenter aux élections européennes en 2009. Je savais que, avec la confiance de Nicolas Sarkoz,y je pouvais redevenir Commissaire européen, mais je voulais être légitime et puis nous avons été investis par le Parlement européen qui lui aussi est légitime, c’est même la seule institution directement élue. Il faut remettre de la politique, de la démocratie, surtout avec ceux qui ont tendance, qu’il s’agisse des bureaucrates ici, ou de la finance comme vous le disiez, à vouloir prendre le pouvoir.
Chers amis, mesdames et messieurs, nous sommes dans un moment grave et exigent. Jamais notre continent n’a été confronté à autant de crises en même temps, qu’elles viennent de l’extérieur, comme la crise financière il y a 5 ans ou la stabilité du monde qui nous concerne au premier rang avec cet immense continent d’avenir qu’est l’Afrique, juste à côté de nous. Des crises qui sont les nôtres, en France ou en Europe : la dette, le manque de compétitivité, le chômage, des crises globales dont pour moi la plus grave et la plus profonde - nous en parlons moins mais on a tort - celle du changement climatique. Comme François, je viens de la montagne et ça reste notre fierté et notre sobriété. J’ai présidé un Conseil général pendant 17 ans, celui de la Savoie. Un tiers de l’économie de mon département repose sur les sports d’hiver, sur la neige. Quand vous regardez les conséquences sur l’enneigement - tout à l’heure je rencontrais un viticulteur, je pourrais dire la même chose sur le temps de l’avancé des vendanges depuis 20 ans, dans le Midi, trois semaines de mieux - quand vous regardez l’évolution du changement climatique, le fait que nous allions gagner un, deux, ou trois degrés d’ici la fin de ce siècle, sur l’économie d’une région comme la mienne vous voyez bien que la question du changement climatique intéresse tout le monde, la vie quotidienne, la manière de produire, de consommer, de se transporter, de notre génération et pour les générations qui vont suivre.
Toutes ces crises sont là en même temps et la vraie question est : comment les affronte-t-on ? Est-ce que c’est chacun chez soi ou chacun pour soi ? Ou est-ce que c’est mieux ensemble ? Jamais nous n’avons eu autant de crises à affronter, jamais nous n’avons eu à faire face à une telle attaque contre l’Europe en tant que bouc émissaire de toutes les colères - dont certaines sont justifiées - de toutes les démagogies, de toutes les hypocrisies, de toutes les faiblesses nationales aussi. Et jamais nous n’avons eu à faire face, partout en Europe - en Italie, en Belgique, aux Pays Bas, en Finlande, chez nous - à une telle montée des extrêmes, des populismes, de droite ou de gauche et avec eux du protectionnisme c’est-à-dire à cette réponse tellement court terme, la politique de l’autruche, du repli national voir du repli nationaliste. Alors, il nous faut faire attention. Et, mesdames et messieurs, chers amis c’est pourquoi je suis venu vous parler.
C’est le moment. C’est le moment de s’engager quand nous ne le sommes pas déjà, c’est le moment de marcher au milieu de la route, c’est le moment de ne pas avoir l’Europe honteuse. Je l’ai dis à l’UMP, je l’ai dis à l’UDI, j’irais le dire au Parti socialiste s'il le faut ou chez les Verts. Ce n’est pas une question de parti, c’est la question de tous les citoyens d’un pays, lucides, qui doivent regarder le monde tel qu’il est pour eux-mêmes et pour leurs enfants. C’est le moment de comprendre et d’expliquer que la défense de l’intérêt national, François disait cela tout à l’heure d’une autre manière, ne peut plus être seulement nationale. Je parle bien de l’intérêt national, comme quelqu’un qui s’est engagé, et ça reste ma principale fierté, quand j’avais 14 ans derrière le Général De Gaulle. Mais De Gaulle, quand vous relisez ses discours, vous n’y trouvez jamais le mot de mondialisation, jamais, même si c’était un homme ouvert sur le monde, vous ne trouverez pas le mot internet, le mot écologie. Ce monde a changé et notre première responsabilité, en tant que patriotes français, c’est d’expliquer que la défense de l’intérêt national de la France ne peut plus être seulement national aujourd’hui si nous regardons bien et que nous expliquions correctement le monde tel qu’il est.
Chers amis, j’ai un tableau favori. Il m’a été donné en main propre par le premier ministre britannique, mais ce n'est pas la raison pour laquelle c’est mon favori. M. Cameron a publié un document il y a quelques deux ans, pour soutenir mes efforts sur le marché intérieur. J’aurais aimé qu’il fasse le même document pour soutenir mes efforts sur la régulation financière, mais enfin ça marche quand même. Dans ce tableau, pour m’encourager à relancer le marché intérieur dont j’ai la responsabilité avec certains de mes collègues, il a publié cette page : ce sont les dix pays les plus puissants du monde maintenant, en 2010-12 et tous les dix ans jusqu'en 2050. Il y a quatre pays européens aujourd’hui parmi les dix plus grosses puissances économiques du monde, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie. Et qu’est ce qu’on voit sur ce tableau, qui a été fait par Mr Cameron donc qui doit être juste ? Tous les dix ans, un pays européen est éjecté du tableau, ett en 2050 - c’est le temps de nos enfants - dans le G8 il n'y aura plus aucun pays européen, plus un seul. Le 9e sera l’Allemagne et le 10e, c’est eux qui ont fait le tableau, sera l’Angleterre. Est-ce que c’est ça que nous voulons ? Est-ce que c’est ça que nous acceptons et à quoi nous nous résignons ? De ne plus être à la table de ceux qui vont, quand ce n’est pas déjà le cas, décider de l’ordre ou du désordre du monde ?
Je ne me suis pas engagé en politique pour accepter d’être hors du tableau, pour accepter que mon pays et l’Europe soient derrière la table à regarder ce que ceux qui sont assis, solidement cramponnés : les États-Unis depuis longtemps, la Chine deuxième puissance du monde et bientôt la première, l’Inde qui aura dans 20 ans plus d’habitants que la Chine, le Brésil et la Russie qui est revenue. Que ces pays décident pour nous ? Je n’ai pas envie que la France et l’Europe soient spectateurs. Je veux que nous soyons acteurs de notre propre destin et comment sommes-nous acteur ? Devant ces pays, qui sont de véritables État-continent par leur taille, leurs populations et leurs ressources naturelles, qui n’ont besoin de personne, comment sommes-nous à la table ? Cette question, chers amis, posez-la à n’importe quel citoyen autour de vous, même ceux qui sont tentés de voter pour Mélenchon ou pour Le Pen.
Les Français sont plus intelligents que certains hommes ou femmes politiques je le crois. Ils sont capables de comprendre que la réponse à cette question c’est que nous ne pouvons pas être seuls, nous Français, Italiens ou Belges. Nous ne serons plus à la table si nous n’y sommes pas ensemble. Seuls, nous sommes condamnés, c’est la vérité, à être définitivement sous-traitant et sous influence des Chinois et des Américains. Est-ce qu’on veut être sous-traitant ou sous influence ? La réponse pour moi est clairement non. Si c’est non, il faut être ensemble. Voilà comment nous devons refaire la preuve de l’Europe. Bien sûr, nous restons fiers de ce qu’ont fait nos pères ou nos grands-pères depuis 60 ans, mais nous ne faisons pas de la politique avec de la nostalgie. Nous pouvons avoir des souvenirs, nous devons tirer les leçons, mais il faut regarder devant et quand vous regardez devant vous regardez ce qu’il y a sur ce tableau. C’est aussi simple que ça et je parle bien d’économie, d’immigration, d’écologie, du monde numérique qui change tout lui aussi. Je parle bien de l’emploi, en parlant de ce monde là. Voila pourquoi il faut aligner, chers amis, aligner vite, urgemment, le débat politique et les réponses qu’il doit apporter sur la dimension des problèmes qui ne sont plus des problèmes nationaux et qui parfois ne sont même plus des problèmes continentaux.
La bonne réponse, la réponse vitale pour nous Français, elle est au moins une réponse continentale dans ce monde. Il ne suffit pas de faire le diagnostic. Je ne vais pas être trop long, parce que vous avez beaucoup de gens à écouter, beaucoup de chose à dire, mais je voudrais télégraphiquement, ayant fait ce diagnostic qui doit être porté par chacun d’entre vous, autour de vous, dire que le renouveau qui est ici inscrit comme un devoir. Il passe par l’engagement, votre engagement et le nôtre, par notre comportement au milieu de la route. Il passe par la démocratie, par le débat public, nous aurons une belle occasion avec les élections européennes, nous en reparlerons plus tard. Mais le débat public, c’est aussi ce que j’ai dis tout à l’heure : c’est que dans ce pays, nous prenions l’habitude de parler des questions européennes normalement et je dirais même, François, que nous prenions l’habitude d’en parler ensemble.
L’Allemagne ne va pas tarder, après ces élections, à nous dire quel est son projet européen. Elle le fera avec beaucoup de force, soyez-en sûr. Alors allons-nous attendre que les Allemands nous disent quel est leur projet, sans avoir préparé le nôtre ? Préparer les idées françaises, le projet européen de la France, ce n’est pas seulement le Président Hollande qui peut le faire ou le Parti socialiste, surtout dans l’état où il est. Ce n'est pas l’UMP où je sens, avec un peu de tristesse, quelques fois des tendances populistes. Je le leur ai dis à mes amis de l’ UMP : si vous cherchez à être populistes, vous ne ferez jamais mieux que les vrais populistes. Ce n’est pas non plus les centristes ou les Verts seuls, chacun dans leur coin. Il y a là un sujet de débat national, non pas d’Union nationale mais d’intelligence nationale pour élaborer les bonnes idées du projet européen de la France.
L'engagement, la démocratie, le débat public et puis, chers amis, le changement. Je vous le dis comme quelqu’un qui est revenu à Bruxelles il y 3 ans, non pas pour conserver mais pour changer, pour corriger une ligne économique qui a été depuis 25 ans une ligne - je le dis devant Guy Verhofsyadt, parce que je sais la différence entre les libéraux et les ultra-libéraux - qui a dévoyé le libéralisme, qui a caricaturé le capitalisme. Depuis 25 ans, le monde a été pris par un mouvement avec ce que l’on appelle la mondialisation, depuis exactement la rupture du mur de Berlin, qui a donné à la finance internationale un poids qui n’est plus acceptable. Nous n’aurons pas la mémoire courte chers amis ! Et notamment moi, pas à la place où je me trouve de Commissaire en charge de la régulation financière. Nous savons d’où cette crise financière est venue. Elle est venue d’un certain nombre de banques qui se sont crues tout permis ou plutôt à qui nous avons tout permis depuis 25 ans : pas de supervision, pas de gouvernance, des bonus insensés, on se fait d’autant plus payer de bonus que l’on prend de risques et ce sont les contribuables qui payent les risques évidemment, produits toxiques... Ça suffit !
Le deuxième message que je vous demande d’entendre, c’est que l’Union européenne qu’on critique tant, qu’on transforme en bouc-émissaire, elle bouge en ce moment sur cette question. J'ai la fierté d’y être pour quelque chose ! Vingt-huit lois ! Vingt-huit lois de régulation ! (applaudissements nourris). J’ai présenté depuis trois ans, vingt-huit lois de régulation, soutenues, améliorées et consolidées par le Parlement et parfois par les ministres. Aucun marché financier, aucun produit financier, aucun secteur financier n’échappera au bout de cet agenda. Mais nous ne sommes pas encore à une régulation et à une supervision publique !
Donc nous changeons et, mesdames et messieurs, dans les temps qui viennent il va falloir parler de changements, ne pas laisser cette exigence ou cette ambition du changement aux gens de l’extrême-droite ou de l’extrême-gauche. Voilà le combat qu’il faut mener. Il y a des choses à changer à Bruxelles, il y a des choses à changer en Europe, il faut changer l’Europe. Je suis revenu à Bruxelles il y a trois ans, volontairement, pour participer à ce changement, pour que nous retrouvions la ligne que nous avions abandonnée d’une économie sociale de marché, que nous retrouvions des règles, que nous remettions l’homme au cœur du projet européen, que nous fassions enfin que le marché unique, dont je suis le Commissaire, soit au service des PME et des consommateurs plutôt que d’être toujours au service des grands et des gros. Je ne vous dis pas cela simplement, même si cela me fait plaisir, pour me faire applaudir. Je vous dis cela parce que je le fais ! Vingt-huit lois de régulation et cinquante-cinq propositions pour remettre le marché intérieur au service de l’économie réelle, au service des territoires, au service des PME et des consommateurs par des projets très concrets. Mais ça ne suffit pas de faire tout cela. Je pense qu’il faut avoir d’autres ambitions, sur lesquelles je suis prêt à travailler avec vous, de manière très ouverte.
Une nouvelle politique industrielle. Pourquoi n'aurions-nous pas l’ambition de bâtir une politique industrielle du 21ème siècle ? Ce n'est forcement pas la même qu’il y a trente ans au niveau national. Nous avons bien eu la volonté de bâtir une politique agricole il y a 60 ans, pourquoi n'aurions-nous pas la même ambition de préserver les technologies clefs que nous sommes en train de perdre ? Quand je vous parle de politique industrielle, je ne vous parle pas de protectionnisme. Je pense que la bonne protection c’est l’investissement, c’est d’investir ensemble dans de nouvelles technologies, dans l’éducation, dans la recherche. C’est ne pas être naïf, que l’Europe finalement cesse d’être naïve et se protègre, en utilisant des outils de défense commerciale. La bonne protection c’est l’investissement et la bonne politique industrielle consiste à mettre des moyens privées et publics ensemble, pour développer les clefs de l’industrie.
Pourquoi vous dis-je cela ? Parce que je ne me résous pas non plus à ce que l’Europe soit simplement une terre de consommation, d’économie de services. Nous devons redevenir une terre de production et manufacturière, comme nous sommes restés une terre de production agricole ou agroalimentaire. Dans ce grand chantier de la politique industrielle d’un nouveau marché intérieur, il y a une place pour de nouveaux chemins, comme ceux que j’essaie de soutenir. L’entreprenariat social, ce que l’on appelle en anglais le Crowd funding. Il y a plein de nouveaux outils qui sont d’ailleurs encouragés par le monde numérique que nous devons soutenir et auquel nous devons faire une place. Politique industrielle, socle social et fiscal commun mais aussi politique démographique. Il faudra bien un jour que nous posions ensemble la question de notre réaction, celle d’un continent qui est le seul continent du monde qui va perdre cinquante millions d’habitants dans les trente années qui viennent, alors que partout ailleurs dans le monde il y aura une augmentation gigantesque de la démographie. Mais aussi la défense et la politique étrangère. Il faudra bien que nous posions toutes ces questions, comme celle, et j’en termine là, que dans cette Europe nous serons dans quelques jours vingt-huit pays, avec la Croatie, qui ne se ressemblent pas. Vingt-quatre langues différentes, des traditions, des cultures, dites-le bien autour de vous - même si certains poursuivent, et je les comprends, le rêve fédéral - que nous ne somme pas en train de construire une nation européenne. Il n’y a pas un peuple européen. Nous voulons préserver les identités, la diversité. Cela explique aussi que l’Europe soit un peu compliquée.
Ce n’est pas une option aujourd’hui que d’être européen en plus d’être patriote - je dis bien en plus d’être patriote - c’est une nécessité vitale. Nous sommes 7% de la population du monde, nous représentons 25% du PIB du monde, nous dépensons 50% des dépenses sociales du monde. Combien de temps cela va-t-il durer, sans réformes et sans être ensemble ? Quand je parle de réformes, je parle aussi de notre pays, parce que les réformes dont la France a besoin pour réduire son endettement, pour réduire son déficit pour retrouver de la compétitivité, ce n'est pas les autres qui vont venir les faire à notre place. Le premier courage consiste, pour retrouver la croissance, à reformer ce pays. Je souhaite d’ailleurs, je l’ai dis à mes amis comme je vous le dis aujourd’hui, si le gouvernement actuel a le courage de faire de vraies réformes, que l’opposition ait le courage de le soutenir.
Jean Monnet, qui est un des Pères fondateurs de l’Europe - quand je serai à la retraite, pas pour demain, je voudrais travailler sur la réconciliation de Monnet et de Gaulle, je pense que c’est le moment - à qui on demandait s'il était optimiste ou pessimiste répondait : "Je ne suis ni l’un ni l’autre, je suis déterminé'. Je pense, chers amis, et c’est pour cela que je suis heureux d’avoir répondu à cette invitation de François, que c’est vraiment le moment, sans naïveté, avec beaucoup de foi et d’ardeur, d’une nouvelle détermination européenne.
Merci à vous."