"La défense de notre langue et de notre culture est cruciale pour notre avenir"

Mardi sur i>télé, François Bayrou a pris la défense de l'exception culturelle française, jugée "réactionnaire" par le président de la Commission européenne.

Christophe Barbier - José Manuel Barroso considère comme réactionnaire la défense de l'exception culturelle, que lui répondez-vous ?

François Bayrou - C'est une déclaration blessante et qui montre qu'il y a un certain nombre de responsables qui ne comprennent pas ce qu'est la nature de la France et la vraie nature de l'Europe. Il faut le leur dire et, de ce point de vue, tous les responsables nationaux doivent se serrer les coudes. Nous devons leur dire que nous considérons la défense de la langue, de la culture et de la création française comme une chose absolument cruciale pour notre avenir et qu'il n'est pas question une seconde que nous abandonnions cette défense. Si la France demeure un des seuls pays dans lesquels il y ait création cinématographique, télévisuelle, ou une abondance d'éditions en raison du prix unique du livre, nous n'acceptons pas qu'on veuille ou qu'on prétende menacer cette volonté nationale. 

N'y a-t-il pas néanmoins de la frilosité à refuser d'envoyer cette culture forte dans le monde du libre-échange ? 

Non, cette naïveté-là, je crois que nous ne devons pas nous y laisser piéger. Bien entendu, il arrive que nos films, quand ils ont du succès, passent outre-atlantique ou soient l'objet de reprises. Mais il faut comprendre que, quand vous avez un marché d'un milliard ou d'un milliard et demi de personnes, parce que vous créez directement en anglais, et qu'en français vous n'avez qu'un marché de 150 millions si on ajoute tous les francophones de la planète... 

C'est inégal ?

Ça veut dire que c'est inégal et que le combat doit être mené en prenant en compte cette spécificité française.

Il semble désormais acquis que le recours à l'arbitrage dans l'affaire Tapis a été concerté et décidé en haut lieu. Est-ce qu'à votre avis il y a néanmoins cet élément nouveau suffisant pour obtenir l'annulation de cet arbitrage ? 

Sans aucun doute mais, si arrêtons-nous sur votre phrase, parce que ça passe comme ça très vite sur iTélé en quelques secondes. Vous avez dit "Il semble désormais acquis que ce recours a été préparé, concerté, organisé en haut lieu".

Des réunions à l’Élysée etc. 

Mais c'est bouleversant. Nous sommes un peuple qui a besoin d'avoir une confiance élémentaire dans ses dirigeants. Le fait qu'il apparaisse qu'une spoliation de 400 millions d'euros – une somme tellement astronomique que l'on ne peut pas se la représenter – dans un temps de disette où le pays n'a pas d'argent, puisse être préparée, acceptée ou organisée par les plus hauts responsables de l'Etat, en liaison avec ceux qui vont en être les bénéficiaires, est-ce que vous vous rendez compte de ce que ça veut dire ? Donc, pour répondre à la question, il n'y a aucun doute que dès l'instant que cette fraude, cette organisation – "escroquerie", disent les juges – sera établie, il faudra obtenir l'annulation de l'arbitrage et on pourra l'obtenir, je l'espère.

Le recours à l'arbitrage a été décidé mais rien ne prouve que ceux qui l'ont décidé pensaient que ça se terminerait par autant d'argent pour Tapie. 

Non, mais ils l'ont su très vite. Je veux vous rappeler que je suis, avec Charles de Courson, allé en justice pour obtenir l'annulation du recours à l'arbitrage. Et, une fois que le recours à l'arbitrage a été pris, pour obtenir un recours de la part de l’État. Nous sommes allés en justice, nous n'avons pas été retenus, parce que la justice très souvent est prisonnière d'habitudes et de jurisprudences qui n'ont pas grand chose à voir avec l'idée que les juges sont là pour obtenir une régulation de la société et du pouvoir. Mais il demeure que personne ne pouvait ignorer, et spécialement pas les responsables du ministère de l'économie, qu'il y avait débat, doutes et interrogations sur cet arbitrage.

Même s'ils avaient su tout cela, où est le mobile ? Pourquoi avoir donné tant d'argent à Tapie ? 

Je ne sais pas.

S'il n'y a pas de mobile, il n'y a pas de coupable. 

Chaque fois que ceux qui ont mené ce combat se croisent dans un débat ou dans la rue, ils se disent : "Est-ce qu'on progresse sur le mobile ?". Je ne sais pas mais je vais reprendre une idée que j'ai déjà exprimée. Je ne connais pas le mobile exact, je ne sais pas pourquoi cet arbitrage ou cet avantage indu a été voulu, mais je connais la cause. La cause, c'est que nous sommes un pays dans lequel tous les pouvoirs sont entre les mêmes mains. Quand le sommet décide, alors on exécute, partout. Or ceci est complètement anormal pour le sentiment de confiance que les citoyens doivent avoir dans leur pouvoir. 

C'était vrai sous Sarkozy, c'est vrai sous Hollande. Ne soyons pas naïfs, le gouvernement veut aussi empêcher Sarkozy de revenir avec cette affaire.

Non. Enfin, je ne soupçonne pas les juges d'avoir ce type d'attitude-là. Je sais bien que ce soupçon est répandu mais regardez, il y a des recours, il y a des actions ou des instances en justice qui peuvent être introduites, on le voit bien dans d'autres affaires.

Que vous inspire la lettre d'allégeance de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy ? "Je suis à tes côtés pour te servir", "J'ai besoin de toi comme guide et comme soutien".

Cyrano de Bergerac, depuis longtemps, a écrit sur cette affaire des choses définitives. Il y a parfois un sentiment de soumission qui s'introduit, qui n'est pas ce qu'on espérerait pour des citoyens de plein exercice. Il y a des gens ou des responsables qui croient que c'est en devenant serviles à l'égard du pouvoir que l'on progressera. Nous sommes quelques uns, peu nombreux, à prétendre que, au contraire, il faut des citoyens debout qui ne soient ni serviles, ni couchés devant personne. 

Et qui disent "Non merci". Fallait-il garder Stéphane Richard à la tête de Orange dans ces conditions ? 

C'est une responsabilité que le gouvernement a prise et que le Conseil d'Administration a avalisée pour Orange. J'espère que les développements de cette affaire ne montreront pas qu'ils se sont trompés gravement.

Autre affaire, autre juge, toujours Sarkozy. Dans l'affaire Bettencourt, est-il sain, serein, de dessaisir le juge Gentil ? 

Je n'en sais absolument rien parce que je ne connais pas l'affaire Bettencourt et je n'ai aucune idée de ce qu'il y a dans le dossier. 

Un expert qu'il a emmené et qui était lié à lui... 

Ce que je sais et qui mérite une réflexion, c'est ceci. On nous a dit que les juges étaient partiaux. Cet après-midi, nous allons vérifier que la justice en France a des voies de recours, y compris quand elle prend des décisions contestées. Il y a un juge pour faire appel d'une erreur éventuelle d'autres juges.

À Villeneuve-sur-Lot, appelez-vous à voter dimanche pour le candidat UMP ? 

Tout le monde voit bien qu'il faut réunir les voix républicaines mais l'ambiance des électeurs français est aujourd'hui tellement déstabilisée qu'il faut vraiment faire des efforts sérieux en ce sens.

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