"La loi Macron seule ne suffira pas à relancer l’activité du pays"

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Invité du journal de 12h30 sur France Culture, Robert Rochefort est revenu sur la situation grecque, Syriza et la loi Macron.

Bonjour Robert Rochefort, député européen du MoDem.

Bonjour.

Est-ce que vous avez lu le livre de ce nouveau Ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis ?

Comme on dit souvent, je ne l’ai pas lu mais j’en ai entendu causer.

Vous savez ce qu’il y a dedans. Que pensez-vous que les Européens vont trouver ? Vont-ils trouver un accord avec les Grecs sur cette dette ?

Alors je pense que ce matin, il s’est dit 2 choses. La première c’est, classiquement, pourquoi faudrait-il que les Européens paient pour la Grèce la dette qui serait éventuellement effacée. Mais ceci est une pétition de principe parce qu’il est exact que la dette, telle qu’elle était, n’était pas soutenable pour les Grecs. Mais le deuxième sujet – qui est peut-être le plus important – c’est qu’est-ce que les Grecs vont faire comme réforme à l’intérieur de leur pays, pour eux-mêmes ?

Je crois que, là où il ne faut pas se tromper, les difficultés de la Grèce ne viennent pas de l’Europe, elles viennent de la Grèce elle-même, dans le passé – on en a parlé avec tous les trucages des comptes – mais également dans le passé récent.

Mais on peut dire qu’ils ont quand même fait beaucoup d’efforts.

Non, dans le passé récent, ils ont appliqué bêtement une politique d’austérité mais sans justice sociale en face. Vous savez bien que l’on a maintenu les exonérations fiscales de tout un tas de structures, en particulier de l’Eglise en Grèce. Et donc, on ne peut pas imposer à un peuple de l’austérité sans de la justice. Ce manque de justice ne vient pas que de l’Europe, il vient des Grecs eux-mêmes.

Donc avec Syriza, cela va s’arranger ?

Non, pas forcément. Parce que je crois que ce que fait Syriza – et c’est là où le sujet va intervenir – quand on réaugmente le SMIC – je ne dis pas que ce n’est pas justifié pour les gens qui touchent peu d’argent - quand on recrute de nouveaux des fonctionnaires, est-ce que l’on s’assure pour autant que l’économie grecque va redevenir compétitive ou pas ?

Elle n’était pas redevenue compétitive.

Elle était en train de commencer à sortir de la pure récession. Donc la question qui se pose, on va renégocier la dette. Vous avez d’ailleurs vu en Europe, il n’y a même pas eu de vrais soubresauts sur les bourses. 

Donc il va y avoir un arrangement ? C’était prévu aussi.

Parce que c’était prévu, parce que ce n’est pas une dette qui est colossale et puis parce que l’on a plein de curseurs, on peut jouer sur plein de choses : le taux d’intérêt, ce que l’on appelle la maturité de la dette c’est à dire l’allonger encore et on peut jouer sur l’effacement d’une partie de la dette. Vous avez compris que lorsque Monsieur Sapin dit que l’on ne peut pas supprimer la dette, il dit en creux « On peut la réduire », parce que, sinon, il aurait dit « On ne peut ni la supprimer ni la réduire ».

Alors, finalement, tout cela va permettre un arrangement parce que le risque est trop grand pour tout le monde, que cela se passe mal, n’est-ce pas ?

Bien sûr qu’il peut y avoir un arrangement. Mais encore une fois, la solution viendra des Grecs. La question fondamentale qui se pose c’est comment l’économie grecque redémarre. Donc dans Syriza, il y a une bonne nouvelle : c’est le fait de faire des réformes de justice sociale. Il y a une nouvelle qui est moins évidente : c’est comment on relance l’économie en Grèce elle-même.

Alors, on parle de l’Europe justement un peu plus largement. Les prix qui diminuent de 0,6% en janvier dans la zone euro, une baisse de 0,2% en décembre – cela fait donc 2 fois de suite des baisses – cela peut être considéré comme le début d’une déflation ? En tout cas une menace de déflation qui persiste, c’est à dire la baisse des prix sur une période prolongée qui entraine à son tour, on le sait, une baisse des salaires puis de la consommation. Le chômage, cela va légèrement mieux avec un léger recul en décembre – je parle toujours de la zone euro. Mais il y a quand même 18 millions de personnes qui sont encore au chômage.

Si c’est cela que vous voulez me faire dire, l’Europe ne va pas bien. La question est de savoir si l’on va un petit mieux quand même. Il y a 2 ou 3 choses positives. La première c’est qu’il y a Monsieur Draghi. Alors ce n’est pas le sauveur du peuple européen mais il a quand même fait son job avec ce que l’on sait depuis quelques jours et le rachat massif de dette souveraine. A côté de cela, il y a Monsieur Juncker. Il essaie de faire un plan d’investissement et là c’est bien différent de ce que faisait Monsieur Barroso. On sait qu’en Europe il faut 3 choses pour que cela reparte : un plan d’investissement, avec du financement – j’aimerai d’ailleurs que les Etats, l’Allemagne mais aussi la France, mettent plus de sous dans le pot commun puisqu’en particulier il aurait autorisé de mettre des sous sans que cela ne dégrade leurs taux de déficit - ; deuxièmement il faut effectivement avoir une politique monétaire telle que le fait Monsieur Draghi ; et il faut des réformes structurelles pays par pays, ne l’oublions jamais. Ce sont les 3 à la fois. Si l’on ne fait pas l’un des 3, cela ne marchera pas.

Sur l’actualité économique, notamment la politique du logement, faire des économies pour être plus efficace, vous croyez à cela, Robert Rochefort ?

Oui, parce que l’exemple du logement est spectaculaire. C’est le cas dans beaucoup de politiques en France. On dépense beaucoup d’argent et on n’a pas l’efficacité que l’on voulait. Alors sur le logement, des idées simples : tout l’argent que nous mettons en place aboutit à quelque chose qui est en fait de favoriser la spéculation sur les prix de logement. C’est à dire que l’on solvabilise et on fait monter les prix mais on ne permet pas la construction là où il y a des vrais besoins. C’est cela le vrai drame, parce que la politique du logement coûte extrêmement chère et on n’a jamais aussi peu construit en France qu’en 2014.

Je vais vous faire une proposition très simple : il faut effectivement déplacer les aides, les placer sur ce qui permettra de construire là où il y a des besoins. Et il y a 2 ou 3 idées très simples. Premièrement il faut que le prix de la terre, le prix du foncier comme on dit, dans les endroits en tension soit du prix qui ne soit pas cher et il faut pour cela – peut-être avec des fonds publics de l’Etat – que l’on permette aux collectivités territoriales, aux établissements publics, aux entreprises qui ont plein de friches et plein de terrains de les rendre sur le marché en les mettant à un prix extrêmement bas de façon à ce que l’on puisse construire le moins cher possible. Deuxièmement, réduire les normes. Troisièmement réduire les délais parce que c’est trop long en France entre le moment où l’on décide de construire et le moment où l’on construit vraiment.

Et quatrièmement, le MoDem d’accord avec la politique du gouvernement ? 

Pour l’instant, il n’y a pas de politique, il y a un rapport, on va bien voir. Indirectement, vous voulez parler de la loi Macron donc. C’est le vrai sujet aujourd’hui. La France va mal économiquement. Quand un malade va mal, qu’est-ce que l’on peut faire ? On peut faire de la chirurgie lourde mais c’est effectivement avasif, et on ne sait pas si le malade va en sortir. Avec la loi Macron, on fait des piqûres hypodermiques, ce sont plein de petites piqûres et avec celles-ci on pense que cela va amener suffisamment de produits pour guérir le malade. Des fois, nous ne pouvons pas faire autrement. C’est ce que fait la loi Macron. La question est de savoir si le nombre de petites piqûres que l’on va faire au final seront suffisantes pour relancer ou pas le malade. Je n’en suis pas sûr dans cette situation et évidemment du coup il manque les grandes mesures, tout le monde le sait bien. En l’occurrence, malgré tout, est-ce que par rapport à ces petites piqûres, ces petites mesures, faut-il être contre ? Non, je pense qu’il y a des choses qui sont positives dans la loi Macron. Je pense par exemple à l’actionnariat salarial et à cet égard, oui cela va dans un sens qui est positif. Mais c’est absolument loin d’être suffisant et cette loi seule ne suffira pas pour relancer l’activité dans notre pays.

 

 

Merci beaucoup Rober Rochefort d’avoir accepté notre invitation.   

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