"Le bicamérisme est l’assurance d’une chose essentielle : l’équilibre de la République"

Jacqueline_Gourault-JG

Pour la première fois de son histoire, le Sénat a désigné mercredi 8 octobre 2014 trois femmes vice-présidentes, dont Jacqueline Gourault. La sénatrice du Loir-et-Cher s'est confiée à nous sur l'exercice de ses nouvelles fonctions.

En tant que vice-présidente, vous allez être chargée d’assister le nouveau président du Sénat, Gérard Larcher. En quoi consiste votre nouveau rôle concrètement ? Pourra-t-on vous voir régulièrement présider une séance en allumant Public Sénat ?

Avant toute chose, je voudrais rappeler qu’un vice-président reste un sénateur ! Certaines personnes me demandent si je vais continuer à siéger dans une commission, à voter des lois… Je réponds donc bien entendu par l’affirmative.

Aujourd’hui, nous sommes huit vice-présidents au Sénat. Les jours de séance sont généralement le mardi, mercredi et jeudi. Si les textes sont longs et demandent davantage de temps pour être étudiés, des séances peuvent également avoir lieu le vendredi.

Dans une journée, il y a trois « séquences » : le matin, l’après-midi et le soir. Les huit vice-présidents président à tour de rôle la séance dans l’hémicycle, quand le président du Sénat n’est pas sur le plateau. Le partage du calendrier se fait donc selon nos disponibilités respectives. Bien sûr, il existe des semaines où la présidence est impossible pour l’un d’entre nous, car d’autres impératifs s’immiscent dans notre agenda.  Mais dans ce cas, on s’arrange entre collègues ! (Rires). Pour ma part, je commencerai à présider mardi 14 octobre après-midi et mercredi 15 octobre en soirée.

Le président du Sénat est, rappelons-le, le second personnage de l’État après le Président de la République. Gérard Larcher dirige les débats de la Chambre haute du Parlement pour les moments les plus décisifs : les débats de politique générale, les questions d’actualité au gouvernement, les textes de haute importance comme celui sur la réforme territoriale…

Suite aux élections sénatoriales du 28 septembre dernier, 43 sénateurs sont inscrits au groupe UDI – UC, alors qu’auparavant le groupe comptait 31 membres. Comment expliquez-vous cette nette progression ?

Les bons résultats de ces élections sénatoriales sont avant tout la conséquence directe des élections municipales 2014. Le centre a remporté un nombre conséquent de villes, en formant des listes autonomes ou en association avec l’UMP. Il y a donc un peu de mathématiques là-dedans : plus de grands électeurs centristes donnent plus de sénateurs centristes !

D’autre part, dans le monde des élus locaux, le réalisme, le réformisme du centre trouve souvent un écho très large. Nous sommes quelque part des « modérés », mais des modérés pragmatiques. Il n’y a pas de mystère : les sénatoriales, c’est avant tout l’élection de personnes très ancrées dans leur territoire.

Nous avons aussi, il faut le souligner, préparé ces élections de façon concertée entre les différentes familles du centre. J’ai retrouvé d’ailleurs parmi les nouveaux sénateurs centristes des hommes et des femmes que je connais depuis longtemps et cela fait plaisir. Rappelons d’ailleurs, c’est toujours utile, qu’au Palais du Luxembourg tous les centristes sont dans le même groupe ! Raison pour laquelle d’ailleurs – permettez-moi une anecdote – il y a trois ans j’ai insisté vigoureusement auprès de mes amis centristes pour que le groupe s’appelle bien aussi « UC » pour « Union centriste ».

On a le sentiment aujourd’hui qu’il faut redorer le blason du Sénat. Certains détracteurs disent même que c’est une espèce en voie de disparition ! Un sondage IFOP pour Ouest France paru en septembre laissait paraître que seul un Français sur deux considérait que le Sénat jouait un rôle important dans la vie politique. En quelques mots, pourquoi le bicamérisme est-il au contraire indispensable selon vous ? Comment peut-on œuvrer pour que le Sénat retrouve son rôle plein et entier ?

Le bicamérisme est l’assurance d’une chose essentielle : l’équilibre de la République. On ne confie pas tous les pouvoirs à une seule assemblée, surtout quand un seul parti dispose de la majorité absolue !

Le Sénat a effectivement besoin d’être réformé, comme beaucoup de nos institutions d’ailleurs. Son mode de fonctionnement pourrait par exemple être plus moderne, plus transparent. Gérard Larcher l’a d’ailleurs souligné lors de son premier discours de président*.

Bien sûr, certains diront que des sénateurs ont entaché l’image du Sénat, par exemple à cause de dérives financières. Mais à mon sens, cela n’est pas spécifique au Sénat et touche autant les deux chambres.

* "Nous avons une responsabilité collective. Il faut que nous donnions au Sénat plus de force, que nous fassions entendre sa voix, que cette question lancinante sur l'utilité d'une assemblée ne nous soit plus posée. […] Il nous faut démontrer que le bicamérisme est indispensable à l'équilibre de nos institutions".

Discours de Gérard Larcher, succédant au plateau au socialiste Jean-Pierre Bel, mercredi 1er octobre 2014

Le Sénat, par rapport à l’Assemblée nationale, donne l’impression que les frontières partisanes peuvent être plus facilement dépassées. Par exemple, vous aviez été co-auteure avec le socialiste Jean-Pierre Sueur d’une série de mesures destinées à améliorer le statut des élus locaux, qui avait été adoptée à l’unanimité. Les postures sur le fond sont-elles toujours privilégiées face aux postures « politiciennes » ?

Au Palais du Luxembourg, aucun parti n’a la majorité absolue. Cela nous oblige donc déjà à nous entendre avec nos voisins… Ensuite, nous sommes en quelque sorte les « élus des élus » et donc sur des sujets transversaux, par exemple celui des collectivités territoriales, le clivage gauche-droite n’a aucun sens. Évidemment, sur des sujets de société, les frontières partisanes peuvent réapparaitre... et encore !

Pour la première fois de son histoire, le Sénat a désigné mercredi dernier trois femmes parmi les vice-présidents. Avec cet événement, on fait le lien immédiatement avec un autre débat, celui de la difficulté des femmes à se faire reconnaître dans le milieu politique. Sentez-vous une évolution des mœurs à ce sujet ?

Il me semble qu’il y a 25 % de femmes au Sénat. Il est certain que lorsque l’élection a lieu à la représentation proportionnelle, cela joue un rôle favorable à l’entrée des femmes dans l’hémicycle. Cela est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui la représentation proportionnelle concerne davantage de départements : ceux où sont élus trois sénateurs ou plus et non quatre comme avant.

Par ailleurs – on en revient à une logique mathématique – vu qu’il y a plus de grands électeurs de sexe féminin, il y a plus de candidates, et donc plus de chances d’élire une sénatrice…

Bien sûr, on continue à voir des méthodes peu « fair-play »… Par exemple, on a vu certains sénateurs sortants multiplier les listes et figurer sur la tête de chacune d’entre elles de manière à se faire élire. S’ils avaient tous figuré sur la même liste - et comme celles-ci doivent être paritaires - une ou plusieurs femmes auraient pris leur place, et ils n’auraient pas été réélus.

L’évolution de la société est lente, certes… Mais je crois qu’il faut avant tout se réjouir du fait que trois femmes figurent parmi les vice-présidents au Sénat.

 

 

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