"Le catalyseur Bayrou" par Denis Jeambar

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Dans les colonnes de Nice Matin, le journaliste et écrivain Denis Jeambar soutient que François Bayrou est un "sas électoral" pour tous les déçus du hollandisme et du sarkozysme. L'ancien patron du Point et de L'Express voit en lui le catalyseur d'un triple rejet, celui de Nicolas Sarkozy, de François Hollande et de Marine Le Pen.

Par Denis Jeambar

Soutien déclaré et loyal d'Alain Juppé mais entretenant sans cesse son image forgée par plus de trente années de vie politique, une expérience gouvernementale et trois candidatures à l'élection présidentielle, François Bayrou est, aujourd'hui, en embuscade. Il n'est pas tapi dans l'ombre mais il entretient jour après jour son capital. Au cas où ! Il a pris, bien sûr, un engagement ferme pour 2017 : il ne se lancera pas dans la bataille si Alain Juppé remporte la primaire de la droite. Il a même conclu un pacte avec lui qui permettrait au centre de retrouver plus de place sur la scène politique. Mais si Alain Juppé était défait et devait renoncer à la compétition de 2017, François Bayrou se présenterait sans hésiter.

Et pour cause ! Jamais, en effet, il ne s'est trouvé en aussi bonne position dans les sondages à un an d'une présidentielle. Son socle électoral, aujourd'hui, se situe, selon les enquêtes entre 13 et 15 %. Une base solide pour espérer faire mieux qu'en 2007 lorsqu'il obtint 18,57 % au premier tour de la présidentielle. Il avait alors débuté sa campagne à 8 %, grimpé jusqu'à 22 % six semaines avant le scrutin et fini en troisième position. 2017 lui offre une configuration nouvelle avec de vrais atouts s'il se présente face à François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et les autres.

François Bayrou est d'abord un sas électoral pour tous les déçus du hollandisme. Sa candidature serait, d'ailleurs, la pire des nouvelles pour François Hollande qui verrait son capital déjà très faible fondre encore plus. Le chef de l'État courrait alors le risque d'une terrible humiliation : non seulement être éliminé dès le premier tour mais finir même en quatrième position. Pour Nicolas Sarkozy, le risque d'être devancé par François Bayrou ne serait pas non plus négligeable. Certes, l'ancien président dispose d'une armée de fidèles qui semble inentamable : 20 % des électeurs le soutiennent envers et contre tout. Mais il souffre aussi d'une énorme impopularité que le président du MoDem peut exploiter pour rameuter des voix de droite.

François Bayrou, en vérité, peut être le catalyseur d'un triple rejet : de François Hollande, de Nicolas Sarkozy et, bien sûr, de Marine Le Pen malgré la quasi-certitude de la voir figurer au second tour. Dans une élection qui ne soulève pas l'enthousiasme des Français, y compris le favori actuel Alain Juppé, François Bayrou peut donc réunir le centre et les déçus du hollandisme et du sarkozysme.

Pour y parvenir, il peut avancer son indépendance et la justesse de ses analyses sur la situation du pays depuis longtemps. Il lui reste, cependant, s'il peut se lancer dans la bataille, à démontrer qu'il a une vision du pays et un projet convaincant. Ce qu'il n'a pas réussi à faire dans ses trois précédentes tentatives élyséennes. 

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