"Le drame qui se passe en Syrie ne pourra se résoudre que par la négociation"
Mardi sur i>télé, François Bayrou a déploré la "décision risquée" que représente la livraison d'armes aux rebelles syriens. À ses yeux, "ce drame ne pourra pas se résoudre par la force".
Christophe Barbier - L’Union européenne lève l’embargo sur les armes à destination des rebelles syriens. Est-ce une sage décision ?
François Bayrou - C’est une décision risquée.
Parce que ces armes vont aller dans les mains des islamistes ?
Parce que, lorsque l’on vend des armes, il faut savoir à qui on les vend. Nous avons l’expérience de la Libye où nous avons introduit des armes qui se sont retrouvées ensuite dans de nombreux mouvements, y compris contre nos soldats au Mali. Donc, François Hollande pour la France et David Cameron pour la Grande-Bretagne ont une responsabilité éminente de savoir à qui ils ont l’intention de transmettre ces armes.
Faut-il préférer une intervention militaire directe de l’Occident, notamment parce que des armes chimiques sont utilisées ?
En tout cas, nous devons évidemment multiplier les pressions sur toutes leurs formes, y compris physiques, pour éviter que ces armes chimiques ne soient utilisées. Mais je veux vous dire ceci, je ne crois pas que l’affaire syrienne, le drame qui se passe en Syrie, soit résumable à la lutte d’un dictateur contre un peuple qui se révolte. Je pense que ce drame a des dimensions communautaires avec les différentes communautés qui vivent à l’intérieur de la Syrie, et une dimension religieuse, intégriste et parfois même fanatique. Ce conflit-là ne pourra pas se résoudre par la force, il devra se résoudre forcément par la négociation.
La France joue donc assez finement en étant à l’initiative de cette conférence de Genève ?
Cela est très bien. C’est un très bon et juste choix. La France et l’Union européenne dans son ensemble, qui pour l’instant n’existe pas comme elle devrait exister, ont une responsabilité : empêcher l’explosion dont des communautés entières pourraient être victimes : les Chrétiens, les Alaouites qui pour l’instant avaient le pouvoir et une partie de la galaxie musulmane.