"Le moment nous offre un choix historique. Notre responsabilité est immense."

Ce lundi 22 janvier, à l’occasion du 55ème anniversaire du Traité de l’Elysée, l’Assemblée nationale et le Bundestag ont débattu d’une proposition de résolution parlementaire appelant à un nouveau Traité franco-allemand. Les débats se sont déroulés le matin à Berlin en présence d’une délégation française menée par François de Rugy, et l’après-midi à Paris devant une délégation allemande conduite par Wolfgang Schäuble, Président du Bundestag.

Nous vous invitons à découvrir ci-dessous l’intervention de Marielle de Sarnez, présidente de la Commission des affaires étrangères et première vice-présidente du Mouvement Démocrate, lors du débat dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

 

« Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,

Monsieur le Président du Bundestag,

Mes chers collègues,

Nous arrivons au terme d’une commémoration qui a commencé ce matin au Bundestag à Berlin, pour se poursuivre cette après-midi à l’Assemblée nationale à Paris.

Permettez-moi en premier lieu de saluer et de remercier la délégation allemande, et les députés du Bundestag présents ici dans les tribunes. Permettez-moi aussi de dire notre reconnaissance à Wolfgang Schäuble et François de Rugy pour avoir pris l’initiative de cette résolution et de cette séance communes, et pour la qualité et le contenu de leurs interventions d’aujourd’hui.

Pour tous ceux qui croient en l’Europe, c’est une journée qui compte et qui fera date.

Car nous ne sommes pas là seulement pour commémorer ! Sans aucun doute, le Traité de l’Elysée a été un tournant. Il a même été une pierre angulaire de la construction européenne.

Mais nous le sentons bien, l’essentiel des messages que nous partageons en cette journée, ces messages que toutes les sensibilités représentées dans nos assemblées ont voulu partager dans nos deux hémicycles, ces messages sont tournés vers l’avenir, l’avenir de nos deux pays, et l’avenir du projet européen.

Ce lien serré, unique, indestructible et si précieux entre nos deux peuples, il nous oblige, et il nous engage. Il nous place devant une responsabilité historique, celle de la refondation de l’Europe.

C’est maintenant que nous devons trouver en nous l’énergie, la volonté, l’envie, et si j’ose dire le bonheur conquérant de donner à l’Europe un nouvel horizon démocratique, politique, et social.

C’est maintenant qu’il nous faut agir pour réconcilier les peuples européens avec l’idée européenne et même avec l’idéal européen.

Telle est notre responsabilité.

Tel est le rendez-vous auquel nous devons répondre présent. Pour l’Europe, et pour le monde.

Jamais période ne sera plus propice.

Le nouveau contexte politique dans nos deux pays en offre l’opportunité. Le Brexit et les défis auxquels l’Europe est confrontée en créent la nécessité. Et les élections européennes de 2019 en fixent l’agenda.

Cela veut dire que le temps des atermoiements, et des renoncements doit désormais être laissé derrière nous, et que doit s’ouvrir le temps de la volonté politique et du projet novateur.

Et je me félicite de la volonté exprimée, de part et d’autre du Rhin, de façonner cette Europe nouvelle, et de le faire en assumant clairement le choix européen devant l’opinion publique à l’image du discours du Président de la République à la Sorbonne.

Nos deux pays ont plus que jamais une responsabilité conjointe à l’égard de l’ensemble européen, et de chacun des pays qui le composent.

Le premier chapitre de cette responsabilité nouvelle est de donner au débat politique européen une efficacité, une capacité à décider, une ouverture aux citoyens qui lui ont cruellement manquées depuis des années.

Il faut en finir avec l’incroyable distance qui existe entre dirigeants et citoyens, et l’opacité trop souvent érigée en principe de gouvernement.

Les peuples européens doivent être associés au contenu des politiques européennes, et les dirigeants européens doivent assumer, revendiquer devant leurs opinions publiques les choix qui sont les leurs.

C’est un changement de culture, c’est une véritable conversion démocratique qu’il faut conduire, qui permettra aux peuples européens de se réapproprier l’idée européenne, et de la faire vivre.

Deuxième chapitre de cette responsabilité nouvelle, notre modèle de développement. Nous avons, nous européens, un modèle économique et social unique au monde. Il nous faut le vivifier pour le préserver, pour le protéger et pour le faire grandir. Nous ne pouvons-nous contenter d’avoir une monnaie commune sans développer ensemble une politique économique et sociale. Sur cette question comme sur beaucoup d’autres, le statu quo n’est plus viable, n’est plus tenable.

Ce qui est en cause, c’est notre capacité à lutter contre les inégalités, à créer de l’emploi, et de la croissance pour tous, c’est le devenir de la zone euro, le devenir de l’intégration européenne, de la consolidation de nos institutions à un moment où, nous le sentons bien, le fossé se creuse en l’Europe, entre pays fondateurs, et pays de l’est.

Les temps ne sont plus à tergiverser. Il faut dès cette année, se mettre d’accord sur un calendrier de convergences fiscales et sociales. Cela veut dire harmonisation de l’impôt sur les sociétés, et agenda social européen, avec pour l’un comme pour l’autre de ces deux chapitres d’action commune, des objectifs de rapprochement progressif, et des calendriers précis.

De même, il faut nous doter d’une capacité à réguler les grandes puissances d’aujourd’hui, je pense aux GAFA, d’une capacité à avancer sur la réciprocité dans les échanges, et le droit des grandes zones de la planète à se défendre dans la compétition internationale. C’est aussi une capacité à produire enfin une politique industrielle et de recherche commune. Cela passe par une réforme ambitieuse de la zone euro, en la dotant d’une capacité d’investissement conséquente et d’un contrôle démocratique.

Sur tous ces sujets, nous le savons bien, rien ne se fera sans la volonté commune de nos deux pays.

Troisième chapitre de cette responsabilité, faire face ensemble aux défis du monde.

Les défis de ce siècle, nous les connaissons : c’est la sécurité de notre continent frappé par le terrorisme, ce sont les crises qui se multiplient aux portes de l’Europe, la Syrie, la Libye, l’Ukraine, ce sont de nouvelles inquiétudes sur l’instabilité du monde, c’est la crise migratoire et le droit d’asile, c’est le dérèglement climatique et ses conséquences, c’est le développement et le partenariat avec l’Afrique, c’est la mondialisation sans règles que certains tentent de nous imposer, c’est bien sûr le devenir de l’Europe et de son influence dans le monde, et c’est enfin l’équilibre du monde lui-même.

Il n’y aura aucune réponse pertinente et efficace à tous ces défis si nous ne sommes pas unis, si nous ne sommes pas solidaires, et si l’indépendance et la puissance de l’Europe ne sont pas consolidées.

De même, nous ne pourrons faire entendre notre voix dans le monde, agir pour le dialogue et le multilatéralisme, plaider pour un développement équilibré de la planète, défendre notre modèle, et nos valeurs, que si nous sommes solidaires et unis.

Dans les valeurs que nous revendiquons, la tolérance, la liberté de conscience, la liberté de penser, la liberté de croire ou de ne pas croire, le pluralisme, la laïcité, il y a bien une proposition faite au monde.

C’est dire l’importance de notre tâche. Faire de l’Europe une puissance tranquille, rayonnante, au service du bien-être de ses peuples et de l’équilibre du monde.

Chers collègues, messieurs les présidents, nous le voyons bien. Le moment nous offre un choix historique. Notre responsabilité est immense.

Je ne doute pas que nous saurons saisir le moment et que nous serons à la hauteur de l’histoire. »

 

 

Seul le prononcé fait foi.



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