"Le seul second tour qui donnera des garanties d'apaisement est celui où E. Macron sera sélectionné"

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Au micro d'Europe 1, le président du MoDem a défendu la réduction de la dette publique proposée par Emmanuel Macron et a rappelé combien le vote de dimanche devra être utile pour éviter à la France un second tour désastreux, tant pour son image que pour son avenir.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

L’attentat déjoué hier peut-il modifier le cours de l’élection présidentielle ?

En tout cas, il doit appeler notre attention – si ce n’est pas déjà fait, car les gens ne se rendaient pas compte – du risque auquel nous sommes tous les jours exposés, avec plusieurs choses préoccupantes à l’intérieur. La première de ces choses préoccupantes, c’est qu’une fois de plus, c‘est en prison que la radicalisation s’est jouée. Cela doit être pour nous quelque chose de très important. Cela veut dire qu’il faut bâtir au moins un système de renseignement pénitentiaire pour ceux qui ont la charge si difficile des prisons et qui sont exposés à beaucoup de violence.

Vous qui soutenez Emmanuel Macron, quelle est sa proposition-clef dans ce domaine pour lutter contre la radicalisation ?

Sa proposition-clef, vous le savez, tourne en premier lieu autour du renseignement. Ce n’est pas un hasard si Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense qui a la charge de la lutte contre Daech depuis plusieurs années, ce n’est pas un hasard s’il est dans son équipe. Ce n’est pas un hasard si le patron du Raid a décidé de le rejoindre, avec cette idée qu’il faut nous soyons armés et en même temps, que nous suivions au fur et à mesure qu’elles se produisent l’évolution des menaces.

Marine le Pen a fait de ce thème son thème privilégié de la campagne. Elle l’accentue ces derniers jours avant le premier tour : « avec moi, il n’y aurait pas eu de Mohamed Merah ni les terroristes migrants du Bataclan ». A-t-elle préempté ce sujet ?

Sûrement pas. Celui ou celle qui peut dire « avec moi, il n’y aurait pas eu d’attentats », celui-là est un menteur, quelqu’un qui essaie d’abuser l’opinion publique. Il n’y a aucun pays au monde, y compris parmi les plus autoritaires, je pense à la Russie, qui a réussi à éviter que des drames de cet ordre ne soient préparés et commis sur son sol.

Donc nous ne pouvons pas dire aux Français : « je me présenterai devant vous et avec moi, il n’y aura plus de risque terroriste ».

Ce serait un abus de confiance. Vous voyez bien que tout ceci, ce sont des propos de tribunes qui n’ont aucun rapport avec la réalité. Peut-être y’a-t-il au contraire le besoin de rassembler l’ensemble du pays pour lutter contre ces dérives et ces drames. Il n’existe pas de possibilité pour un pays, pour une nation, de lutter contre ces risques s’il ne se rassemble pas, s’il ne dépasse les affrontements et les mises en causes perpétuels auxquels nous assistons.

J’en viens à la campagne et à ces logiques de rassemblement. Le soutien accordé par N. Sarkozy à F. Fillon sur sa page Facebook est-il un apport décisif pour F. Fillon ?

D’abord, cela n’est pas nouveau.

Il ne l’avait jamais exprimé si clairement.

Mais si, il l’a exprimé chaque fois. Vos le savez bien, c‘est le même parti. C’est une logique qu’on comprend très bien. Ce n’est pas ce qui m’importe.

Si l’on regarde aujourd’hui cette élection, dans les quatre candidats que les sondages placent en tête…

Cet apport de N. Sarkozy à F. Fillon ne compte pas ?

Tout cela est d’un classicisme éprouvé. Ils sont du même parti et viennent dire entre eux, du même parti, qu’ils se soutiennent. Franchement, il n’y a rien de nouveau sans le soleil. Quelques fois, ils le font avec plus ou moins de crédibilité. Mais je ne veux pas m’étendre sur ce sujet. 

A. Juppé, que vous avez soutenu jadis, soutient F. Fillon également.

Je crois qu’il a exprimé beaucoup de distance – vous l’avez écrit sur votre site – à l’égard de telle ou telle proposition politique de formation du gouvernement.

Ce sont des propos rapportés du Canard Enchaîné, selon lesquels A. Juppé aurait des doutes sur la participation du mouvement Sens Commun au gouvernement que F. Fillon proposerait.

Je l’ai lu sur votre site. C’est très frappant. Quel est l’enjeu, aujourd’hui ? L’enjeu, c’est le second tour. Tous ceux qui nous écoutent savent que parmi les quatre personnalités, il y aurait, selon la sélection des uns et des autres, un second tour qui serait effrayant pour le pays. Certains seconds tours, comme Mélenchon-Le Pen, sont effrayants pour le pays, pour l’image du pays, pour son avenir, car les choix proposés sont extrêmement risqués.

Pour vous, cette probabilité d’un second tour Mélenchon-Fillon existe ?

Toutes les probabilités existent. Il y a plusieurs seconds tours possibles. Si c’était un second tour Mélenchon-Fillon, ce serait un victoire affichée de Mélenchon face à Fillon et un malaise incroyable à l’intérieur du pays. Le seul second tour possible, le seul second tour qui donne des garanties d’apaisement et de rassemblement du pays, c‘est celui où Emmanuel Macron aujourd’hui en tête dans les enquêtes soit sélectionné.

Face à qui ?

Nous verrons. Seuls les Français le savent. Je suis certain que nous sortirions de cette élection plus rassemblés que nous l’étions avant. Tout le monde voit bien que les propositions politiques qui sont les plus déportées sur la droite ou sur la gauche et qui, par exemple, disent : « nous allons sortir de l’Union européenne »… Est-ce que quelqu’un mesure quel chaos serait pour un pays, pour une économie, pour une société, la destruction de ce autour de quoi nous avons bâti nos dernières décennies ?

Vous parlez d’économie. Par le passé, lors de vos candidatures présidentielles, vous avez incarné la lutte contre la dette. Lors de votre dernière candidature en 2007, vous proposiez une réduction de 100 milliards d’économies. Cette dette a augmenté de 300 milliards d’euros. Emmanuel Macron ne propose que 60 milliards d’euros d’économies. N’êtes-vous pas déçu par la modestie du programme économie d’Emmanuel Macron ?

Non. Faisons un peu de calcul mental. Il se trouve que les 60 milliards que propose Emmanuel Macron, c’est pour une seule année. Si vous additionnez les économies au cours des cinq années, vous arrivez à une somme exigeante de l’ordre de 160 ou 170 milliards. Ne confondez pas l’économie sur une période et l’économie sur une seule année.

Dans le même temps, la dette a augmenté de 300 milliards d’euros… Le plan d’Emmanuel Macron vous paraît-il suffisant ?

Ne vous arrêtez pas là. Excusez moi… Si vous allez dans les chiffres, allez-y complètement. Vous dites : « la dette a augmenté de 300 milliards sur la période précédente », c’est vrai, mais lors du quinquennat précédent, avec N. Sarkozy et F. Fillon, la dette avait augmenté de 600 milliards ! Ne vous arrêtez pas à un seul chiffre, mais donnez la série de ces chiffres. En effet, les gouvernements au travers du temps n’ont pas fait ce qu’il fallait pour que les choses soient équilibrées. Emmanuel Macron a une caractéristique sur ce sujet. Il est le seul qui dise : « nous allons maintenir le déficit en-dessous de 3% ». Cela sera difficile, cela demandera des efforts considérables car dans le même temps, il faut investir et donner au pays les moyens de son développement et de sa justice. Le seul de tous qui prenne en compte cette question, c’est Emmanuel Macron. Je suis content que cela aille dans ce sens-là, même si je souhaiterais que le pays s’arme pour faire mieux.

François Bayrou, vous êtes le seul soutien qu’Emmanuel Macron a cité lors de son meeting à Bercy lundi dernier… Est-ce à dire que vous serez le Premier ministre d’un Emmanuel Macron, président de la République ?

Je sais bien que ce petit jeu vous passionne…

Ne me dîtes pas qu’il ne vous intéresse pas, je ne vous croirais pas !

Mais ce n’est pas le mien. Je vais vous dire les choses comme elles sont. Il n’y a que le président de la République élu, une fois élu, qui peut se poser la question de savoir de quelle manière son gouvernement sera constitué. Toute conversation sur ce sujet est vaine. Parce que cette conversation est vaine, je ne l’aurai pas.

Vous aimeriez l’avoir, cette conversation ?

Pas du tout. Au contraire ! Comprenez-moi : une élection présidentielle crée un paysage politique nouveau. Nous ne savons pas ce que sera ce paysage politique nouveau. Je souhaite seulement que ce paysage nous permette de faire avancer la pays en faisant sauter les frontières, les clivages et les murs aujourd’hui totalement écroulés.

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