"L'élection d'Emmanuel Macron sera le point final à cette crise politique"

Invité de la matinale de France 2, François Bayrou a insisté sur la proposition faite par Emmanuel Macron de rompre avec le hollandisme, ainsi qu'avec tous les quinquennats précédents.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Une fois n’est pas coutume, je vais commencer avec une Une, celle de Libération, ce matin. « Monsieur déloyal », voilà comment est présenté Manuel Valls. Vous avez toujours défendu une certaine éthique en politique.  Est-ce que tenir sa parole fait partie des valeurs qui comptent encore à vos yeux ?

Ce que Manuel Valls a tranché hier, c’est un débat intérieur personnel qui dure depuis longtemps et un débat qui est celui de la gauche toute entière. Pourquoi ? J’imagine – je ne suis pas son avocat, je n’ai pas l’intention de l’être, il est assez grand pour le faire – mais depuis la primaire, il y a eu une réorientation du programme de Benoît Hamon, puisque l’accord avec les écologistes a changé le cap, la direction sur des problèmes très importants, tels que l’économie, l’industrie, comment on fait de l’emploi en France... C’est sur ce cap-là que Manuel Valls a tranché.

Ce qui est en train de se passer et qui est pour moi historique, dont il faut prendre la mesure, c’est un événement qui va durer pendant des années et peut-être plus longtemps encore : c’est le rassemblement des réformistes.

Autrement dit, il y a trois positions dans la vie politique française : les conservateurs, qui veulent que rien ne change, ceux qui se présentent comme des révolutionnaires, et ceux qui disent que pour régler les problèmes du pays, il n’y a qu’une seule manière de faire : chaque fois qu’on en identifie un, il faut le corriger sans briser la société française.

Vous enjambez un moment important, qui est la présentielle. Nous n’y sommes pas encore dans cette recomposition. Est-ce que vous pensez que le ralliement de Manuel Valls est un acte fort ?

Ce n’est pas un ralliement. Il a dit : « je vote pour ».

Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie « j’adhère à la démarche d’Emmanuel Macron ».

Il faut nettement faire la différence. Emmanuel Macron l’a faite encore plus nettement que Manuel Valls. Manuel Valls dit de faire la différence, ne confondons pas tout. Il y a les soutiens, ceux qui disent « je vais aller voter », et il y a ceux qui ont vocation à participer à la nouvelle étape de la France. Ce n’est pas parce que l’on soutient qu’on est nécessairement dans la nouvelle étape du gouvernement.

Il est donc condamné à de la figuration ?

Non, ce n’est pas de la figuration. Vous voyez bien ce que Manuel Valls a devant les yeux. Le PS est aujourd’hui en train de s’effondrer sur lui-même, la droite aussi. Ces deux partis qui ont eu le monopole du gouvernement pendant des décennies vont être mis dans l’obligation de se reconstruire.

Nous n’y sommes pas encore.

Non, mais je vois cela se profiler.

Vous croyez les sondages ?

Non. Je ne parle pas des sondages, je vois ce qu’il se passe. Je parle avec les gens, je suis maire d’une ville. Je connais mes concitoyens. Je sais ce qu’ils pensent et ce qu’ils me disent. Ils sont absolument bloqués sur les autres options : le candidat de la droite et celui du PS ne les attirent pas. Il y a même des barrières qu’ils estiment, pour beaucoup, infranchissables.

Ils disent : « au moins, avec Emmanuel Macron, quelque chose d’autre va s’ouvrir ».

Quelque chose d’autre ? Quand vous voyez l’ancien Premier ministre de François Hollande dire qu’il va voter pour Emmanuel Macron, alors qu’Emmanuel Macron a toujours défendu un axe central, aujourd’hui, la droite a bon dos de dire que c’est le faux nez du hollandisme. Est-ce que vous vous dites « il faut veiller à ce qu’Emmanuel Macron garde cette position centrale », y compris avec des ralliements et des soutiens de droite, qui seraient les bienvenus ?

La presse a fait le compte. Il y a douze anciens ministres de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy qui veulent participer au soutien, à cette nouvelle page qui va s’écrire. Ce à quoi il faut veiller – c’était la première exigence de notre alliance – c’est à ce que ce soit une véritable alternance, que l’élection du mois de mai ouvre une page nouvelle pour la vie politique française.

En voyant arriver Manuel Valls, certains peuvent en douter.

Non, c’est ce qu’on veut faire croire.

Emmanuel Macron ne pourra gagner que si 10 ou 15 millions de Français, ou davantage, viennent voter pour lui. Ils sont tous là pour qu’une page se tourne. Aucun d’entre eux ne veut recommencer l’expérience des cinq années que nous avons vécues, ni celle des dix années qui ont précédé, pas le quinquennat actuel ni les précédents.

Comment pouvez-vous assurer aux gens qui nous regardent ce matin, qui pourraient être tentés par l’aventure Macron, que ce ne sera pas la continuité de François Hollande ?

Il faut que vous le compreniez. Emmanuel Macron a quitté la majorité de François Hollande. S’il ne l’avait pas fait, je ne serai pas avec lui. Il a dit : « la méthode de gouvernement que la France utilise et dans laquelle elle s’enferme depuis des années nous conduit à l’échec car on ne peut rien faire ».

Chaque fois qu’un gouvernement d’un bord prend position, l’autre bord prend position contre et cela bloque le pays. Choisir de ne plus être enfermé dans cet affrontement stupide, c’est ouvrir une page nouvelle pour le pays. Choisir l’axe, que j’appelle réformiste, c’est-à-dire qu’aucun des problèmes du pays ne va être laissé à l’abandon, que l’on va tout résoudre ou tout corriger chaque fois qu’on rencontrera une difficulté.

Une élection d’Emmanuel Macron ouvrirait-elle une voie à une crise politique ? Les deux partis habituels ne sont pas en situation, visiblement, d’être au second tour. Qu’est-ce que cela ouvrirait ?

Elle n’ouvrirait pas une crise, mais elle serait le point final à une crise !

Le PS et les LR, ces deux partis, parce qu’ils sont depuis trop longtemps dans le confort du pouvoir garanti, n’ont pas fait les efforts nécessaires ne serait-ce que pour avoir des idées ou des attitudes nouvelles.

Il y a quelque chose dans l’attitude d’Emmanuel Macron qui m’a plu dès l’origine. Il a dit dans ses meetings : « on ne sifflera pas les autres ». Cela veut dire quelque chose de très profond : les sensibilités politiques qui ne sont pas la mienne, cependant, je les reconnais comme légitimes, elles ont le droit de cité. Nous parlerons, nous nous affronterons, mais ce n’est plus cette guerre de tranchée complètement stérile dans laquelle cinquante années de vie politique bloquée nous ont enfermés.

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