Attentat à Manchester : "Face à la barbarie, la solidarité européenne est indispensable"

La France se réveille avec la terrible nouvelle de l'attentat-suicide commis à Manchester. Invitée de Radio Classique et Paris Première ce matin, Marielle de Sarnez, ministre chargée des Affaires européennes, réagit à ce drame et s'exprime sur les défis qui attendent l'Europe et ses alliés, dans un contexte sécuritaire mouvementé.

Une soixantaine de blessés donc et 22 morts à Manchester, c’est l’information majeure de la nuit après un concert d’Ariana GRANDE, le président de la République fait part de son effroi, de sa consternation et va s’entretenir donc avec la Premier ministre britannique Teresa MAY ; quant à Edouard PHILIPPE, le Premier ministre, il condamne le terrorisme le plus lâche qui a sciemment visé des jeunes. Réaction en exclusivité donc sur l’antenne de Radio classique et de Paris première avec Marielle DE SARNEZ, ministre des Affaires européennes. Bonjour, bienvenue donc sur notre antenne...

Bonjour.

C’est évidemment l’effroi ce matin, une première réaction.

Solidarité complète avec les victimes, les familles des victimes, avec ceux qui ont été sur place – on a vu des images terribles de toutes ces familles, de tous ces jeunes, de tous ces adolescents – c’est une barbarie épouvantable, donc je veux dire ma solidarité absolue avec la Grande-Bretagne, avec la ville de Manchester. A l’heure où nous parlons l’Europe c’est ça aussi, l’Europe c’est une solidarité et nous sommes comme une famille et, quand ces moments-là arrivent, il faut vraiment se serrer les coudes.

Il y a une situation qui est paradoxale c’est qu’hier vous étiez à Bruxelles, vous parliez justement du Brexit et de ce qui nous oppose donc aux Britanniques dorénavantet, ce matin, nous sommes ensemble pour parler de cette situation. Comment vous voyez justement ce passage, des négociations très dures à l’horreur absolue ?

 Il faut qu’on reste solidaires en matière de lutte contre le terrorisme, c’est absolument évident, il faudra des coopérations, nous savons bien qu’il faut renforcer la coopération au sein de l’Union européenne...

Malgré le Brexit ?

Oui, c’est évidemment mon souhait. Il y a une séparation, ce sont les Britanniques qui l’ont souhaitée, hier il a été acté que nous allions ouvrir ce calendrier de la séparation qui porte sur un certain nombre de points : on doit d’abord se séparer avant de retrouver une nouvelle relation et un nouveau partenariat, on doit penser à tous les résidents par exemple européens qui sont en Grande-Bretagne et à préserver leurs droits, on doit penser à la question difficile et sensible des frontières - par exemple en Irlande – mais il est évident que la question de la sécurité, la question de la lutte contre le terrorisme, eh bien au fond nous devons rester ensemble me semble-t-il. C’est en tous les cas le souhait que j’exprime ce matin, nous ne pourrons pas faire face à toutes ces abominations, à toutes ces horreurs, à toutes ces barbaries isolément et, donc, il faut continuer de lutter ensemble.

Vous avez été longtemps parlementaire européen, vous participez depuis des années aux débats politiques, vous savez que dans le contexte d’aujourd’hui et dans la perspective des Législatives une grande partie de l’opposition considère qu’Emmanuel MACRON dans ce domaine est un naïf, c'est-à-dire qu’il n’a pas vu voir cette affaire ou en gros qu’il ne l’a pas traité dans son programme.

Ils se trompent ! C’était au premier plan de son programme et, d’ailleurs, j’ai assisté au premier conseil des ministres de ma vie en fait parce que je suis nouvelle ministre la semaine dernière jeudi et il a été suivi d’un comité de défense auquel moi je ne siège pas mais avec les ministères compétents - en particulier l’Intérieur, la Justice, la Défense – et évidemment que cette question de renforcement permanent...

Donc, il n’est pas naïf ?

Permanent de lutte contre le terrorisme est au coeur de l’engagement du président de la République, il a dit qu’il avait travaillé à la création d’une Task force, c'est-à-dire à une meilleure coordination...

Qui sera intégrée à l’Elysée ?

Qui sera, je le pense, auprès de lui – je ne peux pas en dire plus parce que je ne fais pas partie de ces réunions-là – mais je sais sa volonté pour le connaître. Evidemment qu’il regarde tout cela en face et évidemment que tout ce qui pourra être fait pour lutter mieux contre le terrorisme ça passe par la Task force, ça passe par une plus grande coordination des services de renseignements, ça passe aussi par la mobilisation de tous les ministères, je veux dire l’Intérieur, la Justice, les magistrats antiterroristes, ça passe par la manière dont on regarde tous ceux qui reviennent des terrains d’opération, en particulier en Irak et en Syrie qui sont évidemment souvent des dangers tout à fait réels...

Et vous savez les éléments du débat politique en France, je vous parlais tout à l’heure de naïveté, il y en a qui veulent absolument sortir du pays tous ceux qui reviennent des zones de combat, voire expulser une grande partie des fichiers S, parce que ce débat-là qui nous concerne ce matin à cause de Manchester il va revenir violemment dans la campagne électorale ?

Mais il n’est jamais parti ce débat-là, moi je considère que nous sommes dans des temps, dans des époques où malheureusement, malheureusement nous l’avons encore vu. Mais, si on regarde la liste de tous les attentats qui ont été commis ces derniers mois, nous le voyons bien le risque terroriste il est là et, donc, il faut évidemment lutter sur le terrain, lutter contre Daesh, lutter contre cette barbarie épouvantable - il y a un sommet de l’Otan jeudi – et je suis absolument sûre que nous aurons-là déjà un début de réponse. En tous les cas il y a une lutte sur place en Syrie, en Irak, il faut tout faire pour trouver un processus pour re-stabiliser la situation en Syrie ; évidemment à être plus que vigilants pour tous ceux qui reviennent des terrains de combat, c’est une évidence absolue...

Oui, mais vigilance ça veut dire quoi ?

Ça veut dire pouvoir cerner qui revient et pouvoir voir avec la justice...

 Ou on les laisse sur place justement ou on les accepte ?

Avec la justice...

On les laisse sur place ou on les accepte ?

Et pouvoirs assurer la sécurité maximale de nos concitoyens, donc ça veut dire sûrement des décisions à prendre, il y a eu beaucoup de choses de faites par le passé au fond et je pense que sur ces questions il faut plutôt être rassemblés. Mais moi je dis pas de naïveté, en aucun cas, c’est une lutte, une lutte sans merci contre cette barbarie et une lutte qu’on doit gagner, aussi bien sur le théâtre extérieur, je veux dire aussi bien en Syrie qu’en Europe, mais ce que je sais c’est qu’on y arrivera peut-être, probablement, je le souhaite, qu’en étant vraiment uni, quand étant le plus coordonné possible.

J’ai beaucoup de questions ! D’abord, est-ce que ça vous oblige, vous ministre des Affaires européennes, à... Comment peut-on dire, à un voyage de solidarité dans les heures qui viennent à Londres ?

Tout ce qui pourra être fait aux côtés de nos amis britanniques pour les aider nous le ferons, après vous savez il ne faut pas simplement... ce n’est pas une question d’image-là, c’est une question... Comment vous dire, d’aide, de soutien réel, c’est une question d‘entente forte, en tous les cas les messages seront envoyés en ce sens.

Aux Etats-Unis, il y a des renforcements sur tous les hauts lieux sensibles, notamment les salles de spectacle. En France, on a un événement mondial, c’est pratiquement le principal événement culturel du monde : c’est le festival de Cannes. Est-ce que tout a été assuré par Bernard CAZENEUVE avant, par le ministre de l’Intérieur actuel aujourd'hui Gérard COLLOMB, et puis par le président MACRON ?

Je ne doute évidemment pas que tout a été fait à Cannes pour renforcer maximalement les dispositifs de sécurité. Il y a eu d’ailleurs des reportages au moment de l’ouverture du festival de Cannes sur votre antenne qui disaient que les dispositifs étaient extrêmement lourds et extrêmement importants. C’est évidemment de la responsabilité de l’Etat que de les assumer.

On a l’impression que le président MACRON veut prendre l’opposition de vitesse. Ce matin, il voit donc les syndicats. Il y a l’aide qui a été apportée par les grandes entreprises à GM&S, il y a la réception annoncée à Versailles de POUTINE. Evidemment, les gens ont un peu sursauté quand ils ont entendu POUTINE à Versailles, parce que POUTINE n’est pas forcément la tasse de thé d’Emmanuel MACRON. Pourquoi lui donner cet accueil quand même prestigieux et qui a déjà eu lieu dans le passé ? Par exemple Boris ELTSINE avec François MITTERRAND.

C’est ça. Je suppose que ça doit s’inscrire dans quelque chose qui a déjà été fait, donc je n’ai pas de commentaire particulier. La relation avec POUTINE n’est pas facile, elle n’est pas simple. Il y aura la question des sanctions qui se posera. Il y a la question de la politique que mène POUTINE.

Mais c’est une bonne idée de le recevoir à Versailles ?

En même temps, écoutez, il faut qu’ils se parlent alors moi je dirai : “Peu importe le cadre.ˮ Il faut se parler mais, en même temps, il faut se parler, voilà, il faut se faire respecter aussi de monsieur POUTINE. En tous les cas, c’est mon point de vue.

En quelques jours, il va y avoir des réunions importantes. Vous revenez de Bruxelles mais il y a aussi le sommet de l’OTAN avec Donald TRUMP. Il faut lui dire quoi à TRUMP ?

Que l’Europe existe, que nous sommes là, que nous sommes forts et que je pense qu’il doit tenir compte de cette Europe-là. Mais au fond, c’est à nous d’être forts. Nous ne devons pas attendre que monsieur TRUMP nous dise : “Ecoutez, finalement oui, ça me va. Je vais vous garder.ˮ Vous savez qu’il a eu des paroles sur l’Europe notamment après le Brexit qui étaient, je crois, des paroles…

Mais après les attentats, terribles. Puisqu’il a dit : “Si j’étais armé, moi j’aurai abattu les terroristes."

Mais ce qu’il y a avec Donald TRUMP, c’est qu’au fond il peut dire quelque chose et peut-être dire l’inverse ensuite. Donc peut-être qu’il va comprendre que son intérêt, c’est aussi de travailler avec une Europe et soudée. Mais surtout quand nous voyons – nous l’avons encore vu cette nuit – les risques de terrorisme que nous avons, de déstabilisation du monde, nous sommes dans une période très difficile, très dure où il convient que les démocraties soient unies et rassemblées. Franchement.

Il y a une réunion de l’Intergroupe – ce sera ma dernière question – concernant justement la dette grecque avec les ministres des Finances. Là, on retrouve le clivage classique puisqu’on a vu qu’Emmanuel MACRON était pour peut-être une résorption d’une partie de la dette grecque. En dehors de ça les Allemands, notamment WolfgangSCHÄUBLE, vient encore de dire – il est le ministre de l’Economie de madame MERKEL – qu’il n’en était pas question. Alors quel est votre point de vue sur cette affaire ?

Moi, je vais vous donner mon point de vue. Je pense que les Grecs ont beaucoup souffert et souffrent beaucoup. Je pense qu’il serait raisonnable de mettre la dette, d’inscrire la dette dans une durée plus longue et d’en faire baisser ses taux pour qu’ils aient moins de contraintes. Et je pense qu’en même temps, il serait profondément raisonnable de donner des perspectives d’avenir aux Grecs. Pour l’instant, ce qu’on a fait depuis des années et des années, ce qu’on appelait la troïka européenne, c’est d’arriver, de dire qu’on allait baisser les salaires, qu’on allait baisser les retraites. Ce n’est pas comme ça que vous donnez des raisons de vivre à un peuple. Il faut trouver des raisons de perspectives.

Mais si SCHÄUBLE dit non. SCHÄUBLE a dit : “Moi, je vote MACRONˮ, donc il a été quand même plus qu’accueillant, mais ce matin il dit : “Non, il n’en est pas question.ˮ

Oui. Je propose que nous ayons des stratégies. Il faut évidemment voir ce qui est utile non seulement pour les Européens qui ont aidé les Grecs, et là je comprends que SCHÄUBLE veuille que cette aide ne soit pas comme ça mise de côté et il faut tenir les engagements. Mais en même temps, moi je vous dis qu’il va falloir donner des raisons d’espérer et des perspectives à la Grèce.

Merci Marielle de SARNEZ d’être venue ce matin.

Merci à vous.

Je rappelle que vous êtes chargée des Affaires européennes dans ce gouvernement et que vous êtes venue sur notre antenne dans une situation qui est quand même pas facile et même tragique pour l’Europe, malgré le Brexit. 22 morts et une soixante de blessés à Manchester à l’issue d’un concert d’Ariana GRANDE. Voici pour les événements.

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