"L'imaginaire de la mémoire, pour beaucoup, se conjuguait au masculin"

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Ce 27 mai, quatre personnalités ont fait leur entrée au Panthéon. Parmi elles, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion. Fadila Mehal explique dans une tribune accordée au Nouvel Obs, en quoi cela représente un événement.

 

 

Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz-de Gaulle au Panthéon : enfin ! Une page se tourne

Ce 27 mai, ce sont quatre personnalités qui feront leur entrée au Panthéon. Parmi elles, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, deux résistantes, rescapées des camps, qui se sont engagées contre la torture et la misère. Pour Fadila Mehal, conseillère de Paris Modem, présidente de la Commission culture-patrimoine-mémoire de Paris, c'est un événement.

À deux résistantes, la patrie reconnaissante

70 ans après la promulgation du droit de vote des femmes en France en 1945, deux femmes illustres, deux résistantes, entreront pour la première fois au Panthéon, ce temple de la mémoire, ce mercredi 27 mai 2015.

On ne peut que saluer cette décision méritoire du président Hollande, qui marque enfin d’une manière solennelle une rupture symbolique avec le déséquilibre qui prévalait au Panthéon, puisque seules deux femmes, Sophie Berthelot et Marie Curie, deux fois prix Nobel, pionnière de la physique nucléaire, avaient eu le privilège de voir leurs cendres y reposer alors qu’ils étaient 71 hommes à être honorés.

2 femmes pour 71 hommes, une anomalie républicaine

Cet oubli reposait, non pas sur la rareté des femmes méritantes pouvant prétendre à cette reconnaissance, car elles sont légions : Olympe de Gouges, Louise Michel, Simone de Beauvoir, Lucie Aubrac... Non, ce qui scellait cette inégalité de traitement, c’est que l’imaginaire de la mémoire pour beaucoup continuait à se conjuguer au masculin.

Cette injustice avait ému beaucoup d’associations féministes, qui ont constitué un collectif pour rectifier cette anomalie républicaine.

Et ce n’est que justice, car le Panthéon tient une place sans égal dans l’inconscient collectif des Français pour honorer des personnalités qui ont, par leur vie au service de la science, des arts, de la philosophie, de la politique ou encore par leur engagement politique ou civique, écrit l’histoire de notre pays et fait progresser l’humanité et ses valeurs universelles en luttant contre la barbarie et l’obscurantisme.

Deux résistantes bouleversantes

Aujourd’hui est un jour de fête pour beaucoup de femmes et de citoyens attachés à l’égalité, puisque deux femmes (et non des moindres) Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz-De Gaulle, perpétueront la mémoire des milliers de femmes, ignorées, rayées de notre récit national mais qui ont été pourtant par leurs mérites personnels et leur exemplarité, des sources d’inspiration pour des milliers de Français.

Germaine Tillion, ethnologue et scientifique de renom, n’a pas été choisie par hasard. Son parcours illustre son double attachement, d’une part à la France résistante pendant l’oppression nazie lors la Seconde Guerre mondiale et vingt ans plus tard un engagement tout aussi militant contre la torture pendant les heures sombres de la guerre d’Algérie.

Ces deux combats étaient les mêmes, tournés vers la dignité de l’homme et la liberté. La défense sans concession de la personne humaine et de son intégrité physique aussi avec l’exemple algérien. Deux combats consubstantiels de l’esprit de résistance et de responsabilité qui font honneur et le génie à la France que nous aimons.

Geneviève Anthonioz-de Gaulle, nièce du général de Gaulle, portait elle aussi ce même engagement, tout aussi puissant, celui de combattre un autre fléau, tout aussi nuisible que la guerre ou la torture : l’exclusion. Ce poison social qui mine depuis 30 ans notre pacte républicain. La lutte contre la pauvreté et l’exclusion fut érigée par elle, en cause nationale, elle en fut une ambassadrice inlassable et pédagogue.

Elle mit toute son énergie et ses forces à animer pendant 40 ans ATD-Quart Monde quand son chemin croisa celui du père Joseph Wresinski, aumônier des bidonvilles. Son acharnement à sortir les exclus "des camps" donnera naissance à la loi pour la cohésion sociale portée par le président Chirac, loi que j’ai eu la chance d’accompagner en tant que conseillère ministérielle.

J’ai pu mesurer alors combien le combat de cette personne frêle, mais au tempérament d’acier, avait changé la vie de milliers de Français laissés sur le bord de la route.

Germaine Tillion , Géneviève Anthonioz-de Gaulle, parcours croisé de deux femmes exemplaires, cheminements communs de deux survivantes, revenues toutes les deux des camps de concentration et qui, une fois sorties, continuèrent a résister pour "refuser l’inacceptable".

Honorons leur mémoire et perpétuons leur écho.

Une page pour les femmes se tourne ce 27 mai, mais il en reste d’autres à écrire, notamment celles qui verront des héros et des héroïnes de la diversité rejoindre au panthéon ces personnalités illustres qui ont fait la France.

Il est temps de relever un autre défi et de faire que des personnalités, telles que le Général Dumas, Joséphine Baker ou tant d’autres, pourront rejoindre le panthéon du XXIe siècle, non pas en en rivalité mais en résonance d’une France plurielle et rassemblée.

Le Panthéon n’est-il pas fait pour rêver ?

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