Loi sur la famille: "Le gouvernement a eu peur de sa majorité"
François Bayou a estimé mardi sur France Culture que le chef de l'Etat, percevant dans le pays une radicalisation sur ces sujets, a "dit stop à sa majorité".
Le gouvernement, a expliqué François Bayrou, a eu "l'impression, ou la certitude, que sa majorité (parlementaire) allait à l'encontre de la décision qu'il avait prise de ne pas toucher ces sujets qui tiennent à la famille".
Le président François Hollande "s'est rendu compte qu'il y avait dans le pays quelque chose de profond qui se passait, au fond une radicalisation des deux côtés", a estimé le dirigeant centriste, percevant selon lui "la fracture qui était en train de s'établir au sein de la société française".
Pour François Bayrou, François Hollande "s'est laissé entraîner au début" par sa majorité. "Etant dans l'impossibilité de faire plaisir à sa majorité sur des sujets économiques et sociaux, il s'est laissé entraîner à leur donner, ou à donner aux plus engagés, des satisfactions sur le plan symbolique", a-t-il analysé.
"Il s'est dit que les sujets sociétaux, ca tombait très bien pour qu'un fanion flotte au-dessus de la majorité qui était la sienne", a-t-il poursuivi. "Et puis il s'est aperçu ensuite de ce mouvement de fond qui est en train de se produire, de ceux qui demandent qu'on ne déstabilise pas leur vision de l'enfance et de la famille", ceux "de plus en plus nombreux je crois qui réclament qu'il y a une stabilité et un ordre dans ces choses-là".
En conséquence, François Hollande "a dit stop à sa majorité, ce qui entraîne évidemment d'autres troubles, parce que quand on a laissé entendre qu'on irait dans un sens et qu'on va dans un autre, il y a des fractures qui se produisent".
À la question de savoir si le chef de l'Etat a finalement bien fait de retirer le projet de loi et prendre le temps, François Bayrou a plutôt estimé qu'"on aurait bien fait de ne pas mettre le feu sur ces sujets".