"L'unité nationale est possible, si on se concentre sur les vraies questions"
Pour Robert Rochefort, "l'union nationale" est possible car "les vrais clivages" ne sont pas entre la droite et la gauche, mais sur des sujets comme "l'Europe, l'euro et le soutien aux entreprises".
Interrogé sur la première année de mandat du président de la République, le vice-président du Mouvement Démocrate a refusé de "parier sur l'échec de François Hollande". "Car, si c'est un échec, ce seront la France et les Français qui en paieront les conséquences", prévient-il. "Je crois toutefois que la suite du quinquennat sera très dure, car la conjoncture économique ne va pas s'améliorer et je ne pense pas que les prévisions de 2% de croissance en 2015 soient fondées", analyse l'économiste. À ses yeux, la question qui se pose est donc : "Comment faire en sorte que François Hollande réussisse un certain nombre de ses réformes ?"
"Il n'y a que deux moyens à cela", poursuit l'eurodéputé. "Le premier, c'est sortir de l'ambiguité. François Hollande a trop joué d'une ambiguité tactique, dont il a cru qu'il récupérerait les fruits. En réalité, cela a construit un front de mécontents. Le deuxième, c'est l'unité nationale, car le logiciel politicien sur lequel s'appuie François Hollande est épuisé et ne lui donnera pas le ressort pour y arriver. Vouloir faire le grand écart avec certains de ses anciens alliés, qui sont aujourd'hui devenus ses opposants, ne lui permet pas d'avancer. Avec François Bayrou, nous avançons donc l'idée d'une unité nationale. S'il fait ce virage là, il peut avoir le rassemblement des Français nécessaire pour soutenir ses réformes", détaille le vice-président du MoDem.
"Il est exact de dire que la droite n'a pas réglé les problèmes, les dix dernières années où elle était au pouvoir. Et il est exact de dire aussi que le gouvernement, empêtré à faire semblant de donner parfois raison au Front de Gauche et aux écologistes, perd un temps précieux", tacle-t-il. "Est-ce que cela apparaîtrait un drame qu'une droite raisonnable soutienne les propositions raisonnables d'un gouvernement de gauche ?", interroge Robert Rochefort. Mais l'unité nationale, "ça ne veut pas non plus dire mettre tout le monde autour de la table", prévient-il. "Nous ne voulons pas des extrêmes, en particulier du Front national, et nous ne voulons pas un jeu politicien qui consisterait à faire plaisir à tout les politiques", ajoute-t-il.
Pour définir les contours de ce rassemblement, Robert Rochefort pose "quatre vraies questions" : "Faut-il ou pas sortir de l'euro ? Faut-il aller dans le sens de l'accord interprofessionnel pour l'emploi ? Faut-il faire le choix de l'entreprise et en particulier de la PME, en lui donnant les outils nécessaires ? Faut-il, au niveau de l'Europe, avoir une discussion franche, cordiale, insistante, avec nos partenaires pour jouer la carte de la croissance ?" À partir du moment où nous sommes d'accord sur ces quatre questions concrètes, "l'extrême gravité de la crise et l'urgence des temps font que nous devons nous rassembler". "Si nous ne partons pas de ces choses là, nous ne sortirons pas de la mouise dans laquelle nous sommes", estime-t-il.
"Quand j'entends certains dire que ce gouvernement d'unité nationale viserait à appliquer l'austérité en France, c'est exactement l'inverse", poursuit-il avec conviction. "Nous défendons cette solution, justement parce que nous ne voulons que notre pays connaisse les mêmes difficultés et se voit imposer la même austérité que la Grèce, l'Espagne ou l'Italie. Les Français souffrent déjà beaucoup de la crise économique, mais nous avons encore la chance de ne pas être dans une austérité à l'image de ces pays là. Et nous ne voulons pas qu'on y arrive", conclut-il.