Moralisation de la vie publique : "François Hollande recule devant son parti"

François Bayrou regrette que les promesses "cruciales" de moralisation de la vie publique restent lettre morte. "Reculer, c'est faire passer l'intérêt du parti avant l'intérêt national", a-t-il jugé sur RMC et BFMTV.

Consultez également la première partie de cette interview, Affaire Guéant : "C'est une faute grave envers l'exemplarité".

Jean-Jacques Bourdin - Sur la moralisation de la vie publique, est-ce que vous avez le sentiment que François Hollande est en train de reculer par rapport aux promesses qu'il avait engagées ?

François Bayrou - Non, pas sur ce point. Il y avait une promesse qui était très importante, y compris à mes yeux, qui était de dire "Je laisserai travailler la justice". Cette promesse est tenue. Aujourd'hui, pour l'instant – je me méfie des engrenages et des enchaînements pour la suite – nous devons le noter, c'est une des vertus de l'alternance, la justice fait son travail, y compris contre le gouvernement, nous l'avons vu dans l'affaire Cahuzac. De ce point de vue, j'estime qu'il ne recule pas. Après, il avait fait des promesses d'un autre ordre. Il avait dit qu'on changerait l'organisation, l'équilibre de notre vie publique, que l'on mettrait un terme au cumul des mandats, que l'on instaurerait une représentation plus juste des Français et de leurs courants d'opinion, que l'on toucherait au financement des partis etc. Toutes ces choses qui étaient pour moi cruciales, pour l'instant nous n'en entendons pas un mot. Je le regrette, je pense que c'est une erreur.

Pourquoi, selon vous ?

Parce que le Parti socialiste craint qu'on lui applique la rigueur de ces règles. Le Parti socialiste ne veut pas toucher au cumul des mandats. Ce qui est hypocrite, à la limite si c'était présenté devant les Français en disant "Écoutez, nous avons une démocratie particulière, et nous allons organiser la vie parlementaire de sorte que des élus locaux puissent y participer", ce serait une conception. Il y a des gens qui en France pensent cela. Mais, se présenter à toutes les élections, solennellement, la main sur le cœur, promis juré, en disant que cette-fois on y mettra un terme ; aller même plus loin en faisant signer à tous les candidats du parti l'engagement solennel qu'en septembre 2012 ils mettraient un terme au cumul des mandats s'ils étaient frappés par ce cumul – c'est Martine Aubry qui l'avait fait signer – et puis ne rien faire...

C'est quoi ? De la faiblesse ? 

C'est reculer devant le parti, c'est faire passer l'intérêt du parti avant l'intérêt national. Ceci, c'est pour moi à souligner avec un signe "moins", c'est le moins que l'on puisse dire.

Vous qui étiez enseignant, on souligne en rouge ? 

Oui, et on met en marge que ça ne va pas. Donc là, employons les mots justes, il y a une insuffisance coupable que de ne pas respecter les engagements qui ont été pris. 

Quelques mots sur la proportionnelle. Ceux qui sont opposés à la proportionnelle disent que, si jamais on la met en place, le Front National va entrer à l'Assemblée Nationale avec 20, 30, 50 députés, peut-être plus. 

Je vais vous dire les choses comme je les pense. Ces courants d'opinion doivent entrer à l'Assemblée Nationale. 

Le Front National doit être présent à l'Assemblée Nationale ? 

L'extrême-droite, l'extrême-gauche et le centre. Ils en sont exclus aujourd'hui, alors qu'ils représentent 40% des Français. Ils ont le droit légitime d'être représentés, de pouvoir monter à la tribune, de dire des choses à l'Assemblée Nationale qu'ils ne peuvent pas dire ailleurs. Ils en ont le droit. C'est un devoir pour ceux qui organisent les institutions de faire que tous les courants principaux du peuple français s'expriment. Pas qu'ils aient le pouvoir. Comme vous le savez, je propose un mode de scrutin qui fait qu'il y aura une majorité garantie, mais que les minorités seront représentées dès l'instant qu'elles pèseront d'un certain poids. Cet équilibre-là, regardez à quel point il est important. J'ai vécu ces affaires dont nous parlions au début de l'émission. Qui est monté à la tribune à l'Assemblée Nationale ? Personne, sauf ce que nous avons fait devant un certain nombre de dérives chaque fois qu'il y a eu une question qui se posait, chaque fois qu'il y avait des décisions qui étaient peu acceptables ou discutables. Je me souviens de la privatisation des autoroutes par exemple, qui était un débat parmi les Français. Si nous n'avions pas été là, minoritaires, qui en aurait parlé ? Qui contrôle le pouvoir sinon ceux qui ne sont pas liés à lui par un lien d'obligation ? Donc, je suis pour que ces courant soient représentés à l'Assemblée, et ça ne me gêne pas que les extrêmes soient présents à la tribune.

Consultez également la première partie de cette interview, Affaire Guéant : "C'est une faute grave envers l'exemplarité".

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