Plan biodiversité : "Oui, Nicolas Hulot a raison d’interpeller une classe politique désintéressée par ce sujet."

Portraits

Nicolas Hulot annonce un plan biodiversité pour juillet. 

3 choses à en dire :

1- Merci au Ministre de la transition écologique d’avoir mis ce sujet sur le dessus de la pile. Les dernières décennies ont vu la question du développement durable se résumer aux enjeux climatiques, énergétiques et de déchets. Ces sujets sont certes fondamentaux, mais la biodiversité, éternelle oubliée, est un sujet au moins aussi crucial. Et d’ailleurs, quand on oublie de parler d’une catastrophe silencieuse, évidemment, celle-ci s’aggrave. Et c’est bien ce qui se passe en ce moment.

2- Les chiffres sont tous alarmants. A l’échelle de la planète, la plupart des habitats naturels sont gravement détériorés au nom du développement économique. Rares sont les coins où on réussit à comprendre réellement le sens du terme « développement (économique) durable ». On exploite aveuglément les ressources et les terres, et vient immanquablement le jour où la ressource est épuisée. C’est alors plus qu’un retour à la case départ et un effondrement du modèle économique qui s’était installé, c’est la survie même des populations locales qui devient impossible. Et au passage, ce sont un grand nombre d’espèces animales qui auront disparu. A Bornéo, Sumatra, et dans les forêts tropicales africaines, dans un délai qui sera encore celui que nous pourrons tous connaître, à savoir dans une petite trentaine d’années, la totalité des grands singes auront disparu.. et avec eux, les dernières forêts tropicales (par ailleurs puissants puits de carbone). Plus près de chez nous, en France métropolitaine, les derniers comptages font apparaître une baisse alarmante du nombre d’oiseaux dans nos campagnes : 30% d’oiseaux en moins au cours des 30 dernières années. La raison invoquée par les scientifiques du CNRS et du Museum : un effondrement du nombre d’insectes avec en ligne de mire, la politique agricole. Un test que chacun peut faire pour s’en rendre compte : circulez en voiture dans les grandes plaines françaises. Votre pare-brise restera globalement propre alors qu’il y a encore quelques années, il était moucheté d’insectes. 

3- Ayant dit tout cela, les enjeux sont maintenant de rattraper le retard. Au delà de remettre le sujet sur le devant de la scène et de rappeler la situation alarmante dans laquelle nous sommes, il n’y aura pas de recettes miracles : il faudra, comme pour l’énergie et les déchets, des règlementations, des moyens et des incitations. Sur les moyens, nous avons imaginé au cours des dernières décennies des dispositifs intelligents dans le domaine des déchets avec des « éco-contributions » des industriels sur les emballages. Il faut inventer des dispositifs équivalents basés sur le principe « pollueur=payeur ». En l’occurrence, on sait qu’une des causes de dégradations de la biodiversité est l’étalement urbain et le grignotage des espaces naturels par les projets d’infrastructures et d’urbanisation. Adoptons enfin le principe d’une éco-contribution « biodiversité » qui pourrait représenter 1% des coûts de toute construction ou infrastructure neuve (en exonérant au passage toute construction neuve sur de l'existant, favorisant ainsi les réhabilitations et la transformation des friches). Les fonds seraient versés à la nouvelle Agence biodiversité pour financer les actions en France et à l’international pour préserver et sauver les espèces les plus menacées mais aussi agir sur la restauration de la biodiversité ordinaire. 

Pour conclure, oui, Nicolas Hulot a raison d’interpeller une classe politique désintéressée par ce sujet. Il la réveillera s’il fait des propositions lourdes et clivantes. Le sujet, quand on s’y penche quelque peu, est presque plus clivant que ne le sont les questions énergétiques et de déchets. On en est malheureusement là. Il faudra ensuite trouver des compromis certes, mais à ce stade, je crois qu’il faut poser sur la table des mesures fortes car il y a urgence. Même sans grand soutien dans la classe politique, Nicolas a la surface politique et surtout sa popularité comme plus grand atout pour aller loin.

 
Yann Wehrling
 
 
 
 
 

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