"Nous avons besoin d'entrer dans un nouveau chapitre de l’action : une action concrète, vérifiable, qui doit unir les Français"

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Réaction de François Bayrou sur France Info après l'attaque menée contre l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, dans laquelle un prêtre a été égorgé et une autre personne très grièvement blessée.

François Bayrou, quelle est votre réaction après ce nouvel attentat qui a touché la France ?

J’ai deux réactions. La première est qu’évidemment tout le monde est envahi de chagrin, beaucoup disent même de peur. Égorger un prêtre de 86 ans, c'est-à-dire un homme de paix, je ne sais pas si vous voyez ce que cela représente comme violence et comme lâcheté. La deuxième est que les mots de consternation et de sympathie ne suffisent plus. Les déclarations purement verbales ne suffisent plus. Nous avons besoin d'entrer dans un nouveau chapitre de l’action et cette action doit être concrète, vérifiable et elle doit unir les Français. Ce n’est ni le lieu ni le moment d’entrer dans ces polémiques habituelles où tout le monde se retrouve. La vérité est que tous les gouvernements seront évidemment confrontés à la même violence, aux mêmes attaques, à la même barbarie. Nous avons donc besoin de prendre des décisions concrètes.

Que peut-on changer aujourd’hui ?

La première chose est qu’il faut créer une direction unique de l’antiterrorisme en France pour coordonner les renseignements et l'action contre cette barbarie. Nous sommes à Saint-Étienne-du-Rouvray et tout le monde savait ou devait savoir qu’il y avait dans cette ville une mosquée salafiste, une communauté fanatisée, à l’intérieur de laquelle figuraient des personnes parties en Syrie, dont l’assassin qui avait tenté d’y aller. Il a été renvoyé en France et mis en cause par la justice pour cela. Laisser sans surveillance dans les alentours immédiats un édifice religieux, chrétien, n’aurait pas dû être possible. 

Comment peut-on arrêter ce genre de personne déterminée ? 

Il faut une direction antiterroriste et des services de renseignements unifiés. Il y a en France plus d’une dizaine de services de renseignement qui sont assis autour de la table quand on doit échanger des informations et évidemment les informations passent mal ! Nous avons là une question d’organisation, une volonté qui doit être implacable de la part des responsables d’opposer tout ce que l’on peut opposer à ce genre de dérives. Cela ne veut pas dire que l’on réussira à tous les coups et cela ne veut pas dire que ce soit simple : un couteau, cela se trouve dans n’importe quelle quincaillerie. On ne peut pas prétendre qu’il suffit de claquer des doigts, mais il faut au moins que nous organisions notre société comme elle doit être organisée dans les années et peut-être même les décennies qui viennent. Je ne crois pas en effet que cette affaire s’arrêtera d’ici quelques mois. Ce n’est pas l’alternance qui y arrivera !

Identifier les profils susceptibles de passer à l’acte est une chose mais l’un des deux assaillants, semble-t-il, était quelqu’un d’identifié. Que peut-on faire quand on sait qu’il y a un risque ? 

Il était identifié et était même porteur d’un bracelet électronique. Nous pouvons donc en tout cas envisager une assignation à résidence que l’on oblige à respecter. Avec un bracelet électronique, s’il y avait eu assignation à résidence, un signal d’alarme aurait été émis aussitôt et nous aurions pu, en tout cas, être alertés et alarmés dès sa sortie de résidence. 

Donc plutôt qu’un centre de rétention, plutôt qu’un Guantanamo à la française – c’est l’expression qui revient le plus souvent – vous préférez assigner à résidence les personnes fichés S, les profils susceptibles de passer à l’acte. 

Pour radicalisation, parce que je ne suis pas certain que la fiche S soit uniquement pour radicalisation. 

Oui, vous avez raison, ce n’est pas que pour le terrorisme. 

Voilà. Donc il faut au moins que l’on ait cette organisation qui soit entièrement tournée vers le recueil du renseignement et ensuite l’action qui permette de maintenir à distance autant que possible - en sachant qu’il y aura de grandes difficultés et probablement des accidents -  ce genre de risques. Encore une fois, là nous sommes devant un cas d’école qui touche à l’organisation même de notre État et l’organisation de l’État – permettez-moi de le dire au passage – est directement héritée des deux gouvernements précédents. 

Le gouvernement François Fillon sous Nicolas Sarkozy. 

Les gouvernements sous Nicolas Sarkozy et le gouvernement sous François Hollande ont tous deux choisi la même organisation, et à mes yeux, la même désorganisation des services de renseignement. Vous voyez que je n’en fais pas un problème partisan, j’en fais un problème d’État, un problème national devant lequel nous devrions rassembler les énergies dans ce seul but de repérer et d’agir à temps pour éviter autant que possible ce genre de catastrophe humaine et symbolique qui touche au cœur aujourd’hui des millions de Français. 

Merci beaucoup François Bayrou. 

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