"Nous sommes entrés dans la zone des tempêtes"
François Bayrou a réagi dimanche soir au résultat du référendum en Grèce.
Nous sommes entrés dans la zone des tempêtes.
Le « non » au référendum en Grèce présage de jours bien difficiles pour la Grèce et pour l’Europe. Par ce « non », nous sommes entrés dans la zone des tempêtes.
La participation a été faible : à peine plus d’un citoyen grec sur deux a voté (53,5 %). Pour une consultation aussi passionnée et passionnelle, avec une telle dramatisation, cette abstention est un signe de l’incertitude d’une grande partie du peuple grec.
Mais c’est le « non » qu’on retiendra. Des courants d’opinion, sincères et convaincus pour la plupart, se réjouissent de ce résultat. Ils y voient une manifestation de fierté et le refus de la soumission aux « créanciers ».
Cela serait bel et bon si la Grèce ne dépendait pas, pour sa vie de tous les jours, de ceux auprès de qui elle emprunte pour payer les salaires ou les retraites. Qui voudra, désormais, prêter à la Grèce ? Qui imagine ce que vont devenir les banques grecques, incapables de rouvrir mardi matin, faute d’avoir les liquidités nécessaires ? Comment importer, payer des factures à l’étranger, si on demeure sous le régime du contrôle des capitaux ? Qui voudra investir dans l’économie grecque, avec de telles menaces ?
La question majeure pour l’économie d’un pays, c’est de savoir si la confiance règne. Or la Grèce a fait un pas de plus vers une période de grave et durable incertitude. Une telle déstabilisation ne présage rien de bon et débouche, contrairement aux promesses, sur une sortie plus ou moins brutale de ce pays de la zone euro.
Quant à ceux qui affirment que la tempête grecque demeurera limitée aux frontières de ce pays, ils ne voient pas combien les doutes, le soupçon et la déstabilisation sont contagieux.
À partir de demain, des efforts seront déployés, sans aucun doute, pour que de nouvelles négociations permettent des accords plus ou moins solides. On peut espérer que ce sera le cas. On peut l’espérer, hélas !, sans trop croire qu’on puisse encore trouver, après tant de gâchis, une issue constructive.