« Nous voulons repartir sur des bases saines avec les élus. »

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Retrouvez l'interview de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, publiée dans Le Figaro ce mardi 30 octobre.

 

Propos recueillis par Emmanuel Galiero. 

 

LE FIGARO - Le chef de l'État vous a confié un grand ministère des Territoires. N'aviez-vous pas sous-estimé la colère des élus locaux?

Jacqueline GOURAULT - J'ai suffisamment arpenté le territoire à la rencontre des élus locaux ces seize derniers mois pour vous assurer que je n'ai jamais perçu de colère. Des interrogations, des inquiétudes, oui. De la colère, non! J'avais en revanche senti que le dispositif était perfectible. Les élus souhaitaient identifier un représentant des collectivités locales dans l'organisation précédente. Avec ce ministère, une porte d'entrée est trouvée. Elle facilitera les relations.

Mais êtes-vous prête à faire votre mea culpa concernant la grogne des élus?

Nous sortons d'une décennie de réformes ayant créé un climat d'inquiétudes. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ces élus avaient réclamé une pause et qu'Emmanuel Macron s'était engagé à apporter de la stabilité et de la visibilité. La contractualisation financière entre l'État et les 322 plus importantes collectivités a également suscité des questions. Nous essayons de repartir sur des bases plus saines.

Allez-vous réussir à restaurer la confiance?

Je vais tout faire pour y arriver. Ma vie entière a été tournée vers les collectivités territoriales. Je sais l'importance de ce contact avec les citoyens et les maires. J'ai milité pour la mise en place de ce ministère. Mon profil d'élue locale peut sans doute contribuer à rétablir cette confiance. Si les élus locaux se méfient parfois des technocrates, moi, en tant que ministre, je suis contente de travailler avec des experts. Mais chacun doit rester à sa place. Et les décisions politiques appartiennent aux responsables politiques.

Que répondez-vous à ceux qui attendent autre chose que «de belles paroles»?

Les actes politiques existent déjà à travers la mise en place du programme «Action cœur de ville» (permettantde revitaliser les centres des villes moyennes, NDLR), la généralisation de la couverture mobile de qualité (4 g) et l'accès au bon haut débit pour tous en 2020, le maintien des dotations de fonctionnement aux collectivités locales, la consolidation de dotations d'investissements très importantes sur les territoires (1,8 milliard dans le budget 2019)… Le premier ministre a clarifié les choses et nous allons réaménager l'instance de dialogue de la conférence nationale des territoires en expliquant davantage le sens général de notre projet.

Pourquoi votre méthode serait-elle plus efficace que la précédente?

Je suis accompagnée par deux ministres, Sébastien Lecornu et Julien Denormandie, qui partagent mes convictions, comprennent les territoires et ont l'intention de réussir avec eux. Ma méthode se fonde sur le dialogue et le terrain. C'est la meilleure manière d'expliquer notre politique.

Avez-vous les moyens d'annoncer des choses concrètes au congrès des départements du 7 au 9 novembre?

Nous étudions les moyens d'élaborer un accord avec la volonté de le présenter à Rennes. Le premier ministre a la responsabilité des grands équilibres financiers, et donc des arbitrages budgétaires. L'urgence est d'en tenir compte dans le projet de loi de finances 2019.

Les régions, départements, maires ont lancé les assises de la décentralisation. Qu'en pensez-vous?

Je ne vois aucune menace pesant sur la décentralisation et j'y suis suffisamment attachée pour m'en porter garante.

Comment la suppression de la taxe d'habitation sera-t-elle compensée?

Nous y travaillons. Les arguments des maires, attachés à un impôt local avec capacité de taux, sont justes. Une des solutions serait de faire bénéficier le bloc communal de la part de la taxe du foncier bâti perçue par les départements.

Accepteriez-vous de revenir sur la limitation des dépenses de fonctionnement des collectivités les plus importantes à 1,2%?

Nous ferons le bilan des contrats au bout d'un an, sans renoncer à notre objectif national de maîtrise des dépenses publiques. Je compte regarder les critères de calcul de très près. Emmanuel Macron est prêt à ajuster, par ailleurs, certains sujets de la loi NOTRe sur l'organisation territoriale, sans modifier les grands équilibres de la loi.

Laisserez-vous aux régions la gestion des fonds européens de la politique agricole commune?

Le gouvernement a confirmé qu'il apporterait son soutien aux régions pour qu'elles restent autorités de gestion. Elles seront aussi associées aux réformes qui les concernent (SNCF, apprentissage…). Quant à leur volonté d'expérimenter des politiques, cela sera possible avec la différenciation prévue dans la révision constitutionnelle.

Matignon a annoncé la création d'une collectivité Alsace, à partir de la fusion des deux départements Haut et Bas-Rhin. Comment le comprendre?

Nombre d'élus ont été marqués par l'échec du référendum de 2013 et l'effacement de l'Alsace lors de la création de la région Grand Est. Cet accord répond à leur besoin d'une collectivité européenne d'Alsace. Elle disposera du socle de compétences départementales naturellement et de compétences supplémentaires et spécifiques confiées par l'État ou les autres collectivités.

Emmanuel Macron avait annoncé la création d'une agence nationale de la cohésion des territoires. Où en est-on?

Le projet arrive au Parlement en novembre. Cette agence, à laquelle les élus locaux seront associés, accompagnera les projets des collectivités, notamment dans les territoires les plus fragiles, qu'ils soient urbains ou ruraux.

Que prévoyez-vous pour l'hébergement d'urgence pendant la période hivernale?

Le gouvernement y consacre des moyens sans précédent: 2 milliards d'euros pour financer 136.000 places chaque jour. Afin de faire face à la période qui s'annonce, nous avons élaboré un plan d'action en amont avec Julien Denormandie: 14.000 places supplémentaires en moyenne pourront être mobilisées tout au long de l'hiver. Parce que le premier contact est primordial pour aller à la rencontre des personnes à la rue, des moyens supplémentaires seront aussi consacrés aux maraudes.

Les blocages annoncés le 17 novembre pour protester contre les prix en hausse du carburant vous inquiètent-ils?

Nous assumons une mesure peut-être impopulaire mais courageuse pour réduire l'utilisation constante et croissante des énergies carbonées. Des mesures de pouvoir d'achat ont par ailleurs été prises en faveur des automobilistes, notamment la prime à la conversion et l'augmentation du chèque énergie.

 

 

Lire l'interview sur le site du Figaro.

 

 

 

 Crédit Photo ©Damien VALENTE - MTES-DICOM

 

 

 

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