Nucléaire : "L'objectif de réduction fixé par le gouvernement n'est pas crédible"

François Bayrou a estimé sur Europe 1 que le gouvernement ne pourra "pas tenir son objectif de réduction de la part du nucléaire", faute "de scénario crédible de remplacement par des énergies alternatives".

Installé et en campagne à Pau, vous êtes rarement à Paris. Vous refusez d'ailleurs la présence des caméras. Elles vous dérangent ?

Je fais campagne sans les caméras et les journalistes, car ce n'est pas un enjeu national, c'est un enjeu local.

À qui allez-vous faire croire que c'est une élection locale ?

À vous ! J'espère que vous m'entendrez et que vous m'écouterez. Ce n'est en rien une opération de politique nationale, c'est un enjeu pour une ville qui cherche son avenir. Je resterai sur cette ligne, sans en bouger d'un millimètre.

En 2011, pendant la campagne des primaires, François Hollande était opéré dans le plus grand secret. Votre réaction ?

Ma réaction, c'est l'étonnement devant l'emballement. Il doit y avoir dans ces affaires une règle très simple : ou bien c'est sans aucune conséquence sur la santé, à ce moment là le droit à la vie privée doit être respecté, ou bien ça peut avoir une conséquence sur la santé, auquel cas il est du devoir du président de la République de le faire savoir et de prendre les précautions qui s'imposent.

Vous attendez un bulletin de santé de l'Élysée ?

Je n'attends rien. Je trouve qu'il faut avoir des principes simples. La santé, ça appartient à la vie privée, sauf quand ça a des conséquences sur l'exercice d'une responsabilité, auquel cas on le dit, on le fait savoir. J'ai souvenir que le général De Gaulle l'avait lui-même rendu public, Mitterrand non et ça a eu des conséquences.

Vous dites "pas de comparaison précipitée et inappropriée" ?

Je dis que le président de la République, comme toute personne quelle que soit sa profession ou sa fonction, a droit au respect de sa vie privée, dès l'instant que ça n'a pas de conséquence sur l'exercice du mandat.

Jean-Marc Ayrault disait tout à l'heure qu'il y a "une espèce de dérive", "je ne sais pas où on va".

Tout le monde y participe, toutes les radios, toutes les chaines d'infos. Il y a un emballement autour de ces sujets, parce qu'ils suscitent l'intérêt, une espèce de fixation. Je pense qu'il faut à tout prix écarter tout ce qui est malsain et excitation, avec une idée simple : est privé ce qui n'a pas de conséquence sur la fonction, doit être rendu public ce qui a des conséquences sur la fonction. Je vous l'ai dit trois fois, ce n'est peut-être pas la peine qu'on y revienne plus longuement !

Est-ce que tous les dirigeants politiques et syndicaux doivent tout révéler de leur état de santé, de leurs bobos ?

Non. Je vous l'ai dit avec précision. Dès l'instant que c'est une affaire privée, des petits ennuis, des petits déséquilibres à corriger, il n'y a pas de raison de faire une communication publique. Ce sont des personnes humaines, des hommes et des femmes, il est normal de respecter leur volonté et leur vie privée. 

Le président est au plus bas dans les sondages. Pourtant, paradoxalement, il paraît s'éloigner du pire. N'est-il pas, imperceptiblement, en train de changer lui-même ?

J'espère. D'abord parce que je pense que la fonction exige que l'on en prenne la mesure et que l'on change. J'ai regretté qu'il n'ait pas plus tôt manifesté cette prise de conscience, que beaucoup attendent au nom du pays. L'idée qu'il suffit de surfer sur les vagues, de ne rien faire de profond pour que les choses s'arrangent dans le pays, est une idée fausse. Le jour où les autorités françaises, le président et le premier ministre, prendront conscience de la gravité de la situation, ce jour là sera utile pour le pays. Pour l'instant, à mes yeux, ça n'est pas arrivé encore. J'espère que ça se produira.

ÉDUCATION : "JE NE VOIS NI ACTION, NI MÉTHODE, NI VOLONTÉ DU GOUVERNEMENT"

Quelles que soient les indications de ce matin, je vois que les attaques continuent, c'est la politique...

Arrêtez-vous une seconde. Il n'y a aucune attaque. Il n'y a rien de politicien dans tout cela. Hier, est sorti le classement international de l'Éducation. La France plonge encore ! Nous nous retrouvons 25e nation !

Ça n'est pas la faute des socialistes, ça remonte à la Saint-Glinglin. 

Non, pas à la Saint Glinglin.

À la Saint Glinglin, vous étiez ministre...

J'étais ministre il y a vingt ans. La situation de l'Éducation nationale n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. Il y a une dégradation, mais ne suis pas à chercher des responsables, je suis à chercher une action, une méthode et une volonté. L'étude qui est parue hier dit une chose très simple : sur les fondamentaux - l'écriture, la lecture, le calcul élémentaire - la France s'effondre !

Il faut donner des solutions et peut-être aider Vincent Peillon à "refonder l'école". Vous y participerez ?

Je crois qu'il doit s'aider lui-même car, pour l'instant, la direction prise n'est pas la bonne. Il va échouer, si on ne focalise pas toute l'attention et toute l'énergie du pays sur la transmission des fondamentaux qui permettent à un garçon ou à une fille d'être autonome, d'être libre et d'apprendre. Pour l'instant ce n'est pas fait, on égare l'attention avec les rythmes scolaires ! Vous voyez bien que ce n'est pas du tout le même sujet !

NUCLÉAIRE : "ANNE LAUVERGEON A EU LE COURAGE DE DIRE LA VÉRITÉ"

François Hollande réunit ce matin le Conseil de politique nucléaire pour traiter des exportations de la filière française. En France, on va fermer des centrales. En Chine, on va vendre notre savoir-faire. Est-ce cohérent ?

C'est incohérent. Il y a eu un incident hier, quand Mme Lauvergeon a dit qu'on ne pourrait évidemment pas respecter l'objectif fixé des fermetures. Elle a absolument raison, elle a eu le courage de le dire et il est bien de le saluer : il n'est pas vrai que l'on respectera l'objectif publicitaire de baisser à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité française d'ici 2025. On ne peut pas le faire, on ne le fera pas. Si le danger principal est l'augmentation de la production de gaz à effet de serre, c'est le nucléaire qui permet à la France d'être un des pays qui produit le moins de CO2. Toute recherche qui ira dans le sens d'une production d'énergie non-nucléaire est bienvenue. Mais il n'y a pas de possibilité de diminuer aussi vite la part du nucléaire sans augmenter la production de gaz à effet de serre, car il n'y a pas aujourd'hui de scénario crédible de remplacement par des énergies alternatives. 

L'ONU va voter une résolution favorable à une intervention en Centrafrique, avec des soldats africains, etc. Est-ce que vous soutenez l'opération ?

Oui, je soutiens l'intervention préparée par les autorités françaises. La Centrafrique est aujourd'hui dans un état de ruine et de danger absolu pour des millions de personnes. Cette opération me paraît nécessaire, si on veut sauver un pays, une société et des familles. Je soutiens cette opération, comme j'ai soutenu celle au Mali et comme j'ai été en désaccord sur la Syrie car en Syrie la France n'était pas sur la bonne ligne.

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