"Paris doit être un moteur du développement de la voiture électrique en ville"

Interrogé sur le bilan d'Autolib’, Jean-François Martins, conseiller de Paris et membre de l’équipe de Marielle de Sarnez, a estimé que ce dispositif ne sera un succès que lorsque "l’autopartage remplacera la voiture individuelle polluante", sur BFM Business.

Deux mois après avoir interpelé Bertrand Delanoë au Conseil de Paris sur l’ambiguïté du succès de Autolib’, Jean-François Martins débattait sur le plateau du Grand Paris avec Morald Chibout, directeur général de Autolib’.

"Je suis d’autant plus à l’aise d’interroger sur Autolib’ que je l’ai voté avec beaucoup d’enthousiasme et de satisfaction", a d’abord rappelé Jean-François Martins. "Je croyais vraiment beaucoup dans l’autopartage et qui plus est dans le rôle que la ville de Paris pouvait avoir comme moteur du développement de la voiture électrique en ville", a-t-il rappelé, se disant d’autant plus "exigeant" qu’il "veut vraiment le succès de Autolib’".

Mais, pour parvenir à un bilan véritable de Autolib’, "la question profonde", a estimé l’élu parisien, "ne se pose pas du point de vue de Bolloré qui a construit ces voitures, ni de point de vue de Autolib’, mais du point de vue de la ville". "Nous devons nous demander : est-ce qu’on a réussi à faire en sorte qu’on utilise plutôt des moyens de transport collectif, dont l’autopartage, que de transport individuel ?".

"AUTOLIB’ N’A PAS ATTEINT PAS SON OBJECTIF DE REMPLACER LA VOITURE INDIVIDUELLE"

Réagissant aux bons chiffres de Autolib’ du point de vue du nombre d’abonnements vendus depuis son lancement, Jean François Martins a rétorqué que "ce qui l’inquiète aujourd’hui, ce n’est pas le succès commercial, mais l’usage qui est fait de ce service".

"Il y a une étude de l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, qui dit que globalement, pour réduire réellement les gaz à effet de serre et la pollution en ville, il faut qu’une voiture en autopartage remplace neuf voitures individuelles", a-t-il rappelé. "C’est dans cet objectif que j’ai voté Autolib’, pour que l’autopartage électrique remplace la voiture individuelle polluante et que les abonnés soient des gens qui aient abandonné leur voiture pour Autolib’", a-t-il expliqué. "Aujourd’hui, ce n’est pas le cas."

C’est là que se situe le paradoxe du succès apparent de Autolib’, selon Jean-François Martins qui "conteste la réussite de Autolib’ à dire aux Parisiens : ‘Abandonnez votre véhicule individuel polluant, passez à l’électrique en autopartage’". "Je suis très inquiet", a-t-il dit, "je ne veux pas que ce soient des gens qui prenaient le bus ou le métro qui prennent Autolib’ mais des gens qui prenaient leur voiture". Et le conseiller de Paris d’appuyer son propos par celui de Pierre Mansat, adjoint au maire chargé du Grand Paris, qui avait déclaré : "On ne parvient pas à l’objectif, Autolib’ séduit les passagers des transports en commun mais ne supprime pas la voiture".

"D’UN POINT DE VUE COMMERCIAL, LA CIBLE DOIT ÊTRE RÉORIENTÉE"

L’élu parisien juge qu’il y a un problème de cible. "Aujourd’hui, on est sur la cible des 25-34 ans qui sont déjà usagers des transports en commun, qui sont déjà des sensibles à l’écologie et à la question des nouveaux modes de consommation", souligne-t-il. "On doit réorienter la cible d’un point de vue commercial et marketing pour aller vers des gens qui sont aujourd’hui possesseur d’une voiture individuelle et polluante et les pousser vers l’autopartage".

Au-delà de cet enjeu, et des enjeux classiques que sont "la distribution, l’installation et la qualité du service" qui doivent être pris en compte pour juger du succès de Autolib’, Jean-François Martins a soulevé la question de "l’offre d’entreprise" qui, après avoir été annoncée au moment du lancement de Autolib’, a été éludée depuis. "Il y avait une volonté qui était de faire de Autolib’ aussi une offre d’entreprise, pour que les entreprises abandonnent les parcs de voitures individuelles polluantes, vers des voitures en autopartage. Là encore, on n’a plutôt pas réussi alors que ça fait partie des leviers de réussite", a-t-il regretté.

"AUJOURD’HUI, LA QUESTION CE N’EST PLUS PARIS MAIS LE GRAND PARIS"

Le conseiller de Paris a rappelé que l’enjeu de la réussite de Autolib’ ne concernait pas seulement Paris. Il faut considérer "l’ensemble de la métropole parisienne, là où l’on a le service Autolib’, c’est cinquante communes". Parmi elles, Paris est la ville "la mieux connectée au réseau de transport en commun". "Donc, Paris est presque l’endroit où l’on a le moins besoin d’avoir une voiture", a-t-il résumé.

Un nouveau paradoxe pour Jean-François Martins qui souligne que, aujourd’hui, "deux tiers des usagers de Autolib’ utilisent ce service pour des trajets Paris-Paris". Or, "la question aujourd’hui ce n’est plus Paris, c’est de faire abandonner la voiture aux habitants du Grand Paris", a-t-il expliqué. Il faut donc trouver des "solutions" pour que ce service soit utilisé pour des trajets "banlieue-banlieue ou banlieue-Paris".

"RESPECTONS NOS ENGAGEMENTS ÉCOLOGIQUES"

Le succès de Autolib’ est aussi intimement lié à des enjeux écologiques, puisqu’il contribue au développement de la voiture électrique. "L’enjeu désormais c’est à la fois les gaz à effet de serre et les particules fines qui sont responsables de maladies graves comme des maladies pulmonaires ou la progression de l’asthme chez l’enfant". Donc, "il faut aller très vite" pour réduire "les particules fines", et notamment "arriver à réduire la flotte Diesel", a estimé Jean-François Martins. A ce sujet, il s’est réjoui que "la ville de Paris ait pris la décision de la sortie des bus au diesel de l’offre du STIF". "Je crois que c’est une très bonne décision qui va dans le bon sens et qui va dans le sens de l’exemplarité que doit avoir la ville en matière d’écologie", a-t-il ajouté.

"Vous savez, nous avons plein de défauts au centre", a-t-il poursuivi en souriant, "mais nous avons une qualité, c’est la constance". "En 2007, avec François Bayrou, nous avons signé le pacte écologique de Nicolas Hulot, comme tous les candidats à l’élection présidentielle de l’époque", a-t-il rappelé. "Dans ce pacte, il y avait la fiscalité verte, donc je crois qu’il est temps maintenant de respecter nos engagements". "Nous avons besoin de recettes fiscales nouvelles qui soient moins assises sur le travail, qui est en danger aujourd’hui, moins assises sur le capital, ou plus intelligemment pour ne pas bloquer l’investissement", mais qui puissent aller vers la taxation "de ce qui coûte à la planète, aux génération futures", a-t-il conclu.

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