"Pour mener la bataille de Paris, il faut un centre fort et rassemblé"

Marielle de Sarnez, candidate à la mairie de Paris, a prôné une démarche de "renouvellement" et de "rassemblement", au service de "l'intérêt général", vendredi dans le Talk Orange Le Figaro.

Yves Thréard - Trois questions oui/non. L’État doit-il récupérer les 403 millions d’euros qui ont été versés au titre de l’arbitrage de l’affaire Adidas à Bernard Tapie ?

Marielle de Sarnez – S’il est prouvé que l’arbitrage n’a pas été fait dans des conditions qui étaient valables pour la justice, la réponse est oui.

Estimez-vous, comme Nicole Bricq, qui est notre ministre du commerce extérieur, que Barroso n’a rien fait de son mandat de Président de la Commission européenne ?

Je dis à Mme Bricq, et elle le sait, que Barroso a été nommé par tous les gouvernements de l’Europe, de droite et de gauche.

Donc, retour à l’envoyeur ?

Oui.

Avez-vous été gêné, comme François Bayrou, par les auditions de Dominique Strauss-Kahn et de Jérôme Cahuzac ?

Je dois dire que, tout à coup, voir ces deux visages à la télévision, le même jour, à la même heure, l’un au Sénat, l’autre à l’Assemblée, c’était consternant.

Vous êtes d’accord avec Hervé Morin quand il dit, sur i>Télé, qu’on était dans la situation d’une famille centriste tellement éclatée qu’elle ne pesait plus dans la vie politique ?

Oui, je trouve que le centre pèse quand il est uni, quand il est fort.

Le centre, c’était le MoDem pour moi.

Le centre indépendant, c’est le MoDem. Après, dans cette famille du centre, il y a évidemment les amis de Jean-Louis Borloo, et il y en a même qui sont à l’UMP, et même des gens qui sont de centre-gauche, des sociaux-démocrates. Cette famille du centre est éclatée et trop éclatée.

Prenons l’UDI de M. Morin et le MoDem de François Bayrou et Marielle de Sarnez, qu’est-ce qui vous distingue ?

Je crois qu’il y a eu des démarches politiques, à un moment, qui ont été différentes. C’est-à-dire que nous avons affirmé, pour notre part, la nécessité d’un centre indépendant.

Eux ne sont pas indépendants, à l’UDI ?

S’ils ont envie de l’être…

Ils sont à droite ?

Je n’en sais rien, nous allons voir. Je pense que, par exemple, sur la question des élections européennes, nous avons très peu de différences.

Est-ce que vous êtes pour le droit de vote accordé aux Européens qui habitent en France, sauf pour l’élection présidentielle, disent-il à l’UDI ?

Oui, pourquoi pas ?

Donc, vous pourriez faire cause commune aux Européennes ?

Je vais vous dire, si nous ne faisons pas cause commune aux Européennes, qui va l’emporter ? Ce sont les anti-européens. Moi je suis profondément attachée à l’Europe.

Vous êtes députée européenne.

J’ai envie que l’on réconcilie la France avec l’Europe et les Français avec l’Europe, parce que nous sommes dans une séquence où nous voyons que ce n’est pas le cas. Donc, je dis que ça aurait du sens de faire un rassemblement des Européens.

Il ne vous a pas échappé qu’avant les élections européennes au printemps, il y aura au mois de mars les élections municipales. Des listes communes avec l’UDI sont-elles possibles aux municipales à Paris ?

En tous les cas, pour ma part, j’essaie d’être cohérente au plan national, au plan européen et au plan local, je trouve que là aussi ça aurait du sens. On dit toujours que "la bataille de Paris" – entre guillemets parce que, "bataille", ce n’est pas un mot très féminin – se jouera au centre. Si elle se joue au centre, il faut que le centre existe et qu’il existe le plus fortement possible.

Vous négociez avec l’UDI là-dessus, pour faire des listes communes ?

Je ne négocie pas, je parle, nous parlons ensemble.

Avec qui ?

Je vois les uns et les autres…

Yves Pozzo di Borgo ?

Je vois Yves Pozzo di Borgo, bien sûr, qui participe de la même démarche que moi.

Mais il y en a d’autres qui ne sont pas d’accord, M. Gassenbach par exemple.

C’est une question de stratégie, ce n’est pas une question de personnes. Est-ce que nous avons des choses à dire ensemble ? Et est-ce que nous serions plus forts si nous les disions ensemble ?

Pour vous, c’est oui.

Pour moi, c’est oui. Donc, je ferai tout pour créer les conditions. Parce qu’il faut créer des conditions pour faire des rassemblements, ça ne se fait pas tout seul.

Je crois que c’était rue des Dames…

Exactement, rue des Dames, au Bistro des Dames.

Un symbole.

Astucieux, n’est-ce pas ? (sourire)

Une campagne qui s’annonce d’ailleurs très féminine à Paris, dans tous les partis quasiment. Mme de Sarnez, vous avez fait appel, beaucoup, comme tête de liste, à des gens de la société civile. Est-ce à dire que vous avez du mal à trouver des hommes et des femmes politiques du MoDem pour vous représenter ?

Non, pas du tout, il y aura 500 candidats, c’est facile cela, ce n’est pas compliqué. La liste que j’ai présentée est une liste de personnalités qui travaillent sur le projet. Ma démarche est différente, peut-être, des démarches politiques classiques, traditionnelles, qui sont tout de suite sur la question de savoir qui on va mettre dans quel arrondissement. Ce sont des questions qui sont certes nobles mais qui viendront en temps voulu, à leur terme. Moi, je veux d’abord m’occuper du projet, du projet pour Paris, du projet pour les Parisiens. La petite vingtaine de personnes qui m’entourent, que j’ai présentées cette semaine au Bistro des Dames, ce sont des gens qui ont des compétences dans leur domaine. Par exemple le professeur François Haab, qui dirige le service d’urologie à l’hôpital Tenon, va s’occuper pour nous des questions de santé. Par exemple Yann Wehrling qui va s’occuper des questions, vraiment importantes à Paris, d’environnement. Ce sont des personnalités qui vont apporter un souffle nouveau, qui ont une démarche de sincérité et qui sont là pour l’intérêt général des Parisiens.

Avec comme priorité, le logement ?

Pour moi, la priorité des priorités, c’est le logement. Je proposerai un plan Marshall du logement à Paris.

Ça, c’est drôle. Ce n’est pas drôle parce qu’il y a un problème du logement.

C’est le moins que l’on puisse dire.

Mais parce que Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet disaient la même chose : "Priorité, le logement". Vous pourriez faire une seule liste ?

Je vais vous dire, tant mieux. Je souhaite que cette campagne de femmes, c’est un vœu que je forme, soit un peu différente des campagnes d’hommes. Ce n’est pas joué.

Qu’elle soit concrète.

Les femmes, ce n’est pas seulement concret, ça peut être conceptuel aussi. Je vous le dis en passant. (sourire)

Ce n’était pas un propos machiste. Ce n’est pas mon style, vous le savez.

C’était une petite précision. Je trouve que ce serait une campagne utile si, sur quelques grands sujets, nous pouvions dégager des priorités communes. Après, il y a un débat démocratique, une confrontation démocratique. Moi je porte l’idée du renouvellement sur Paris.

Vous avez voté François Hollande en 2012 à la présidentielle. Et là on dit, j’ai entendu dire, que vous ne seriez pas hostile à faire cause commune à Paris avec Nathalie Kosciusko-Morizet.

Je porte le renouvellement et j’essaie de travailler au rassemblement du centre. Renouvellement et rassemblement du centre. On dit que cette bataille va se jouer au centre, c’est au centre d’avancer.

NKM peut avoir besoin de vous ?

NKM peut avoir besoin de nous, Anne Hidalgo peut avoir besoin de nous. Elles peuvent dire, les unes et les autres, ce qu’elles disent, mais moi je vais d’abord m’occuper de moi-même, si vous le voulez bien, de nos valeurs, de nos convictions, et du projet. Parce que, au fond, on parle de tout sauf de la vie quotidienne des Parisiens.

Vous-même, c’est le XIVe arrondissement ?

Absolument.

Donc, si vous êtes tête de liste dans le XIVe arrondissement pour le MoDem...

Oui, pour le MoDem, pour le centre, pour un centre large. Je suis optimiste de ce point de vue.

Ça veut dire que Nathalie Kosciusko-Morizet ne peut pas se présenter dans le XIVe ?

C’est son choix, elle fait ce qu’elle veut, elle est absolument libre.

À votre avis, elle devrait aller où ?

Je n’ai aucun jugement à porter sur le choix qu’elle fera.

Que direz-vous si elle va dans le XIVe ?

Nous confronterons les projets. Cela voudra dire que c’est le XIVe qui fera la décision pour le maire de Paris et qu’il y aura, entre le centre et la droite, une confrontation, un débat, entre deux personnalités, deux pratiques, deux visions.

Il y a un sondage qui est sorti ce matin pour iTélé qui dit que Juppé est le préféré des sympathisants de l’UMP devant Fillon, et loin devant Copé. Qu’est-ce que ça vous inspire ?

J’aime bien Alain Juppé, je trouve que c’est une personnalité vraiment estimable et vraiment respectable. Je trouve que lui et François Fillon incarnent bien cette droite républicaine, sociale et européenne que j’aimerais voir affirmer un peu plus.

Vous avez peur que le Front National arrive en tête de l’élection européenne ?

Je pense que si les Européens laissent le champ ouvert au Front National, oui nous pourrions avoir quelque chose de cet ordre. Notamment si le Parti socialiste continue à faire une campagne contre l’Europe, c’est-à-dire à apporter des voix à ceux qui contestent l’Europe. Nous allons avoir des partis tièdes sur l’Europe, le Parti socialiste et peut-être l’UMP, malgré des Alain Juppé et des François Fillon, ils sont aussi dans une attitude qui va être compliquée pour l’Europe. Il faut qu’au centre de la vie politique française il y ait des Européens convaincus. Moi je crois qu’il revient aux Européens convaincus de porter les changements dont l’Europe aura besoin.

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