"Pour lutter contre Daesh, il faut un front international avec la Russie, mais pas derrière la Russie"

Ce jeudi 22 décembre, François Bayrou était l'invité politique de la matinale d'iTélé. Il a rappelé l'impérative nécessité d'établir une coopération internationale pour lutter contre le terrorisme.

Bonjour François Bayrou. 12 morts, 48 blessés, un pays en deuil et déjà l’heure des comptes pour Angela Merkel accusée d’avoir négligé le risque terroriste et les mesures de sécurité. L’Allemagne a-t-elle perdu son innocence ?

L’Allemagne est comme tous les pays dans lesquels la vie politique se superpose à la vie nationale et déclenche des polémiques dont on voit bien qu’elles sont plus inspirées par la volonté de marquer des points électoraux.

Rappel des faits : le suspect principal est un demandeur d’asile tunisien. Y’a-t-il un lien entre la politique migratoire d’Angela Merkel et ce qui est arrivé à Berlin ? Que pensez-vous des personnalités politiques qui font ce lien ?

Vous voyez bien, un demandeur d’asile tunisien... En principe, la Tunisie n’est pas un pays qui relevait de la politique qu’Angela Merkel a créee en accueillant les réfugiés des pays en guerre. La Tunisie n’est pas un pays en guerre. Oui, bien sûr il y a des risques, oui, bien sûr, il y a des réseaux. Oui, bien sûr, il faut muscler les renseignements car ici, c’est une question de renseignements. Nous aurions pu trouver des réponses.

Donc l’arsenal en matière de lutte contre le terrorisme sur le renseignement n’est pas suffisant ?

Il n’est pas suffisant dans les pays européens et dans l’Union Européenne, parce que s’il n’y a pas d’échange de renseignements entre les services de renseignement français, allemands, belges et de l’autre côté de la Méditerranée, si cet échange n’a pas lieu, alors nous sommes plus faibles.

Et en France, faut-il aller plus loin ? On entend des voix s’élever pour aller au-delà de l’état d’urgence.

Je ne sais pas ce qu’aller « au-delà de l’état d’urgence » veut dire. Nous avons tout ce qu’il faut. Je pense qu’il y a des questions d’organisation du renseignement qui demeureront posées. Il faut avoir une loi en tête : quand la menace change, il faut que la défense change.

Êtes-vous inquiet pour les quelques jours qui arrivent ? Samedi soir, la messe de minuit dans les églises de France… Pensez-vous que cela va bien se passer ? Craignez-vous pour la sécurité des églises, des marchés de Noël ?

Je ne crains pas, mais je pense qu’il faut être vigilent. Il faut, quand on est à la tête d’une ville comme la mienne, la ville de Pau, faire attention. Hier, nous avons eu une réunion pour tirer les enseignements de l’attentat de Berlin et mieux défendre encore les zones où il y a foule en ces moments de fêtes. Oui, à chaque instant, il faut adapter la défense à la menace.

Nous savons que vous avez des désaccords sur le programme de François Fillon. Mais sur la politique anti-terroriste, le suivez-vous dans sa volonté de se rapprocher de Vladimir Poutine ?

Je ne sais pas si l’un est lié à l’autre. La politique anti-terroriste sur notre sol est une question d’organisation du renseignement et des services de sécurité. Pour lutter contre Daesh, il faut un front international avec la Russie, mais pas derrière la Russie. Il ne faut pas être dépendant de la Russie ou considérer que la Russie a toujours raison.

Manuel Valls considère que le tropisme russe de François Fillon remet en cause l’indépendance de la France. Le suivez-vous, là-dessus ?

Ce n’est pas le tropisme russe d’un seul des acteurs du jeu politique français. Aujourd’hui, ce qui est frappant, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par les Républicains, c’est qu’il y a une fascination pour Poutine. Je trouve que la France ne doit pas être fascinée. La diplomatie doit avoir une seule ligne : l’indépendance. Elle doit fixer elle-même son cap. Le reste, ce sont des commentaires auxquels je ne participerai pas.

Vous en avez beaucoup parlé : la condamnation pour négligence, sans peine, de Christine Lagarde dans l’affaire Tapie. Vous n’avez pas eu de mots assez durs pour critiquer cette condamnation. Y’a-t-il deux justices dans notre pays ? C’est ce que vous voyez derrière ce jugement ?

C’est ce que tous les Français voient ! Déclarée coupable, dispensée de peine… Cela veut dire que tous les Français qui sont poursuivis – cela arrive, dans une vie – par les tribunaux, savent que pour eux il n’y aura pas de dispense de peine. Juridiquement, ce jugement pose beaucoup de questions : la dispense de peine n’est pas fondée. Pour que la dispense de peine soit fondée, le Code énonce trois conditions : que le coupable soit réinséré – ici, c’est indiscutable, la réinsertion est acquise au FMI – mais il faut aussi que le dommage soit remboursé et que le scandale ait cessé. Ces deux dernières conditions ne sont pas remplies.

Là, vous remettez clairement en cause les juges de cette Cour de justice de la République et leur travail.

Non, ce ne sont pas des juges. La Cour de Justice de la République n’est pas formée de magistrats comme elle devrait mais elle est formée pour douze sièges sur quinze de parlementaires. Comment voulez-vous que le jugement soit impartial puisque ce sont soit des camarades, soit des adversaires de parti qui jugent. Ce n’est pas comme ça qu’on forme une Cour de justice. Je suis pour la suppression de la Cour de justice de la République. Je pense que cela devrait être un préalable. Je rappelle que François Hollande, en particulier sur ma demande, s’était engagé à la supprimer et il ne l’a pas fait, comme aucun de ses prédécesseurs. On ne peut pas avoir des citoyens qui constatent sous leurs yeux que les plus puissants sont protégés et les faibles, ou les plus fragiles, exposés.

Vous avez vu François Fillon avant qu’il ne parte en vacances à la montagne. Son projet est-il moins récessif ? Avez-vous obtenu des modifications ?

Pour l’instant, je n’ai pas vu de modifications, mais je n’ai pas de doute que François Fillon va y réfléchir. Il le devrait, parce que je ne suis pas le seul – et de très loin – à pointer du doigt un certain nombre d’inquiétudes qui naissent de ce projet.

Peut-être y’aura-t-il d’autres évolutions qui feront que vous ne serez plus candidat ?

Sur la sécurité sociale, François Fillon a publié une tribune. Vous l’avez lue parce que c’est votre métier. Si vous avez compris quelque chose, je vous paie des caramels mous !

C’est vrai que cela reste flou sur le point de savoir où l’on trouve des économies.

Je n’ai pas compris quelles étaient les évolutions… La tribune avait une signification : il avait l’intention de bouger. De ce point de vue-là, évidemment, c’est plutôt un signe.

Un mot sur Emmanuel Macron : un sondage Odoxa le désigne homme politique préféré des Français. Cela vous étonne ?

Non, il y a comme ça des vagues. Et puis, il ne faut pas s’en émouvoir… Combien de fois avez-vous annoncé à l’antenne des sondages qui prédisaient avec certitude la victoire de l’un, la préférence de l’autre…

Un effet Macron, vous n’y croyez pas ? 10.000 personnes rassemblées à la Porte de Versailles… Il ne se passe rien ?

Ce n’est pas à cette mesure que je juge la situation. Mon problème à moi, c’est de me demander si le cap fixé par les uns et les autres est juste et si la personnalité des uns et des autres est capable de remplir la fonction présidentielle. Cette fonction demande du poids, de l’expérience, une vision. Voilà mon interrogation, ma seule interrogation.

Vous allez livrer votre vision dans un livre-programme qui sortira probablement fin janvier ou début février… Vous êtes candidat ?

Ecoutez, il y a une minute, vous disiez que non, là, vous me dites que oui… Cela signifie qu’il y a dans votre esprit un suspens et c’est très bien comme cela ! La démocratie demande qu’on puisse porter une question devant les citoyens et apporter avec eux des réponses.

 

 

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