"Pour renouer avec l'idéal européen, nous avons vitalement besoin d'une refondation démocratique"

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Intervenant en conclusion du Conseil du Parti démocrate européen (PDE) à Bruxelles, Marielle de Sarnez s’est dite inquiète des risques d’un délitement européen. La secrétaire générale du PDE a ainsi appelé à « un ressaisissement » pour retrouver « un élan vital » et remettre au premier rang ce qui a fait et ce qui fera demain la force de l’Europe, notamment la défense de nos intérêts et de nos valeurs.

Bruxelles, 30 novembre 2016

C’était un tour d’horizon très intéressant, qui montre les difficultés très nombreuses dans les Etats membres qui composent aujourd’hui l’Union Européenne et l’Europe. Aucun Etat membre n’est épargné, quand on vous entend tous parler, et nous connaissons la situation d’autres pays qui ne sont pas représentés ici.

Nous vivons des moments difficiles, de délitement, d’autoritarisme poussé, de populisme, il y a des sentiments qui naissent, qui ne sont pas les meilleurs. Il y a une inspiration qui naît, qui n’est pas la meilleure. C’est une première source d’inquiétude.

La deuxième est l’avenir de notre Union Européenne. Nous sommes dans une difficulté majeure, le fossé s’accroît entre les peuples et l’idée même européenne, l’idéal même européen, et de ce point de vue-là, aussi bien dans les Etats membres qu’en Europe, nous avons donc besoin d’une refondation.

J’ai rarement été inquiète sur le devenir européen, j’ai toujours été positive, constructive, mais je suis aujourd’hui pour la première fois inquiète. Si nous n’agissons pas, si nous ne faisons rien, nous aurons une déconstruction européenne progressive, ou un délitement européen progressif. Je crois qu’il nous appartient à nous et à tous les Européens, de nous ressaisir pour retrouver un élan vital. Nous avons vitalement besoin d’une refondation démocratique, aussi bien dans les Etats membres, où l’on a le sentiment que la démocratie nous file un peu entre les doigts et où toutes les situations se compliquent, qu’au sein de l’Union Européenne.

Je pense, en particulier, qu’il faut qu’on regarde avec lucidité les institutions européennes, qu’on soit capable d’analyser ce qui ne marche pas dans ces institutions. Nous avons aujourd’hui une Commission européenne qui ne fait pas rêver les peuples et les foules. Elle se perd dans de la technocratie, la bureaucratie, elle n’est jamais à l’initiative au moment où il faut, elle n’anticipe aucune des situations auxquelles l’Europe est confrontée, et elle ne fait pas de politique. Et nous avons un Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement, qui sont chacun dans leur repli sur soi, leur égoïsme national, et qui n’ont aucune capacité d’anticipation non plus.

La manière dont les chefs d’Etat et de gouvernement d’un côté, et la Commission de l’autre, ont géré la crise des réfugiés est absolument consternante. Il n’y a eu aucune anticipation sur le fait que des centaines de milliers de Syriens allaient fuir leur pays. Nous aurions pu gérer cette crise de façon extrêmement différente. Et on ne l’a pas gérée. On a été submergés par la crise, mais nous n’avons pas apporté les bonnes réponses au bon moment. Il fallait apporter des réponses, évidemment généreuses et de progrès, et en même temps réalistes, parce que l’un va avec l’autre. On ne peut pas accueillir tout le monde, mais il faut savoir accueillir.

Je crois qu’il faut faire ce constat de dysfonctionnement de nos institutions européennes, et qu’il nous revient à nous, Parti Démocrate Européen, avec tous ceux qui l’estimeront nécessaire, d’ouvrir une réflexion sur la manière dont on voudrait que fonctionnent cette Europe et cette Union Européenne,  car je ne suis pas satisfaite du fonctionnement actuel des institutions.

Il va falloir qu’on fasse une rupture, une révolution démocratique, que les peuples retrouvent du pouvoir, parce que ça ne pourra pas continuer comme ça. Il faudra aussi une refondation en matière d’inspiration, de ce que doit faire l’Europe.

J’ai beaucoup aimé que Leila Aïchi rappelle qu’autrefois, c’était les philosophes qui inspiraient les idées, alors qu’aujourd’hui ce sont les comptables. L’Europe ne doit pas être là juste pour nous dire quels déficits on peut faire ou ne pas faire. Ce n’est pas possible. On ne peut pas amener des peuples, créer un idéal européen avec une approche comptable. Ca n’est plus la question d’aujourd’hui. Les questions de demain, ce sont les questions vitales de notre existence : la protection de la défense de nos intérêts, la défense des valeurs qui sont les nôtres, rappeler la fierté que nous avons d’être détenteurs d’un modèle social et d’un modèle européen unique au monde. Il faut remettre en avant ce qui a fait la force, et qui fera demain à nouveau la force de l’Europe, pour autant qu’on s’en donne les moyens.

Je crois qu’il faut repenser aussi les contenus des politiques européennes, laisser l’approche strictement comptable de côté, et se retrouver sur des grands intérêts que nous avons à défendre dans notre politique commerciale, dans nos questions d’énergie et de développement durable, dans la question du flux des migrants qui est une vraie question pour demain, dans la question de nos relations avec l’Afrique, la question de notre modèle économique et social. Toutes ces questions sont absolument vitales.

Mais ça, nous ne pourrons pas le faire avec les institutions actuelles comme elles fonctionnent, ou comme elles dysfonctionnent, et à vingt-sept. Imaginer qu’on va refaire un traité, signer un texte demain à vingt-sept, j’ai du mal à le croire. Il va falloir partir d’un noyau moteur, ça peut être les pays qui ont notre monnaie commune, ou ceux qui veulent rejoindre cette monnaie européenne, partir d’un noyau et repenser un projet pour l’Europe.

Et ce sera ma conclusion : nous n’avons pas donné toutes ces années et toute notre vie à la conception d’un modèle qui serait uniquement celui d’un marché.  L’Europe pour nous ça doit être un projet politique, un projet de civilisation, un idéal. C’est avec cela qu’il faut renouer, et c’est cela qui fait à mon avis le sens de notre engagement au Parti Démocrate Européen.

 

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