« Prix des carburants : tenir bon avant tout ! »

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Découvrez la réaction de notre secrétaire général, Yann Wehrling, à propos du prix des carburants.

A chaque poussée sur le prix des carburants, la même fièvre s'empare de toutes et tous. Finis les grands engagements pour la planète, haro sur les "écolos-bobos" qu'on oppose aux "vrais-gens" et tant pis si, une fois encore, on repoussera à plus tard les réductions des émissions de gaz à effet de serre.

Je lis avec consternation les initiatives et propos de certains responsables politiques. Ils fonctionnent comme des logiciels ou des algorithmes : ils regardent les données, voient que les français sont contre la hausse des carburants et donc, ils s'engouffrent dans la brèche et vont être contre la hausse des carburants. Ils liront demain que les français sont contre le mauvais temps, ils proposeront des mesures contre le mauvais temps.

Mais cette fois-ci, je suis fier. Fier de notre Président, fier du gouvernement, vraiment. Par le passé, je me souviens d'une des premières mesures du précédent Président une fois élu : baisser le prix des carburants pendant plusieurs mois (avant d'arrêter cette ineptie tant la mesure avait fini par coûter cher). Non, cette fois, à tous les étages du pouvoir on tient bon. Preuve si besoin que mener une politique environnementale de lutte contre le changement climatique est un combat parmi les plus rude qu'il nous soit donné de mener dans les prochaines décennies.

Pour rappel, en 2014, la loi de finance instituait une contribution climat énergie (notre taxe carbone à nous français). Nous faisions en cela ce que beaucoup d'autres pays avaient mis en œuvre avant nous. Pour faire simple, il fallait un signal prix sur les énergies fossiles pour créer un effet mécanique de long terme consistant à économiser ce qui coute cher. Or, jusqu'à présent, malgré tout ce qui peut être dit ces derniers jours, l'énergie fossile reste à un niveau de prix trop bas pour réellement enclencher une vraie lame de fond en faveur des économies d'énergie. La contribution climat qui a démarré à un peu plus de 7 euros la tonne en 2014 doit suivre une courbe ascendante pour arriver à 100 euros la tonne en 2030 (elle dépasse les 70 € en Suisse, et a déjà dépassé les 100 € en Suède, elle sera de 70€ au Canada à l'horizon 2022). En 2016, avec 22 € la tonne, elle rapportait à l'Etat quelques 3,8 milliards d'€. En 2030, elle devrait donc rapporter environ 15 à 20 milliards d'€.
L'idée par ailleurs était de flécher cet argent vers des investissements verts. Avouons qu'en finançant, dès 2014, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, on n'était pas réellement sur des investissements verts. Cela étant, que l'énergie fossile puisse financer une baisse des charges des entreprises ou l'emploi, pourquoi pas, car au fond, à choisir, pourquoi devrait-on chercher l'argent pour financer notre modèle social uniquement dans une taxation du travail ? Rien n'interdit de se dire qu'après tout, l'énergie pourrait aussi financer notre modèle social pour alléger la taxation du travail et continuer d'alléger encore les cotisations salariales et patronales.

Alors oui, bien sûr, il y a des français qui vivent en milieu rural, qui doivent faire des kilomètres chaque jours pour aller travailler et n'ont d'autres choix que de prendre leur voiture car l'offre en transport en commun est trop pauvre. Ces zones sont aisément identifiables en France. J'ai personnellement connu cette situation pendant quelques années de ma vie et je sais donc de quoi il retourne. Mais plutôt que souhaiter une baisse des carburants, j'avais ardemment (mais en vain à l'époque) souhaité que les collectivités locales où je circulais mettent en place des systèmes de TAD, co-voiturage et d'autopartages intercommunaux. Ce sont des solutions qui doivent être maintenant davantage et urgemment regardées, pas forcément très complexes à mettre en oeuvre d'ailleurs, mais elles nécessitent le concours de l'Etat car là où les besoins sont les plus criants, ce sont aussi des territoires où les collectivités locales sont souvent les plus démunies en solutions, en moyens humains et techniques pour opérer les offres.
Je pense aussi à celles et ceux qui travaillent à des horaires difficiles, la nuit ou très tôt le matin. Là aussi, ils sont dans des usages contraints de leur voiture.
Il nous faut également voir comment mieux prendre en compte le coût de ces déplacements dans les déductions fiscales et crédits d’impôts via l’impôt sur le revenu.
Aujourd'hui, tous les français sont globalement logés à la même enseigne au regard des dispositifs incitatifs pour changer son véhicule ou pour les déductions des frais réels sur sa déclaration de revenu. Cette généralisation coute d'ailleurs très cher au budget de l'Etat. Or, il apparait clairement qu'en matière de mobilités, tous les français ne peuvent plus être mis à égalité. Habiter au centre de Paris ou au fond d'une vallée des Vosges, ce n'est pas la même chose au regard des possibilités de mobilités. Il faut cibler et prioriser.
Je crois au ciblage sur ces populations avec, par exemple, des aides sur-bonussées à l'achat de véhicule neufs très peu émetteurs et donc très peu consommateurs.

Tenir bon sur la mesure, prendre des correctifs sociaux, tel me parait être la bonne ligne.

A ceux qui font feu de tout bois pour refuser le maintien de la fiscalité sur les carburants, qu'ils nous expliquent ce qu'ils diront aux mêmes français quand, dans quelques années, une fois toutes les taxes supprimées, et faute d'avoir appris progressivement à s'en passer, nous serons tous pris à la gorge d'un prix du baril fixé par d'autres dans le monde. Il sera alors trop tard pour trouver rapidement les ressources financières nécessaires pour que notre parc automobile et de logements soient moins gourmands en énergie fossile.

Oui, tenir bon, c'est dire que notre pays va dans la direction d'une moindre dépendance aux énergies fossiles.
Tenir bon, c'est dégager des ressources nouvelles, via cette contribution climat énergie, pour se passer de ces énergies fossiles.
Tenir bon, c'est financer l'isolation des logements pour que les plus démunis puissent se chauffer dignement en hiver.
Tenir bon, c'est financer l'évolution des mobilités vers des solutions moins consommatrices en énergies fossiles.
Tout cela forme un tout avec d'un côté la contribution climat énergie et de l'autre le financement de la transition écologique et énergétique en la priorisant vers les plus démunis.

Dans ce débat, il y a décidément deux façons de faire de la politique qui s'affrontent :
- les démagos qui foncent tête baissée dans l'électoralisme immédiat et ne font pas leur travail d'homme et de femmes politiques responsables qui expliquent, qui cherchent des solutions de long terme et durables
- et ceux qui pensent à des solutions qui marcheront sur la durée. Notre société a besoin d'être moins dépendante des énergies fossiles. D'abord parce que nous les importons massivement et que nous nous mettons en dépendance de grandes puissances étrangères comme la Russie ou des pays du Moyen Orient. Dépendance aussi sur les prix car au delà des taxes, le gros des fluctuations des prix est fixé par un marché mondial dont nous n'avons pas la maitrise. S'en défaire, c'est progressivement puiser, dans cette ressource de la contribution climat énergie, les moyens et les financements pour investir dans les énergies alternatives made in France et les économies d'énergie.

En résumé : tenons bon dans la trajectoire d'une contribution climat énergie qui permettra de rendre plus compétitives les énergies alternatives, et plus rentables les investissements dans les économies d'énergie.
Et bien sûr, pour rendre plus acceptable cette contribution qui de toute évidence n'est pas comprise, affirmons plus fortement (démontrons-le, faisons-le) que les recettes induites vont et iront plus visiblement dans les énergies renouvelables made in France, les économies d'énergie, et des mesures ciblées en direction des français les plus fragiles et les plus dépendants d'un usage contraint de leur voiture.



Yann Wehrling, secrétaire général du Mouvement Démocrate



 

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