Retraites : "Cette fois, il faut une réforme structurelle et de long terme"

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Marielle de Sarnez a appelé le gouvernement à faire preuve de "courage" sur la réforme des retraites, afin de "garantir le système sur le long terme", vendredi matin sur LCI.

Julien Arnaud - Le rapport Moreau sur les retraites est rendu aujourd’hui. On lit ce matin dans un sondage LCI que 56% des Français sont favorables à une égalité parfaite entre le secteur public et le secteur privé. Faites-vous partie de ces 56%, Marielle de Sarnez ?

Marielle de Sarnez - Je fais partie des gens qui espèrent que nous n’allons pas faire une cinquième réforme qui ne va durer que quelques années, comme nous faisons depuis vingt ans, mais que nous allons faire une réforme qui va plus loin, une réforme structurelle. Je défends, comme la CFDT, l’idée d’une retraite par points, donc d’un régime unique de retraites. A terme, car nous n’allons pas décréter tout cela du jour au lendemain. Le régime unique de retraites avec des points existe déjà, par exemple en Suède. C’est un système assez juste parce qu’il est individualisé, il prend en compte la pénibilité, les parcours des uns et des autres, les droits acquis…

Mais ce ne sera pas ça dans un premier temps.

Moi je souhaite que ce soit ça. Je souhaite que nous allions vers une réforme structurelle qui fasse que le système de retraites soit pérenne, que nous n’ayons pas besoin d’y revenir. Alors, oui, nous pouvons imaginer un système unique, j’y suis tout à fait favorable. Mais ça veut dire qu’il faut prendre en compte, par exemple dans le salaire des fonctionnaires et particulièrement des catégories C, les plus modestes, l’ensemble des primes et les imputer sur le salaire. Il faut faire ça en justice. Je souhaite que le gouvernement fasse les choses en justice mais qu’il ait le courage d’avancer sur une réforme qui rende pérenne le système des retraites, qui garantisse le système des retraites pour les Français sur le long terme.

Mais, "en justice", est-ce que ça veut dire calculer la retraite sur les 25 dernières années dans le public, comme dans le privé ?

Oui, mais vous ne pouvez pas décréter quelque chose aujourd’hui qui s’appliquerait pour des retraités qui auraient eu un certain nombre d’avantages. Donc, il faut prendre en compte les avantages acquis, prendre en compte les droits, mais créer pour l’avenir un système unique.

Il y a une hausse de la CSG qui se profile visiblement pour financer le système des retraites. Vous y êtes favorable ?

On parle de ça depuis très longtemps. J’espère que cette réforme sera faite en justice, j’espère que l’on préservera les petites retraites. Mais évidemment, c’est probable que cela passe par une hausse de la CSG.

Est-ce que l’on préservera aussi les régimes spéciaux ? D’après Le Parisien ce matin, François Hollande ne touchera pas aux régimes spéciaux.

Je suis, je vous l’ai dit, pour un système unique de retraites. Je regrette que la droite, Nicolas Sarkozy quand il était au pouvoir…

Vous tapez toujours plus sur la droite que sur la gauche, non ?

Non ! Ce n’est pas "taper". Je regrette parce que ça dure depuis vingt ans. Vous vous souvenez du rapport de Michel Rocard ? Il était absolument pertinent, tout à fait lucide. Mais ça c’est la France : on fait un rapport génial, intelligent, qui dit à peu près tout, et vingt ans après on en est encore à se poser les mêmes questions parce qu’on n’a pas avancé. Donc je regrette que l’ensemble des gouvernements n’aient pas avancé depuis vingt ans. J’espère que François Hollande et son gouvernement auront le courage de faire les choses pour l’intérêt général.

Vous aviez voté François Hollande au second tour il y a un an ?

Oui.

C’est un choix que vous regrettez ou pas ?

Non, ce n’est pas un choix que je regrette, je pense que l’alternance était nécessaire et je pense qu’il était nécessaire que la gauche se confronte à la réalité telle qu’elle est aujourd’hui. Simplement, je suis exigeante. J’attends du gouvernement qu’il conduise un certain nombre de réformes qui pour le moment ne sont pas là.

On lit ce matin dans la presse que Bernard Tapie reconnaît à demi-mot qu’il a participé à une réunion cruciale, c’est un petit peu nouveau. Il dit "Si Stéphane Richard le dit, ça doit être vrai, moi je ne m’en souviens pas très bien", c’est la mémoire sélective. Il dit également que Nicolas Sarkozy a donné son feu vert. Est-ce que Nicolas Sarkozy est impliqué personnellement dans cette affaire, d’après vous ?

Si on écoute Bernard Tapie, on a le sentiment que tout le pouvoir et tout l’Etat ont été mobilisés, c’est ce qu’il nous raconte ce matin dans Le Figaro. Vous savez, moi je défends depuis toujours, depuis très longtemps, l’idée d’un Etat impartial. Je crois que c’est cela que nous devons remettre au cœur du débat politique. Un Etat impartial, c’est un Etat qui ne décide pas pour des intérêts privés ou particuliers, c’est un Etat qui décide uniquement pour l’intérêt général. Je crois que cela, nous devons d’urgence le restaurer aujourd’hui.

Christine Lagarde a toujours dit que l’arbitrage c’était l’intérêt général car sinon cela nous aurait coûté encore beaucoup plus cher.

Visiblement, l’Etat s’est mêlé de quelque chose auquel il n’avait pas à se mêler. La justice avance. Je pense que c’est une bonne chose de ce point de vue. J’espère que les faits vont maintenant être révélés et j’espère surtout que, une fois que la justice aura fait son travail, nous allons pouvoir tourner la page sur tout ça. C’est-à-dire mettre en place des institutions dans notre pays qui rendront impossible qu’à nouveau l’Etat s’arroge des dispositions qu’il ne devrait pas s’arroger.

Est-ce que vous diriez que, à l’époque de Nicolas Sarkozy, il y avait une bande filoute ? "Escroquerie en bande organisée" pour Stéphane Richard et Jean-François Rocchi, ce sont quand même des termes très forts. Est-ce que c’est représentatif de quelque chose, d’une époque, d’une ambiance ?

Ce sont des termes utilisés par les juges. Il y a toujours la présomption d’innocence donc je reste évidemment prudente et je n’ai pas de jugement à porter sur les personnes. Simplement, les Français ont le sentiment que dans cette histoire, des décisions ont pu être prises qui n’allaient pas dans le sens de l’intérêt des Français mais qui défendaient des intérêts particuliers, par exemple de Bernard Tapie. Ceci ne va pas. Je trouve que la justice fait son travail correctement, nous devons la laisser faire.

Est-ce que vous avez la moindre idée de la contrepartie politique ? Un chèque d’une telle importance…

Moi je trouve ça surréaliste. Je n’en ai absolument aucune idée. Je ne sais pas ce que M. Bernard Tapie aurait promis ou aurait pu dire.

Est-ce que vous appelez Nicolas Sarkozy à s’exprimer là-dessus ? À sortir du bois ?

J’appelle la justice. D’ailleurs, je n’ai pas besoin de l’appeler. La justice fait son travail et je trouve ça très bien.

Vous êtes également candidate à la mairie de Paris pour le MoDem. Même si les élections ne sont que l’année prochaine, évidemment c’est un dossier qui passionne, sinon les Français, du moins les médias. Vous allez présenter votre équipe à la fin de ce mois. Y aura-t-il des surprises dans la liste des noms ?

Il y a des gens très bien, par exemple Yann Wehrling qui s’occupera des questions d’environnement.

Ex-secrétaire national des Verts.

C’est une équipe qui va s’occuper du projet. Je considère que cette campagne est partie très tôt, les Parisiens ne sont pas vraiment dans l’élection municipale, elle a lieu dans dix mois. Moi j’ai envie de m’occuper de la vie des Parisiens. J’ai envie de porter des projets innovants, des propositions nouvelles, une mobilisation nouvelle pour le projet et pour le fond.

Que répondez-vous à Anne Hidalgo qui vous a tendu la main et qui se dit ouverte pour des alliances avec vous au second tour ?

Je suis là pour porter un renouvellement pour Paris. Paris a besoin de renouvellement dans les attitudes, dans les pratiques, dans la gouvernance, dans les projets. Je suis là pour ça et je suis là pour incarner une vision du centre en politique à Paris.

Donc vous prenez cette main qu’elle vous tend ou pas ?

Je suis là pour incarner une vision du centre à Paris, c’est donc une différence.

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