"Seule l'unité du Centre peut rendre l'espoir aux Français"

François Bayrou s'est positionné dimanche comme un "partisan et défenseur de l'unité" du Centre. "Nous avons décidé d'être les acteurs du seul rassemblement politique nouveau qui puisse rendre un espoir aux Français", a-t-il lancé à un millier de militants réunis à ses côtés pour l'Université de rentrée du Mouvement Démocrate.

"Mes chers amis,

Ces trois jours d'Université de rentrée ont été passionnants et importants. Je veux vous parler de notre responsabilité comme mouvement politique et, j'espère dans quelques jours, comme ensemble politique, de la situation de notre pays. Ce jugement, cette vision, je la place naturellement dans le monde et l'Europe comme ils sont.

Hier, les ministres de Berlusconi ont démissionné du gouvernement italien, ce qui menace de plonger ce pays que nous aimons dans une crise profonde, qui peut entraîner une crise pour l'ensemble de l'Union européenne.

Hier encore, la Chambre des représentants des États-Unis a voté un budget de guerre contre le président Obama. Un budget qui refuse l'établissement de la sécurité sociale aux États-Unis. Si ce budget n'est pas corrigé avant mardi soir, il n'y aura plus de possibilité pour l'action publique aux États-Unis, notamment pas pour payer les fonctionnaires. Ce qui veut dire qu'une très grande partie de l'économie du monde peut se trouver bouleversée par une crise institutionnelle. Nous espérons qu'elle n'aura pas lieu mais, pour dire la gravité des choses, le Congrès a voté une loi exceptionnelle pour que les militaires puissent être payés. C'est-à-dire à quel point la totalité de l'action publique est menacée.

Ces avertissements, ces nouvelles, ces risques, ces mines sous nos pas, elles sont placées à un moment où nous, Français, venons de recevoir une leçon qui est une leçon extrêmement éclairante, qui vient de l'autre ôté du Rhin. L'Allemagne, notre voisin et notre partenaire, vient de voter pour reconduire triomphalement Angela Merkel, pour lui apporter un score qui lui offre presque - le presque est très important - la majorité absolue. 

Ce qui veut dire aussi que l'Allemagne va être obligée de rechercher les voix et les moyens d'une coalition, qui fera que les deux grandes forces politiques accepteront de partager la charge, la responsabilité, non seulement du pouvoir mais du pays. C'est une nouvelle très impressionnante pour nous, car elle met en évidence une réalité qui est chez nous très souvent niée. Vous savez bien ce qu'on entendait depuis longtemps. C'était "on ne peut pas faire une politique courageuse en période de crise parce que les peuples vous renvoient à la prochaine élection. Il y a incompatibilité entre le courage et le soutien des peuples".

Or, ce qu'a montré Angela Merkel, quelqu'un qui sert à la fois une certaine idée de l'Europe et une certaine idée politique, c'était que le courage et le soutien populaire pouvaient aller ensemble. C'est une grande leçon pour la France et je crois que nous lui devons pour cela de la reconnaissance. C'est une idée que nous essayons de propager depuis longtemps dans notre pays. Courage et soutien populaire, non seulement cela peut aller ensemble, mais nous croyons nous que le soutien populaire vient quand les gouvernants sont courageux. Si les gouvernements ne sont pas courageux, il n'y a pas de soutien populaire.

(applaudissements)

Notre conviction à nous, elle est claire, tout le monde la connaît, c'est que le courage doit passer en premier. Si le courage n'est pas au rendez-vous dans des périodes comme celle-ci, alors vous pouvez dire aux gouvernants : vous n'êtes pas à la hauteur de la confiance que les citoyens vous ont faite. Et nous ajoutons, nous : ça n'est pas parce que vous êtes courageux que vous serez impopulaire. C'est parce que vous renoncerez au courage, par peur de l'impopularité, que les peuples vous jugeront inconséquent et léger et qu'alors vous deviendrez, vraiment, impopulaire.

(applaudissements) 

C'est ce mécanisme qui a apporté ce succès à Angela Merkel. C'est ce qui manque, si cruellement, en France. Quand nous regardons les courbes de soutien, de popularité du gouvernement, ce qui est grave, ce qui est attristant, ce n'est pas que le gouvernement soit impopulaire, c'est qu'il soit impopulaire sans courage, sans l'action, sans prise sur les réalités du pays, sans préparation volontaire de l'avenir.

Il y a des millions de Français - pour beaucoup nous en étions - qui attendaient que François Hollande, désormais à la tête de tous les pouvoirs dans le pays, non seulement rompe avec la pente sur laquelle Nicolas Sarkozy s'était laissé entraîner, mais qu'il s'engage enfin dans l'effort nécessaire et urgent pour la reconstruction du pays. C'est précisément sur ce point que la déception du pays, aujourd'hui, se fait entendre toujours plus grave.

Je voudrais vous rappeler un chiffre, pour mesurer cette déception : François Hollande a été élu par 52% des Français, ce qui faisait dix-huit millions de voix, il a aujourd'hui 23% de soutiens, ce qui représente à peu près huit millions de Français. Dix millions de consciences de citoyens se sont éloignées du président de la République dans les dix-huit mois qui viennent de s'écouler.

Cette déception là, nous la ressentons. Nous la ressentons, pas parce que nous avions des illusions, mais parce que ce que François Hollande avait dit au pays était, pour moi, assez clair. Au moins ce qu'il avait laissé entendre à tous les citoyens qui s'interrogeaient sur le vote qu'ils devaient exprimer. Il leur avait dit : "Je serai ce qu'on appelle social-démocrate, c'est-à-dire réformiste. Je serai même le premier dirigeant du Parti socialiste à faire œuvre réformiste. Dès la première année, je ramènerai le déficit du pays en dessous de 3%. À la rentrée 2013, je ferai ce qui n'a jamais été fait : la réforme des retraites, pas seulement pour Bruxelles mais pour nous. J'aurai le courage de faire cette réforme et on verra enfin qu'un président de Gauche peut assumer les réformes pour le pays."

Sur ces points, je suis au regret de le dire, les promesses ont été oubliées et le président de la République n'est pas au rendez-vous des promesses qu'il avait faites. Un sondage est sorti cette semaine, qui montre que 75% des Français jugent que la réforme des retraites n'est pas adaptée à la situation de notre pays. Une nouvelle fois - parce que je n'oublie pas que cela a aussi été le cas des gouvernements précédents - on a usé de rustines. Parce qu'on ne peut pas appeler autrement que "rustines" la décision d'augmenter de 0,15% les cotisations, puis de 0,05% dans les années qui viennent, de limiter la question de la réforme des retraites à l'allongement de la durée de cotisation et de la reporter à 2035, dans vingt-deux ans. Je pense qu'il y a beaucoup d'autres manières de faire. Ce n'est pas ce que j'appelle une réforme des retraites. C'est la raison pour laquelle tant de Français, y compris pensionnés, sont aujourd'hui inquiets pour leur avenir. De ce point de vue là, notre déception, la déception du peuple français, est grande.

Nous pensions - et pas seulement nous, j'ai lu des contributions nombreuses - qu'on pouvait penser une réforme durable. Durable, j'aime que ce mot soit utile et utilisé en même temps pour ce qui touche à l'écologie que pour ce qui touche à l'équilibre du pays, de ses finances et, au fond, de ses générations.

De plus en plus nombreux sont ceux qui s'accordent sur des principes, qui désormais rassemblent au lieu de séparer, d'un système individualisé, souple, dans lequel chacun des Français, à chaque moment de sa vie, puisse savoir où il en est de sa future retraite et décide librement de la date de son départ à la retraite. En vérité, il n'y a même pas besoin d'âge légal, si vous avez une connaissance parfaite de ce que seront les conditions de votre pension. Ce régime est équilibré, géré par les partenaires sociaux qui décident de la valeur du point et, dans le temps, systématiquement équilibré de manière que plus personne ne puisse craindre pour l'avenir de ses retraites.

Ce système par points, on pouvait non pas l'établir d'un seul coup mais au moins le dessiner pour qu'en plusieurs années on y arrive. Nous prenons six ans, nous prenons huit ans - des pays ont pris plus mais nous n'avons plus le temps d'attendre - et, à ce moment là, les mesures temporaires prennent du sens. Des rustines, sur une roue ou sur un pneu qui fuie de partout, ça ne sert à rien. Il faut d'abord rénover l'ensemble pour qu'on puisse le sauver durablement.

Par peur d'une réforme courageuse, le gouvernement a choisi de renoncer à la réforme, malgré de très grandes campagnes de communication qui ont dit : "À la rentrée, vous verrez !" Ce renoncement à la réforme est, à mon sens, une promesse d'échec pour le gouvernement. Nous, nous sommes au contraire pour la refondation de notre système de retraites.

(applaudissements)

C'est un exemple, c'est un signal. Ce signal n'est pas bon, qui permet à chacun de se rendre compte de l'état du pays.

C'est de l'état du pays que je voudrais maintenant vous dire un mot.

Je n'ai pas souvenir d'une crise qui ait à ce point engagé chacun des citoyens dans chacun des aspects de sa vie. Hier soir - peut-être certains d'entre vous n'étaient pas là -, il y a eu un face à face extraordinaire à notre tribune, entre deux hommes qui ont choisi de partir à pied sur les routes de France, en marchant, pour juger et rencontrer la réalité de l'état du pays. Axel Kahn, le grand savant et généticien, et Jean Lassalle, notre ami député. Les deux ont fait ensemble un constat impressionnant d'un pays qui, jusque dans chacune de ses cellules familiales, de ses collectivités locales, y compris les plus petites et paisibles, est dans un état d'absolu désarroi et d'absolue révolte à l'égard de ceux qui le gouvernent ou sont censés le gouverner, qui le représentent ou sont censés le représenter.

Axel Kahn a utilisé un mot que j'ai trouvé profondément juste. Il a dit : "Nous sommes un pays en état de sécession." Sécession du peuple, révolte, contre ses gouvernants, contre ceux qui auraient la charge au contraire d'orienter son destin et de le rassurer. Ce n'est pas un jugement politique que je porte là, c'est un jugement historique sur l'affaiblissement de la France, sur l'espèce de dénutrition du tissu social, institutionnel, civique, qui ne paraît plus légitime. D'abord, parce qu'il apparaît impuissant.

Je prends les problèmes que nous vivons, de la France et de son État.

Je commence par l'illettrisme, vous comprendrez pourquoi. Nous nous enfonçons sans cesse dans les études qui jugent la capacité élémentaire d'un pays à transmettre à ses enfants la lecture, l'écriture et le calcul. Élémentaire ! Quand on parle avec les professeurs de collège, même pas dans les quartiers les plus difficiles, alors on a des réalités qui sont presque hallucinantes et profondément perturbantes, de classes où la grande majorité des élèves ne maîtrise pas ce qu'on devrait maîtriser à la fin du cours élémentaire ou du cours moyen. C'est ça, l'état du pays.

Le chômage par discrimination. Essayez de trouver un travail quand vous avez plus de quarante-cinq ans... Quarante-cinq ans, c'est la jeunesse ! Et on vous dit âgé et parfois trop âgé ? Alors, quand vous avez cinquante ou soixante ans, que vous venez de refaire une famille, vous voyez les portes qui se ferment devant vous.

La formation professionnelle. Il y a vingt-cinq ans que nous entendons porter un jugement sévère sur la qualité, ou plutôt l'absence de qualité et de pertinence de la formation professionnelle. Cependant, des dizaines de milliards la financent, tout en servant, parfois, un peu à autre chose.

La place de l'entreprise. Son inquiétude devant le maquis, le labyrinthe fiscal, social, tous ses textes impossibles... Nous avions une chef d'entreprise à cette tribune lors du débat sur l'économie. Elle disait : "Ne vous trompez pas. Tout le monde nous parle de simplification, alors que les dossiers de candidature à des marchés publics sont de plus en plus lourds, difficiles et impossibles à remplir."

L'overdose fiscale. C'est presque 50% des foyers fiscaux français qui ont vu leurs impôts augmenter de manière extrêmement lourde et, quelques fois, un choc à la lecture de la feuille d'impôts. Ce n'est pas seulement quelques dizaines d'euros de plus, ce qui serait pour beaucoup de familles déjà lourd. Je vois le nombre de gens dans la salle qui hochent la tête. Un jeune garçon m'abordait l'autre jour et me disait : "C'est mon premier salaire, ma première feuilles d'impôts. J'ai comparé avec des amis de pays voisins et notre charge à nous est beaucoup plus lourde."

L'embarras de l'État avec l'ensemble des administrations. Ce sera une des fautes les plus lourdes de la série des gouvernements, et spécialement de ce gouvernement-ci, que d'avoir refusé de simplifier les administrations en France. Nous avions proposé une idée, qui avait été heureusement reprise par le gouvernement précédent, qui était le rapprochement des des départements et des régions pour faire une seule collectivité publique et une seule administration, pour être plus efficace et pour faire des économies. On appelait ça le conseiller territorial. Je n'avais pas eu beaucoup d'occasions de féliciter le gouvernement précédent, peut-être pas assez, peut-être était-ce une incompréhension (rires), mais au moins sur point quelque chose avait été fait.

Qu'a fait le gouvernement socialiste en arrivant ? Sous la pression de ses lobbies internes, de l'Association des présidents de Conseils régionaux, de l'Association des présidents de Conseils généraux,- et il faut y ajouter l'ensemble des autres collectivités publiques, il a renoncé à la réforme, il l'a rayée d'un trait de plume. Nous sommes repartis dans une complexification croissante. C'est de l'impuissance que l'on organise, c'est du blocage ou de l'auto-blocage dans lequel on enferme le peuple français. Tout cela, toutes les impuissances et les injustices qui vont avec, c'est un désespoir pour les citoyens. 

À chacun des problèmes que nous énonçons, il existe des réponses concrètes et pratiques. Je veux vous en donner quelques unes, pour ne pas donner à ceux qui nous écoutent l'impression que nous n'avons que des critiques. Nous avons, au contraire, une vision pratique de ce qu'il faudrait faire et de ce qu'on pourrait faire vite.

Il y a l'École. Le ministre de l'Éducation nationale a focalisé l'action publique sur les rythmes scolaires, ce qui crée un très grand nombre de désorganisation et ce qui coûte extrêmement cher. Je ne pense pas une seule seconde que cela puisse améliorer la capacité de lecture ou d'écriture des jeunes français. 

(applaudissements)

Je ne crois pas que deux ateliers par semaine consacrés, au petit bonheur la chance dans la plupart des communes, à des activités ludiques soient la réponse à cette immense problème de transmission des connaissances ou des outils que nous avons. Je crois, au contraire, que la la politique de l'Éducation nationale devrait être concentrée, focalisée, sur le seul sujet qui compte : la pédagogie, la transmission, la méthode des maîtres devant leurs élèves, qui fait qu'il y a des classes entières dans lesquelles les élèves arrivent à acquérir le niveau que l'on attend d'eux et des classes entières où hélas ils y échouent.

Je crois à ce travail profond, scientifique, sur la transmission, la pratique des maîtres, les nouvelles technologies de l'écran, du numérique, de la simulation, qui peuvent être un formidable soutien aux enseignants. J'ai vu pendant l'été à la télévision - je ne veux pas faire de la publicité gratuite - des émissions historiques formidables, pédagogiquement formidables. Je n'ai aucune action dans la société de production, mais j'ai trouvé que les émission de Stéphane Bern, qui étaient très grand public, apportaient quelque chose qui, pour moi qui aime l'histoire, était formidablement éclairant.

Je me disais : si les élèves, et même parfois les maîtres, avaient à disposition de tels outils, beaucoup de choses avanceraient. Je ne crois pas une seconde qu'ils puissent remplacer les maîtres, mais je pense qu'ils peuvent être un formidable soutien au maître, à la pédagogie, à la classe, peut-être faire en sorte que les heures de services soient mieux utilisées. Bref, qu'on trouve de nouveaux équilibres.

Je vous le dis : en trois ans je suis certain qu'on peut obtenir un résultat, et en cinq ans une amélioration majeure.

Je veux avancer devant vous une de ces idées pratiques sur le chômage. C'est un scandale brûlant et enflammé que le chômage de longue durée. Très vite intervient un phénomène que nous connaissons bien, qui est terriblement douloureux pour ceux qui le vivent et leur entourage : la perte de confiance en soi, le fait qu'on ne se regarde plus de la même manière, le fait qu'on se repli, le fait qu'on ose plus sortir pour regarder les autres. Ceux qui en sont victimes, c'est le hasard. Personne ne peut prétendre que ceux qui ont un travail sécurisé on plus de valeur professionnelle que ceux à qui il arrive la malchance du chômage. Un de mes amis qui a été atteint par ça, cadre supérieur important, il me dit : "Je ne vais plus aux réunions car je ne veux pas qu'on me demande dans la tribune ce que je fais." Cette perte de confiance, c'est la chose la plus effrayante. Si on attend que la croissance, la création naturelle des emplois, résolve cette situation, offre une porte de sortie, je crois qu'on risque d'attendre longtemps.

Il faut un plan Marshall, au moins, sur le chômage de longue durée.

(applaudissements)

Je vais reprendre une idée qui n'est peut-être pas orthodoxe en théorie économique. Je sais très bien qu'elle est discutable. Mais, en pratique humaine, je suis prêt à la défendre mordicus. C'est, en l'adaptant au chômage de longue durée, l'idée dont j'avais fait un des socles du programme que j'avais présenté aux Français en 2007 et en 2012. Je demande que l'on propose à toute entreprise, quelle que soit sa taille, de créer tout de suite deux emplois dont on lui garantira qu'ils ne paieront pas de charges du tout pendant trois ans. Deux emplois sans charges, quelle que soit la taille de l'entreprise - c'est donc une aide beaucoup plus importante pour les petites et les moyennes entreprises que pour les très grandes - à condition qu'ils soient proposés à des personnes qui sont au chômage depuis plus d'une année. C'est une attaque directe, une action directe contre le chômage de longue durée, avec une proposition pratique et réalisable directement.

(applaudissements)

Vous allez me dire : "Comment le finance-t-on ?" Je vous propose un financement. On a voté une augmentation de la TVA, qui va intervenir au 1er janvier 2014. Je propose que le fruit de cette augmentation de la TVA soit entièrement concentré sur le plan Marshall contre le chômage de longue durée que je propose devant vous. Ainsi, les gens sauront pourquoi on augmente cette taxe. Naturellement, ils devront faire un effort mais ils sauront que c'est une solidarité directe à ceux, jeunes et moins jeunes, qui sont dans la situation la plus précaire. Ce sera une aide efficace et directe à apporter aux entreprises dans notre pays.

Je propose une idée pratique, qui tient aux administrations et à l'augmentation perpétuelle des renseignements, formulaires, que l'on demande de remplir, notamment en direction des entreprises. Nichées au cœur des mémoires informatiques de toutes les administrations, fiscales, sociales et de tous ordres, il y a tous les renseignements nécessaires. Mais ces bases de données ne communiquent pas entre elles. Je propose que ce soit désormais à l'administration, au moins pour faire un vrai essai grandeur nature, que revienne la charge de remplir les papiers et aux assujettis la charge d'en contrôler la véracité. Je vous apporte la preuve qu'ils ont tous les renseignements, puisqu'ils contrôlent la véracité des déclarations. Inversons la charge de la preuve : que l'administration remplisse les papiers et que les assujettis en contrôle l'exactitude.

Que pour le droit du travail, on se fixe la mission et l'objectif, à droits constants, de le ramasser en un texte de quelques deux-cents pages, J'ai montré une fois à la télévision le droit du travail suisse. Je rappelle qu'il n'y pas de chômage en Suisse. Je ne dis pas que c'est la conséquence directe d'avoir un droit du travail dans un petit volume que tout le monde peut emporter et lire. Mais, si ça n'est pas une conséquence directe, en tout cas ça n'est pas une circonstance gênante : ça a favorisé l'éclosion de centaines de milliers d'emplois. Il y a ici des juristes éminents. Que l'on se fixe la charge d'écrire en un texte, de la manière la plus lisible et compréhensible possibles, les codes qui sont pour l'instant illisibles, particulièrement par les petites entreprises et les artisans, qui sont évidemment égarés dans le labyrinthe qu'on a créé pour eux.

Deux-cents pages pour le droit du travail qu'on écrirait de manière consensuelle, en considérant que ce n'est pas l'État contre les syndicats, mais un devoir partagé que nous devons tous ensemble mener à bien, pour que ceux qui n'ont pas la puissance des grands DRH ou avocats sociaux, puissent avoir accès à la réalité sociale de leur pays.

Au premier rang, on dit : "Il n'arrivera jamais à le faire". Parce qu'on n'a pas décidé de le faire ! Si on attend, en effet, que les choses se fassent toutes seules, il n'y a aucune chance que nous puissions arriver aux objectifs que nous nous fixons. Si nous considérons, tous ensemble, qu'un droit du travail léger et compréhensible est un atout pour les entreprises et pour l'emploi, alors je propose qu'on le fasse sans se laisser arrêter par les obstacles illusoires que nous dressons constamment devant notre propre action.

(applaudissements)

Idem, que nos parlementaires réfléchissent à proposer au Parlement cette simplification des collectivités locales, cette fusion, au minimum, des départements et des régions, dans lesquelles Michel Mercier - qui a porté avec Gérard Collomb l'idée d'une métropole lyonnaise - peut parfaitement intégrer les métropoles, qui seraient les équivalents urbains des départements, avec des charges qui seraient les mêmes. Nous aurions une fédération de ces collectivités locales dans les régions. Cette fusion, elle permettrait de faire que le citoyen s'y retrouve, que cela coûte moins cher et soit plus efficace.

Nous pourrions ainsi décliner, chapitre par chapitre, dans le domaine de la santé et peut-être même dans l'administration de la Justice. Quand j'ai visité les tribunaux, ce que m'ont dit les magistrats, c'est : "Vous ne pouvez pas savoir, monsieur, le chemin de croix que c'est pour acheter un code ou une ampoule, parce qu'il faut passer par la Commission nationale des marchés publics, alors qu'il suffirait que nous allions l'acheter, que nous déposions la facture et ce serait réglé." 

Je suis persuadé que dans tous les domaines d'action du pays, il y a du pratique pour entraîner une vraie révolution positive. Je voudrais que vous entendiez bien ce que j'essaie de vous dire : tout ce que je décris devant vous, ce n'est pas faire des économies à la serpette, pour que l'action publique soit toujours moins présente et moins efficace, c'est le contraire ! Ce n'est pas pour servir moins, c'est pour servir mieux ! Parce que, bien qu'étant dans notre pays les recordmen d'Europe et du monde de la place de la dépense publique dans le produit intérieur de la nation - on a dépassé maintenant 57%, record absolu -, croyez-vous que la France est mieux gérée, mieux administrée, que les services publics sont plus efficaces que dans certains pays qui nous entourent et dépensent 20% de moins ? Un certain nombre de pays, je pense à l'Allemagne mais je ne la cite pas forcément en exemple car il faudrait voir les périmètres, au lieu d'être à une dépense publique à 57%, sont à 47%. Ces dix points en moins, ça fait un cinquième de dépenses en moins.

Imaginez ce qu'on pourrait faire en action publique ou en économie, avec 20% de ressources disponibles, par lesquelles nous pourrions alléger notre déficit, notre dette et nos impôts ? Ou par lesquelles nous pourrions même prévoir un certain nombre d'actions nouvelles qui pour l'instant n'existent pas ? C'est l'esprit réformateur qui manque.

Je suis persuadé que la politique actuellement suivie - un peu suivie aussi par le gouvernement précédent, il faut bien le dire - qui prétend obtenir des économies sans faire de réformes de fond, de réformes de structure comme on dit dans le langage, de réformes qui touchent aux fondations et à l'architecture même de l'organisation de l'État, des collectivités locales et de l'administration de la sécurité sociale, si l'on prétend économiser sans rien changer, on obtiendra une action publique déstabilisée et, au bout du compte, pas les économies qu'on avait promises. C'est l'esprit réformateur qui est le plus important.

Je ne propose pas que cet esprit réformateur s'arrête à l'action publique. Vous allez retrouver là une de mes marottes. Je demande pardon d'avance, car vous allez dire : il nous dit encore cela. Il y a par exemple un certain nombre de grandes entreprises publiques, chargées de l'électricité, du téléphone, qui sont devenues totalement opaques aux citoyens. La seule chose qu'ils voient, c'est l'augmentation des factures ! Mais essayez de téléphoner au serveur automatique, par lequel vous devez pouvoir rencontrer normalement un conseiller, au téléphone par lequel la communication devrait être la plus fluide...

La certitude que j'ai, c'est que cela est autant de découragement pour le citoyen, pour l'entrepreneur et pour l'entreprise, qu'elle l'est pour le jeune - et encore, les jeunes sont très familiers de ces réseaux - que pour quelqu'un qui est septuagénaire, parfois octogénaire, qui ne voit pas bien, qui n'entend pas bien, qui ne connaît pas tous ces mots, qui est incapable de déchiffrer des factures qui sont tellement compliquées... Je dis que c'est de la discrimination et que c'est de la non-assistance à personne en danger que nous avons pratiqués, en faisant en sorte que les grands services publics du pays soient imperméables aux usagers et aux citoyens qui auraient le droit de comprendre, de savoir et d'accéder à ceux qui sont censés les servir.

(...)

Retrouvez le texte intégral très prochainement.

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