« Seuls des rassemblements larges permettront le sursaut et le redressement de la France »

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Invitée aujourd’hui d’Arlette Chabot dans Politiquement Show sur LCI, Marielle de Sarnez, aux côtés des éditorialistes Françoise Fressoz, Alexis Brézet et Jérôme Jaffré, a commenté l’actualité politique de la semaine.

Marielle de Sarnez, il y a quelques jours, François Bayrou disait qu’il y avait un grand trouble, et qu’un retrait de François Fillon n’était pas à exclure. Vous partagez ce sentiment, on en est là en ce moment ?

Il y a un trouble énorme en France, c’est absolument évident, ça se voit, ça se mesure. Rien que de parler avec les Français, ils vous le disent. Ensuite, je pense qu’il y a aussi un trouble immense chez les responsables du parti des Républicains. Quand vous les voyez en privé, ils vous disent tous  en privé que la situation n’est pas tenable. Ils disent tous en privé ce que Fenech a dit sur les plateaux de télévision. Cela ne les empêche pas de signer des papiers de solidarité avec François Fillon, mais au fond, ce qu’ils voient, c’est que ça n’est pas tenable, et que ça menace l’élection présidentielle et l’élection législative derrière, c’est ça qu’ils ressentent.

On a l’impression qu’il y a une espèce de panique chez les élus, et certains ont la trouille de ne pas être élus dans quelques mois aux législatives.

Je crois qu’il faut remettre cette histoire dans un contexte. Quand François Fillon a été choisi par la primaire, je pense que la période qui s’est écoulée, de la primaire jusqu’à maintenant, jusqu’à cette histoire, n’a pas été une période propice pour François Fillon, il faut aussi le rappeler. Nous l’avons dit très tôt avec François Bayrou, que son projet n’était pas au point d’équilibre pour la France, mais il a été sur la défensive pendant deux mois, à dire des choses et à se contredire. Il n’est pas du tout rentré dans l’élection présidentielle. Il aurait dû dire une chose au lendemain de la primaire, je remercie ceux qui ont voté pour moi, mais maintenant tout le monde comprendra qu’il faut qu’il s’adresse à l’ensemble des Français. Donc il a loupé, à mon sens, très fortement cette première partie de campagne ; et l’affaire arrive sur des sondages qui le donnaient déjà à la baisse considérablement. Et quand on approche dans les sondages les 20% avant même l’affaire de fin janvier, alors qu’on disait que la droite rayonnante allait gagner sans problème l’élection présidentielle avec près de 30% des suffrages, c’est que ça s’inscrivait déjà dans une difficulté majeure, qui était à mon sens celle de son projet.

Réagissant aux trois éditorialistes qui estiment que la candidature de François Fillon est certes sérieusement contestée depuis l’affaire PenelopeGate, mais qu’en revanche aucun plan B crédible ne se profile à droite, Marielle de Sarnez affirme :

Moi je crois qu’il faut mettre les choses en perspective, même si elle n’apparaît peut-être pas aujourd’hui aux yeux de tout le monde. Il y a une perspective simple, si tout ça continue comme ça, la droite, Les Républicains vont perdre l’élection présidentielle, et ils vont perdre derrière l’élection législative. D’ailleurs, ajoutons que d’une manière générale, un candidat à 20% dans les sondages, même si par chance il est au 2e tour contre Marine Le Pen et qu’il gagne, les législatives ne sont absolument pas confirmées, et la capacité à gouverner le pays, à rassembler le pays, à créer le sursaut dont le pays a besoin, n’est en aucun cas là, c’est absent. Et ça c’est la perspective qui va bientôt arriver chez Les Républicains. Aujourd’hui ça s’agite dans tous les sens, évidemment que la décision dépendra de François Fillon, mais les sondages vont parler, les députés vont aller dans leur circonscription, vous savez comment tout cela se passe. Et ensuite, cette perspective que je viens de décrire va amener à prendre un certain nombre de décisions.

« Un certain nombre de décisions », je pense qu’il est maintenant temps de parler de François Bayrou. Candidat, peut-être ? Il n’a pas donné la réponse cette semaine au JT de 20h de TF1, mais la porte est loin d’être fermée, on pourrait même dire qu’elle est ouverte. Marielle de Sarnez, Alain Juppé pour l’instant ne revenant pas dans la course, il y a un horizon qui se dégage pour François Bayrou ?

 D’abord, je pense qu’à l’heure où on parle,  je pense que peut-être des changements vont intervenir chez Les Républicains, je ne pense pas que la situation soit totalement figée, quand vous lisez ce que les uns et les autres disent dans la presse. J’ai le sentiment que les Français pensent que cette situation n’est pas tenable, c’est ce que les électeurs pensent, ce que les Français pensent ! C’est le sentiment que j’ai, en tout cas quand on les entend.

Alors que fait François Bayrou ? On sait qu’il n’était pas candidat dans l’hypothèse où Alain Juppé aurait été désigné, mais ce fut François Fillon, un programme qui ne lui convient pas.

 Nous avions, avec Alain Juppé, pris une décision qui était une décision qui se tenait : nous pensions, et c’est quelque chose qui existe encore aujourd’hui, que dans la situation où est la France, seuls des rassemblements larges faisaient que le sursaut et le redressement français étaient plus faciles. De ce point de vue-là Alain Juppé était une personne en capacité de rassembler largement. Je pense qu’Alain Juppé est un bon candidat pour la présidentielle, mais la primaire c’est toujours les noyaux durs, et nous le disions avec François Bayrou depuis le premier jour et depuis un certain temps, que les primaires ne sont pas une bonne chose. Je suis contre les primaires, c’est le contraire des institutions de la Vème, et ce sont toujours les noyaux durs qui gagnent, à droite comme à gauche, et après vous vous retrouvez avec la question du point d’équilibre du pays, et c’est évidemment très compliqué.

 En réponse aux chroniqueurs qui affirment qu’il se fait tard pour annoncer la potentielle candidature de François Bayrou, et que l’espace au centre est déjà occupé par Emmanuel Macron, Marielle de Sarnez répond :

Le calendrier c’est nous qui le fixons, ce ne sont pas les observateurs. Vous remarquerez que ça fait un certain nombre de semaines que nous disons que le cadre de la présidentielle n’est pas fixé. Tout ça va encore bouger. C’est donc à mi-février que nous prendrons cette décision. On respectera notre calendrier. Il y a aussi la question du projet et des idées. Résolution française est un livre qui dit que nous pouvons nous en sortir, c’est un livre positif, qui dit d’une façon assez simple les problèmes du pays, et qui apporte des réponses. Les rassemblements larges ne peuvent se faire que s’il y a compatibilité. S’il n’y a pas compatibilité sur le modèle de société que nous voulons, c’est aussi une question qui reste donc ouverte.

 Réagissant aux propos de Jérôme Jaffré, qui se dit frappé de l’absence d’attente des électeurs à l’égard de François Bayrou :

Mais il n’est pas candidat, c’est le seul qui est dans les sondages alors qu’il n’est même pas candidat, c’est formidable, c’est tout à fait intéressant ! Attendons la mi-février, François Bayrou a dit une chose que je trouve intéressante, il a dit « je ferai tout pour que mon pays s’en sorte », et c’est la seule chose qui nous guide. Je trouve que dans les temps de décomposition, de délitement, de démoralisation dans lesquels nous sommes, ce n’est pas si mal.

 En désaccord avec Alexis Brézet, qui estime qu’une majorité large au centre avec Juppé, Bayrou et à Macron libérerait un immense espace pour Marine Le Pen, Marielle de Sarnez affirme :

 En tout cas, il y a une contradiction sur la question du FN, car Marine Le Pen est en tête dans les sondages aujourd’hui, or, le candidat de la droite jusqu’à aujourd’hui c’est François Fillon, un candidat bien à droite, sociétalement, par ses électeurs, par ses engagements, plutôt conservateur… Ca n’a pas empêché la montée de Marine Le Pen. Et pour moi, de toute façon, c’est évident que Marine Le Pen va être forte pendant cette élection présidentielle. Et c’est évidemment un point dont nous devons tous tenir compte. Quand je vous dis qu’un candidat à 20%, même s’il est élu par un coup de chance, c’est extrêmement problématique pour le pays au lendemain de la présidentielle, même s’il gagne contre Marine Le Pen. C’est ça la question de fond, est-ce qu’il peut y avoir un rassemblement qui sera plus large, c’est ce que nous avions soutenu depuis un certain temps avec Alain Juppé, qui aille large, pour faire que le candidat de l’alternance soit plutôt au-delà de 30% que près de 20% ? C’est ça la question, je ne dis pas que c’est quelque chose de facile, mais c’est toute la question de la présidentielle pour la candidature de François Bayrou. La question de Marine Le Pen, nous la prenons en compte, nous la prendrons en compte, mais quand vous pouvez être présent à une élection présidentielle, vous pouvez aussi faire descendre Marine Le Pen, si vous donnez un certain nombre de thèmes dans le cadre du débat. Donc ce sont des questions d’une grande complexité.

 Marielle de Sarnez, le grand rassemblement, c’est Emmanuel Macron, qui invite les uns et les autres à venir le rejoindre, c’était aussi sur TF1 cette semaine.

 Le mois de février est le bon mois car vous savez, contrairement à ce que nous pensons, les Français ne sont pas encore rentrés dans l’élection présidentielle. Il y a certes eu les primaires, mais seulement 2,8 millions de personnes ont voté pour François Fillon, ça n’est pas l’ensemble des Français. Le peuple de France a énormément d’expectatives, et d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? Les gens se posent des questions, mais les Français ne sont pas rentrés dans l’élection présidentielle, c’est traditionnellement au mois de février ou début mars qu’ils commencent à rentrer vraiment dans l’élection présidentielle. Deuxième point, nous sommes d’accord ici sur quelque chose, c’est qu’il faut des rassemblements, et les rassemblements bien sûr qu’ils doivent prendre en compte une partie de la droite, de ce qu’elle est, de ce qu’elle représente. Moi je ne suis pas de droite, mais bien sûr je considère qu’il y a une droite française républicaine, honorable, estimable, qui doit faire partie de ces rassemblements, ceci est une évidence, je suis d’accord avec ça. Ces rassemblements, la question c’est est-ce qu’ils se font avant le premier tour ou après le deuxième tour ? Mais on ne gouvernera pas le pays avec un candidat à 20%. Sur Macron, vous ne m’avez pas interrogée, alors je vais vous répondre, je ne sais pas sur quel terrain il est, je rejoins plutôt ce que dit Jérôme Jaffré sur le sujet, je trouve qu’il y a beaucoup de flou, il était hier pour la suppression des 35h, il est aujourd’hui pour garder les 35h. Il était hier pour la suppression de l’ISF, aujourd’hui il est pour garder l’ISF. Il y a un moment où il faut avoir des convictions, une cohérence, et être armé pour le job.

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