« Sortir de l’euro, quitter l’Europe, abandonner la politique agricole commune, ce sont des mots faciles à lancer »

« François Hollande fait une annonce à crédit des autres d’une certaine façon, même si l’objectif de rénovation urbaine doit être poursuivie »

Interrogé sur le programme de rénovation urbaine annoncé lundi dernier par le gouvernement, Marc Fesneau a souhaité replacer cette annonce dans son contexte : « cela fait suite au plan Borloo, qui avait permis d’investir 12 milliards sur 10 ans dans la politique de rénovation urbaine et chacun a pu reconnaître qu’elle avait été plutôt efficace dans les quartiers ».

Le secrétaire général a cependant pointé une différence entre ce second plan et le précédent : « il ne s’agit pas des moyens de l’État cette fois-ci, car c’est le 1 % logement qui va être mobilisé et mis à contribution ». « François Hollande fait donc une annonce à crédit des autres d’une certaine façon, même si l’objectif de rénovation urbaine doit être poursuivie ». « Quant aux moyens, on n’est pas à la hauteur de ce qui a été fait précédemment, car le nombre nouveaux quartiers prioritaires, choisis pour leurs dysfonctionnements urbains les plus graves, passe de 600 à 200 » a-t-il ajouté.

« Nous pourrions à la fois axer notre politique sur l’allongement du départ à la retraite tout en mettant en place un système de retraite par répartition et avec points, qui permettrait de prendre en compte la pénibilité »

Questionné sur la préconisation de la Cour des comptes d’augmenter l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, Marc Fesneau a déclaré que « cette question était sans arrêt repoussée par des artifices ».

« L’allongement de la durée de vie pose la question de l’équilibre. Nous sommes sur un système par répartition que nous défendons au Mouvement Démocrate, mais en même temps on voit bien qu’il y a de moins en moins d’actifs et de plus en plus de retraités » a expliqué le secrétaire général du MoDem.

« Les bases de réflexion des uns et des autres, et en particulier du comité d’orientation sur les retraites, reposent sur un équilibre de notre système dans le seul cas où nous aurions un taux de chômage entre 4 à 7 % et une croissance assurée en 2020 de 2,5 %. Or cela reste des hypothèses à vérifier ! La dernière fois que nous avons eu un taux de chômage à 4 %, je ne suis pas certain que nous soyons nés Olivier Dartigolles et moi. Tout ça ne tient pas la route. »

Afin de proposer une nouvelle piste de réflexion, Marc Fesneau a souligné que nous pourrions « à la fois axer notre politique sur l’allongement du départ à la retraite tout en mettant en place un système de retraite par répartition et avec points, qui permettrait de prendre en compte la pénibilité : il y a en effet des métiers où partir à 60 est tout à fait justifié. »

« Sortir de l’euro, quitter l’Europe, abandonner la politique agricole commune, ce sont des mots faciles à lancer »

Faisant suite au sondage du jour qui indiquait que 28 % des Français prévoyaient de voter Front National aux prochaines élections départementales, le secrétaire général du MoDem a noté que « le contexte particulier n’arrangeait pas les affaires ». « On a redécoupé les cantons de façon un peu à la hussarde, on est en train de demander aux électeurs de se prononcer sur des départements dont on ne sait même pas les compétences qu’ils vont pouvoir exercer dans les six années qui viennent. Il y a un projet de loi qui a été sur la table du Sénat, puis à l’Assemblée nationale, et en plein milieu de l’examen de ce projet de loi sur les compétences des départements et même de leur devenir tout court, on demande aux électeurs de désigner leurs représentants » s’est exclamé le maire de Marchenoir.

« Le vote pour le Front National relève de l’exaspération, du désespoir d’un certain nombre de gens. Il y a une tentation du Front National parce qu’il y a une espèce de déculpabilisation – peut-être que l’on avait trop fait dans la culpabilisation d’ailleurs – qui est de dire que finalement, quand on exprime un mécontentement, le seul endroit où on peut l’exprimer avec crédit est le Front National » a-t-il ajouté.

Pointant du doigt une forme de populisme au sein de l’extrême-droite, Marc Fesneau a conclu en déclarant que « sortir de l’euro, quitter l’Europe, abandonner la politique agricole commune, ce sont des mots faciles à lancer. Mais une fois que vous êtes en charge – et heureusement le Front National ne l’est pas -, vous reculez devant de telles mesures ! ».