"Toute demeure divisée contre elle-même périra"

"Alain Juppé manifeste une idée fondatrice pour moi : rassembler les Français plutôt que les diviser" a affirmé le président du MoDem au Figaro.

Bonjour François Bayrou. Il y avait un dîner hier qui a été suivi avec beaucoup de curiosité au Sénat, qui réunissait Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Pierre Raffarin, François Léotard, vous-même et beaucoup d’autres. Que s’est-il dit ?

Le centre est un courant politique parmi les plus importants du pays. Simplement, par une série de décisions discutables au travers du temps, certains ont préféré se rallier à la puissante famille voisine sur leur droite, appelée UMP. Vous vous souvenez que quand l’UMP s’est formée, je suis allé seul contre tous ou presque à Toulouse, au meeting de fondation, pour dire « si l’on pense tous la même chose, c’est que l’on ne pense plus rien ». Cette prophétie s’est réalisée en ce sens que l’UMP a été un parti unique qui a empêché le centre d’être le centre et la droite d’être la droite ! Cela fait que sur la terre de la droite, le Front national a prospéré et sur les terres du centre, le Parti socialiste a prospéré. J’ai toujours défendu une thèse que je vais répéter devant vous : le centre gouvernera la France le jour où il acceptera d’être deux choses, uni et indépendant. L’unité et l’indépendance, qui sont les deux faces de la même médaille, sont pour le centre les conditions du rôle et de l’influence qu’il peut avoir. Ce qui apparaissait en tout cas clairement hier soir, c’est qu’au-delà des péripéties, il y a quand même une grande unité de pensée et de l’affection entre tous ceux qui ont vécu ces aventures innombrables. 

Est-ce que vous trouvez cette indépendance dans Alain Juppé qui pour le coup n’a jamais été centriste ?

Alain Juppé est une grande chance pour la France. Le pays est dans une situation tellement inquiétante, tellement dégradée, qu’il ne faut pas passer à côté de la chance quand elle se présente. Alain Juppé est quelqu’un qui choisit de rassembler plutôt que de diviser. Il manifeste une idée fondatrice pour moi, c’est que le pays a besoin d’unité. Dans l’Ecclésiaste, il y a cette phrase incroyable de lucidité : "toute demeure divisée contre elle-même périra". La France divisée contre elle-même est ce que recherchent certains démagogues. 

Nicolas Sarkozy ?

Ce n’est pas le seul. Mais cela a été toute ma vie politique mon sujet d’affrontement principal avec Nicolas Sarkozy. Si nous entraînons la France dans cette espèce d’affrontement perpétuel sur « quelle est ton origine, qui sont tes ancêtres, quelle est ta religion ? », alors elle ne s’en relèvera pas ! C’est une chose extrêmement importante qu’un candidat à la présidence de la République puisse choisir la ligne du refus de la division. Deuxièmement, il est important qu’il puisse porter une politique différente de celle que nous connaissons depuis des années.

Moins d’État ?

Différemment d’État. Un État qui s’occupe de l’essentiel, qui soit moins dans la prolifération administrative, qui soit moins dans cette volonté de tout commander du sommet, qui soit plus girondin que jacobin, qui fasse confiance aux collectivités locales, au monde associatif, j’allais presque dire aux individus et aux familles.

Il y en a un qui dit la même chose que vous quasiment, c’est Emmanuel Macron.

Je ne crois pas qu’il dise la même chose.

Pourquoi êtes-vous si méchant avec lui ? (Rires).

Je ne suis pas du tout méchant. Vous ne pouvez même pas vous empêcher de rire en me posant la question ! Revenons aux prémices de cette affaire. Emmanuel Macron est le principal inspirateur et le principal organisateur de la politique économique suivie depuis quatre ans et demi. Cette politique est sanctionnée par des résultats simples : Monsieur Macron a fait voter une loi de croissance : ce trimestre la loi de croissance est négative et le chômage vient à nouveau de battre tous les records ! Si vraiment on pense qu’il n’y a aucun lien entre ceux qui définissent une politique, la conduisent et les résultats obtenus, alors c’est que l’on n’a pas les yeux en face de trous ! Je suis hostile aux passages perpétuels entre « haut fonctionnaire », « banque d’affaires » et « responsable politique ». Par exemple, ce que Monsieur Barroso vient de faire - rejoindre Goldman Sachs, banque d’affaire - alors qu’il a des liens avec d’innombrables opérations de l’État et de l’Union européenne, pour moi c’est un attentat contre les principes. C’est quelque chose que je vis comme une incroyable gifle à un idéal, à quelque chose que l’on devait servir. Nous devrions avoir comme principe qu’il faut une distinction des ordres - comme le disait Pascal - entre le monde des affaires et le monde de la politique.

Hier, Emmanuel Macron a eu une proposition, j’ai eu l’impression d’entendre François Bayrou : il demande une dose de proportionnelle.

Oui, Emmanuel Macron est d’accord avec moi. Je défends l’idée, même un peu plus forte, qui est celle d’une loi électorale juste, qui permette à tous les Français d’être représentés, même ceux que je combats ! Pourquoi le Parlement n’a-t-il plus aucun impact sur la nation ? Pourquoi les débats apparaissent-ils comme tellement éloignés des gens ? 60 % des Français ne sont pas représentés ! 

Que dites-vous à Nicolas Sarkozy quand il dit qu’Alain Juppé fait le compromis avec la gauche ?

Nicolas Sarkozy a dit à plusieurs reprises qu’il attendait que les électeurs du Front national aillent voter pour lui ! Il a même laissé entendre que ce pourrait être la force qui lui permettrait de l’emporter ! Il a assumé avec un argument que l’on a entendu cent fois qui est « moi, je vais leur permettre de revenir dans le jeu politique français ». Qu’il y ait des électeurs qui, par le passé, ont fait le choix de la gauche et qui souhaitent voter pour Alain Juppé, c’est exactement le symétrique de la volonté de Nicolas Sarkozy ! Cela a une signification - bien que je sois très réservé à l’égard des primaires - :  ces primaires sont un acte important de l’alternance. Les gens qui veulent participer à cette compétition, c’est parce qu’ils veulent du changement en France ! Je ne vois pas au nom de quoi on leur dirait « vous êtes interdits de participer ».

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