Traité de l'Élysée : "En cinquante ans, ce texte a profondément changé notre quotidien"

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À 27 ans, Daniela ne compte plus ses séjours en France. Cette politologue allemande, tombée très jeune amoureuse de notre pays, est aujourd'hui parfaitement bilingue et même en couple avec un Français. Elle témoigne de cette génération "qui n'a pas connu la guerre" et aux yeux de qui le couple franco-allemand est avant tout "une amitié naturelle et une volonté commune".

Cinquante ans après sa signature, que vous inspire le Traité de l'Élysée ?
Daniela – Ce Traité, c'est un peu ce qui m'a amené vers la France. J'en ai entendu parler pour la première fois lorsque j'étais au lycée, il y a une dizaine d'années. C'est à ce moment là que j'ai commencé à m'intéresser à la politique française. À mes yeux, c'est d'abord une très belle histoire entre deux pays. Une histoire institutionnelle, qui après des siècles de guerre a préservé la paix pendant soixante ans et impulsé la construction européenne. Une histoire d'amitié aussi, entre deux peuples qui sont arrivés, par un énorme coup de volonté, à avancer ensemble. Mais c'est aussi une histoire personnelle : ce Traité, je le vis au quotidien.

Qu'entendez-vous par là ? Qu'a-t-il changé dans votre vie ?
Tout ! Il m'a donné l'occasion d'apprendre le français à l'école, de regarder Arte, de faire un échange dans le cadre du jumelage de ma ville, puis d'effectuer un séjour Erasmus quand j'étais à l'Université Pour moi, il est devenu aussi évident d'appeler un ami en France qu'en Allemagne, d'aller à Paris qu'à Berlin : je n'ai pas à montrer mon passeport, je me sens chez moi comme s'il s'agissait non pas d'un autre pays mais d'une autre région.

Vous souvenez-vous de vos premières impressions de la France ? Comment s'est passé votre premier séjour ? Avez-vous eu des surprises, des déceptions ?
Mon premier séjour remonte à 2002. J'avais quinze ans et je complexais sur mon niveau de français, jusqu'à ce que je m'aperçoive que les Français avaient un bien pire niveau d'allemand. (rires) Je séjournais dans une commune paysanne de la Lorraine. Cette ruralité m'impressionnait. Le premier tour de la présidentielle venait de voir qualifier Jean-Marie Le Pen et je me souviens de mon correspondant Français, qui avait honte de m'expliquer cette situation. Le score de l'extrême-droite était un véritable choc pour lui. Je découvrais aussi la gastronomie française, dans ce qu'elle avait de meilleur – à mes yeux, les fruits de mer – et de pire – le boudin blanc. J'étais naïve et ce n'est que lors de mon second séjour, âgée de 22 ans, que j'ai vraiment découvert le pays et sa culture. Je suis resté dix mois grâce à Erasmus, ce qui m'a permis de voir les gens tels qu'ils étaient, de dialoguer avec eux, de comprendre leur façon de penser et de réfléchir. Ce qui me touche le plus, c'est que je n'ai jamais eu un seul problème avec un Français du fait de ma nationalité, je n'ai toujours rencontré que de la curiosité.

À l'heure de l'Europe à 27, comment expliquez-vous cette relation particulière, qui perdure entre la France et l'Allemagne ?
Il y a une énorme volonté franco-allemande, due à l'Histoire. La concertation intervient sur bien des sujets. En Allemagne, le couple franco-allemand fait d'ailleurs consensus dans la classe politique. C'est une chance et une énorme possibilité pour avancer. Même en 2013, je suis convaincue que nos deux pays ont encore profondément besoin l'un de l'autre. L'Allemagne est une grande puissance économique, mais la France est une grande puissance diplomatique. Nous n'aurions par exemple pas pu partir en guerre au Mali, comme vous venez de le faire. Le couple franco-allemand a aussi un rôle moteur dans l'Union européenne : il peut impulser des politiques communes, montrer l'exemple, à condition de ne pas faire preuve d'arrogance à l'égard des autres pays. Et puis il y a la langue : en Allemagne, nous sommes nombreux à apprendre le français, et vice-versa. C'est une question clef pour nouer et préserver des liens.

Comment voyez-vous l'avenir du couple franco-allemand ?
Dans ma génération, il est devenu tellement normal... C'est parfait, car nous voyons la France comme une amie naturelle, et non plus comme une ennemie. Mais c'est également dommage, car nous ne réalisons pas assez la beauté de ce qui s'est construit. Regardez, en Allemagne, il existe de nombreux comités de promotion de la culture française : ce ne sont que des personnes âgées, qui ont connu la guerre ou dont les parents ont connu la guerre, qui s'en occupent. La Jeunesse, elle, n'a pas assez conscience de cette construction historique. Je crois qu'il faut soutenir les initiatives, comme celle d'un livre scolaire commun de l'Histoire franco-allemande. Je pense aussi à la Deutschmobil, un dispositif par lequel de jeunes allemands passent un an France pour souligner notre proximité culturelle et inciter à l'apprentissage de la langue.

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