Traité de l'Élysée : "Les déséquilibres entre la France et l'Allemagne sont aussi source de dynamisme"

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Mathieu Baudier, ingénieur français de 33 ans, est tombé amoureux de Berlin, voilà dix ans. Il y vit aujourd'hui avec sa femme, allemande, et leurs deux enfants. De son expérience personnelle, le responsable du MoDem Allemagne tire la conviction que la couple franco-allemand puise aussi sa force dans ses déséquilibres et reste une nécessité à l'heure de l'Europe des 27.

Cinquante ans après sa signature, que vous évoque le Traité de l'Élysée ?
Mathieu Baudier - D'abord une question de bon sens ! Nos conflits avec l'Allemagne ont toujours conduit à la catastrophe. Le Traité de l'Élysée, ce fut avant tout deux personnes très raisonnables et pragmatiques, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, qui ont marqué un coup d'arrêt à la spirale de la folie de la première moitié du vingtième siècle, pour explorer ce que nous pouvions faire ensemble, dans le cadre d'une collaboration de souverainetés. Cette dynamique historique a ensuite croisé celle de l'union du Benelux, pour donner naissance à ce grand projet, complet et durable, porteur d'avenir, qu'est l'Union européenne.

Justement, le couple franco-allemand n'est-il pas dépassé à l'heure de l'Europe des 27 ?
Non. L'Europe que nous avons créée n'est pas un empire centralisé, comme l'était par exemple l'URSS, mais quelque chose de décentralisé, avec des sous-ensembles, des sous-structures et des sous-coopérations, comme par exemple la zone Euro et l'espace Schengen. C'est ainsi que je vois à présent l'amitié franco-allemande: comme un sous-ensemble, espace d'une coopération très renforcée, qui se justifie par la proximité essentielle entre nos deux pays et le fait que nous n'avons tout simplement pas le choix.

La domination économique de l'Allemagne ne lui permet-elle pas d'avancer seule ?
N'oublions pas qu'au début des années 2000, l'Allemagne était dans une situation économique catastrophique et que les Allemands doutaient autant d'eux, et étaient aussi frustrés, que ne le sont aujourd'hui les Français. Je me souviens du titre d'un grand magazine Outre-Rhin : "Nous sommes bloqués". Il expliquait que les Allemands réagissaient comme des lapins confrontés aux phares d'une voiture : ils restaient figés face au danger, les yeux écarquillés. La France, elle, se portait bien. Dix ans plus tard, la situation s'est inversée, l'Allemagne est la plus en mesure de donner des leçons, mais tout cela est conjoncturel.

Ce déséquilibre vous semble donc un atout plutôt qu'un défaut ?
C'est ce déséquilibre qui crée la dynamique. Il fait avancer la relation, tantôt dans un sens et tantôt dans l'autre. Il permet de dégager des compromis, alors qu'une relation totalement binaire serait conflictuelle. Quoi qu'il en soit, l'Allemagne ne pourra jamais assurer de domination complète. Si elle est aujourd'hui la plus légitime pour débloquer des millions d'euros pour sauver un pays endetté, elle n'a par exemple pas la même capacité d'intervention militaire et se réjouit lorsque la France fait ce travail. Nos deux pays ont besoin l'un de l'autre.

Vous êtes donc optimiste quant à l'avenir de ce couple ?
Une chose m'inquiète : le désamour pour nos langues respectives. En Allemagne, l'intérêt pour le français diminue. Il en est de même en France vis-à-vis de l'allemand. Pourtant, la langue est un mécanisme fondamental pour la compréhension, les échanges et les opportunités économiques. Le fait d'apprendre l'allemand a été pour moi une école de la tolérance et de l'humilité. Si tout ne se niche pas dans la langue, c'est tout de même ainsi que nous faisons le lien entre la culture et le peuple, que nous réussissons parfois à mettre un mot sur un ressenti. Quand nous faisons du business, que nous gérons des projets, c'est la même chose : les différences culturelles introduisent des difficultés, que la langue permet souvent de surmonter. La France et l'Allemagne ont énormément d'opportunités de travailler ensemble, ne serait-ce qu'en raison de leur poids démographique. Nous avons un énorme potentiel de synergies. Mais tout cela ne peut se concrétiser qu'à une condition : avoir suffisamment de personnes pour assurer la médiation culturelle. Si les équipes porteuses de projets ne se comprennent pas, alors elles n'aboutiront pas. Apprendre l'allemand lorsqu'on est Français, c'est aussi un moyen de défendre le français, car si nous ne dialoguons pas dans nos deux langues maternelles, c'est l'anglais qui deviendra la langue commune.

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