"Un certain nombre de décisions nécessaires ne seront pas adoptées par les parlementaires"

S'appuyant sur une série d'exemples récents, François Bayrou a démontré, mardi soir sur Arte, que "seul un référendum permettra de faire les gestes que les citoyens attendent".

28 minutes - Que pensez-vous de ces déclarations de patrimoine tous azimuts ? En avez-vous déjà fait une ?

François Bayrou - Oui, chaque fois que j'ai été candidat à la présidence de la République. Mais franchement, c'est une diversion. L'idée que les problèmes que nous rencontrons seraient dû au fait que les ministres ne publient pas leur patrimoine, franchement...

C'est pour faire oublier l'affaire Cahuzac ?

Le gouvernement et le président de la République tombe un peu dans le syndrome Sarkozy : chaque fois qu'il y a un fait divers, il faut faire une conférence de presse et une nouvelle loi. J'ai beaucoup critiqué cette façon d'agir. Devant un sujet de cet ampleur, il faudrait prendre le temps. Nous ne sommes pas à trois ou quatre semaines près. Réfléchissons, bâtissons des principes et prenons des décisions lourdes, fortes, qui s'imposeront pour l'avenir. Je crains que l'on soit un peu dans la précipitation.

Néanmoins, vous avez lancé dans la précipitation et la nécessité une pétition, avec 50.000 signatures, qui demande un référendum...

L'idée défendue dans ce texte, c'est qu'un certain nombre de décisions nécessaires ne seront pas adoptées par les parlementaires. Je prends un exemple récent : le Parlement a refusé, il y a quelques semaines, que les parlementaires paient les mêmes impôts que les citoyens lambdas. Je pense que c'est une erreur et que c'est une faute. Deuxièmement, il y a des situations de parlementaires qui travaillent en même temps comme avocat ou conseil pour de grandes entreprises privées. Je trouve que ce n'est pas normal et tout le monde voit bien à quel conflits d'intérêts cela amène. Troisièmement, nous avons un gouvernement, une Assemblée nationale, un Sénat qui sont pléthoriques. Diminuons leur nombre, car il y en a tellement qu'on ne les entend pas, qu'ils ne pèsent pas. Passons à 400 députés et 200 sénateurs. Nous avons, par habitant, cinq fois plus de parlementaires que les États-Unis, pays où le Congrès est le plus puissant. Ces lois ne sont pas louables, elles sont essentielles. Ces décisions, et d'autres du même ordre, tout le monde voit bien que les parlementaires ne les voteront jamais. Le seul moyen, c'est de s'appuyer sur le peuple. Bien sûr le monde politique résiste, mais les citoyens ont besoin de gestes. Si le président de la République fait un référendum, à mon avis il sera entendu par les Français.

Cela n'empêchera pas aux politiques de mentir. Êtes-vous favorable, comme aux États-Unis à la condamnation pour parjure ?

Cela a une dimension moralisatrice que je trouve agaçante. Nous ne pouvons empêcher personne de mentir. Les penseurs qui ont voulu la démocratie avaient une idée simple : les hommes sont faibles, donc qu'il faut que les institutions soient fortes. 

À l'époque de la campagne présidentielle, vous disiez que si le vote interdisant le cumul des mandats n'avait pas lieu, ce serait une escroquerie. Vous le pensez toujours ?

C'est une escroquerie et je le répète. On ne peut pas dire qu'on va faire une loi de moralisation de la vie publique et reporter aux calendes grecques une décision qui devrait s'imposer en 2014, puisqu'on va renouveler les Maires... et donc renouveler le cumul. Les Français, quand on leur dit de payer des impôts, on ne leur dit pas de le faire en 2017.

Le plus simple, pour faire avancer vos idées, ce serait que vous soyez premier ministre ?

Vous insinuez que je défendrais des idées pour obtenir une fonction, un poste. Pour appliquer des idées, il vaut mieux avoir du pouvoir que de ne pas en avoir. Mais il y a peu de pouvoir réel et il se trouve j'ai toujours fait passer mes idées avant les postes et mes intérêts.


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