François Bayrou, invité du "Face à face" d'Apolline de Malherbe ce mercredi sur BFM TV

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité du "Face à face" d'Apolline de Malherbe ce mercredi 28 août sur BFM TV à 8h30.

Seul le prononcé fait foi.

Apolline de Malherbe : Bonjour François Bayrou. 

François Bayrou : Bonjour. 

Apolline de Malherbe : Merci d'être venu ce matin tenter de nous éclairer. Vous êtes le président du MoDem. Vous êtes maire de Pau. Vous êtes Haut-commissaire au Plan. 

C’est une crise politique majeure que traverse la France. Les consultations se poursuivent pour tenter de trouver un Premier ministre. Vous aviez vu le président vendredi, vous avez à nouveau déjeuné avec lui hier, en tête à tête. On va y revenir mais je voudrais vous poser d'abord une question sur ce que disait hier matin, ici même, le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à propos du profil du chauffard qui a tué ce gendarme. 

Est-il normal que cet homme, qui a été connu pour violence en 2006, pour outrage en 2009, pour violence à nouveau en 2010, pour délit de fuite en 2012, pour conduite sans permis en 2014, pour violences et outrage sur personne dépositaire de l'autorité en 2016, pour rébellion, violence à nouveau en 2016, ait obtenu une carte de séjour, en 2022 ?

François Bayrou : Non. Depuis des années, on a voulu mettre au point un certain nombre de garde-fous et de précautions sur le profil et sur les moyens qu'on pouvait mettre pour choisir les profils ou accepter les profils de ceux qui viennent s'installer en France. Et donc ça n'est pas normal. Alors je ne connais pas les détails de la procédure parce que, comme vous le savez, ça n'est pas le politique qui décide de ces sujets : c’est la justice. 

Apolline de Malherbe :  La famille du gendarme est évidemment bouleversée et on le comprend…

François Bayrou : et c'est le moins qu'on puisse dire. 

Apolline de Malherbe : Malgré tous ses outrages, il avait d'ailleurs toujours 9 points sur 12 dans son permis, donc il roulait de manière parfaitement régulière et officielle. Est-ce que ce type de défaillance que l'on découvre régulièrement, n'est-ce pas cela qui a mené aussi à la situation politique ? 

François Bayrou : C'est une grande partie de l'indignation du pays. Les Français sont absolument de bon sens et ils disent simplement « Lorsqu'il y a accumulation de fautes, de condamnations, de décisions de justice et d'interventions des forces de l'ordre, vous ne pouvez pas faire comme si rien ne se passait ». Et donc le sentiment, pas le sentiment, la réalité qui est créée par le fait que les mécanismes administratifs, les mécanismes de justice, s'additionnant les uns aux autres, font que l'impunité apparaît comme une réalité de tous les jours. Cette impunité, elle est purement et simplement inacceptable aux yeux de nos concitoyens. Et elle doit l'être aux yeux des responsables du pays. Et donc ce garçon, cet homme qui a été fauché, arraché de la vie et des siens, on ne peut pas faire comme si de rien n'était. Et on ne peut pas dire que c'est seulement un sentiment de quelque chose : c'est une réalité. Cette réalité, elle commande et elle s'impose à tous les responsables publics. 

Apolline de Malherbe : Je ne ferai pas de mauvaises transition, François Bayrou, mais vous venez de dire, « on ne peut pas faire comme si de rien n'était. Les actes doivent avoir des conséquences ». Au fond, plus largement, c'est un peu la question que les Français se posent ce matin. Est-ce que les élections aussi auront des conséquences ? Les consultations sont à nouveau en cours. François Hollande, l'ancien président, désormais député, dit ce matin dans le journal Le Point, « ce n'était pas au président de censurer un gouvernement Castets mais à l'Assemblée éventuellement ». Il dit en tout cas qu'il a été en quelque sorte censuré de manière préventive par Emmanuel Macron, ce gouvernement. Ça vous fait rire ? 

François Bayrou : Cette phrase, c'est n'importe quoi. 

François Hollande, que je sache, a été président de la République. Il devrait s'en souvenir aussi. S’il a été président c’est qu’il doit connaître la Constitution. La Constitution, l'article consacré au pouvoir du président de la République en matière de gouvernement, c'est l'article 8. La première phrase de l'article 8 c'est, « le président de la République nomme le Premier ministre ». Point. 

Il ne dit pas : « il nomme le Premier ministre sur désignation par un parti minoritaire ». 

Apolline de Malherbe : Oui, mais comment est-ce qu'il justifie Emmanuel Macron de ne pas nommer Lucie Castets ? Il dit : « parce qu'il y aurait une instabilité ». Donc c'est de manière préventive. Il censure de manière préventive ce gouvernement en disant qu'il le sera.

Mais en étiez-vous sûr ? En était-il sûr ? 

François Bayrou : Vous voulez rire ? Vous plaidez le faux pour entendre le vrai. Il n'y a strictement aucun doute. L'autre phrase, c'est « Le président de la République veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics ». Il y a sur les réseaux sociaux, si vous cherchez ces jours-ci, qui circule, un extrait d'une interview de François Mitterrand qui connaissait vaguement la Constitution, dans laquelle, devant Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel, dit, « Mais c'est le président de la République qui nomme le Premier ministre », et il parlait pour son camp, « et nul ne peut l'y forcer, et il n'est en rien obligé de choisir » - je cite à peu près exactement les mots de de François Mitterrand, mais j'imagine que sur vos antennes vous les retrouverez - « et nul ne peut l'obliger de choisir, même pas dans le parti le plus nombreux ». Le président de la République sait la Constitution. Et c'est pour des raisons très profondes que je vais vous rappeler. Il sait…

Apolline de Malherbe :  Vous voulez dire, il sait, « S.A.I.T. » ? Vous ne dites pas « le Président de la République, c'est la Constitution au sein de la République », « c'est moi ». 

François Bayrou : Non. Il sait du verbe savoir, pertinemment, François Hollande. 

Apolline de Malherbe :  Mais il y avait un doute. 

François Bayrou : Ce n'est pas parce qu'il fait semblant que l'on peut croire qu'il ignore tout ça. Il sait parfaitement. 

Mais vous voyez bien dans le jeu politique aujourd'hui, les jeux de rôle, tous ceux qui font semblant d'adopter une attitude qui, en réalité, ne correspond pas à ce qu'ils pensent profondément. Et donc je reviens à cette affaire. Pourquoi est-ce que la Ve République a décidé ça ? Parce qu'on a connu 15 ans où les gouvernements tombaient tous les 3 mois, avec des gens de bonne volonté, quelquefois, Pierre Mendès France par exemple. Les gouvernements tombaient et le président de la, enfin, et le général De Gaulle, avant même d'être président de la République, ayant fait l'expérience de cette instabilité, il a dit quelque chose de très simple. Il a dit, « nous allons arracher l'exécutif, le gouvernement aux manœuvres parlementaires ».

Apolline de Malherbe :  Et donc j'ai un peu l'impression que vous, vous l’y replongez… Enfin vous l’y replongez… Je veux dire Emmanuel Macron, vous, les partis, ce sont les partis désormais qui décident…. 

François Bayrou : Oui et bien ceci est inacceptable. 

Apolline de Malherbe :  Oui, mais qui a invité les partis ? 

François Bayrou : Et depuis des semaines, comme vous le savez, je plaide pour qu’on oublie cette impasse, pour qu'on sorte de cette impasse. Et cette impasse, elle est très simple. Vous ne pouvez pas demander, vous ne devez pas demander, il est inconstitutionnel de demander à des partis de désigner un Premier ministre…

Apolline de Malherbe :  Mais là, c'est du président dont vous êtes en train de parler. Vous êtes en train de dire qu'il fait quelque chose d'inconstitutionnel. C'est bien les chefs de partis qu’il a invités d'abord à venir avec lui pour des consultations…

François Bayrou : Alors, c'est normal. Pour savoir qui il désigne et quelle est la meilleure désignation possible. Tout ça est absolument simple. Quand vous dites qu'il y a une crise politique, moi je ne crois pas. Je crois qu'on est entré dans une nouvelle séquence, avec un nouveau paysage politique, que ce paysage politique est plus difficile à gérer que quand vous avez une majorité tout seul. Mais que c'est l'expression des Français. Expression biaisée, expression déviée par ceux qui disent « on a gagné une élection » alors qu’en chiffres, ils ont à peine le tiers des sièges. Deuxièmement, personne n'a voté ni pour leur programme, ni pour une candidate que personne ne connaissait et dont personne n'avait jamais entendu le nom. Même pas eux. 

Apolline de Malherbe :  François Bayrou, il y a eu cette expression hier qui a été prononcée par Brice Teinturier, j'entendais qu’il disait, « C'est le fait de dire d'entrée de jeu, comme dirait François Hollande, que Emmanuel Macron a anticipé la censure de Lucie Castet. C'est une machine à mécontentement ». Est-ce que vous avez conscience de ça ? Appel à la mobilisation, appel à destitution, projet de manifestations dès le 7 septembre. N'avez-vous pas l'impression que vous allez mettre le feu ? 

François Bayrou : D'abord, le « vous allez mettre le feu » est excessif et tous ces propos sont excessifs. On est devant une situation simplement mensongère. Et il faut que des gens étant un peu équilibrés rappellent ça. Personne n'a gagné cette élection d'une certaine manière tout le monde les a perdues. 

Apolline de Malherbe :  Mais il y a quand même eu un premier. 

François Bayrou : Non, il n'y a pas eu de premier. Au premier tour, le premier, c'est le Rassemblement National, qui a d'ailleurs le groupe le plus nombreux à l'Assemblée nationale. Et au 2e tour, le premier, c'est tous ceux qui ont dit, « Nous ne voulons pas du Rassemblement National ».

Apolline de Malherbe :  Donc c'est le Front républicain qui a gagné. 

François Bayrou : Absolument, qui a empêché quelque chose qu'il considérait et que nous considérions tous comme un danger pour la France. Et donc, cet ensemble dans lequel les électeurs n'ont pas trié, ils n'ont pas dit, et vous non plus, et aucun de ceux qui nous écoutent quand il était placé devant ce choix, « Rassemblement national ou front républicain ». Aucun d'entre eux n'a dit « je vais voter pour le NFP ou je vais voter pour le centre ». 

Apolline de Malherbe :  Ils ont dit « on va voter contre le RN ».

François Bayrou : Exactement et c'est le seul, la seule dominante de cette élection. Et faire passer ce vote, qui était un vote de salubrité, ou de précaution, ou de prudence nationale pour un vote de choix à l'intérieur du Front républicain, mais c'est une tentative de dévoiement de cette élection.

Apolline de Malherbe :  Et maintenant on fait quoi ? 

François Bayrou : C'est très simple, le président de la République a la responsabilité de nommer un Premier ministre. Vous savez ce que je plaide depuis le début.  Je pense qu'il est vain de demander aux partis politiques de s'entendre. Ils ne veulent même pas s'asseoir autour de la même table et c'est normal parce que leur ADN, ça n'est pas le rassemblement, c'est la division. Leur ADN, ce n’est pas le rassemblement, c'est l'opposition entre eux. Et je dis ça alors que j'aime les partis politiques et que j'en préside un. 

Apolline de Malherbe :  Mais vous en connaissez les limites. 

François Bayrou : Et j'en connais intégralement les limites. Ça n'est pas comme ça qu'on y arrivera. C'est la responsabilité, dans les institutions françaises, du président de la République française, à la différence des pays qui nous entourent, de choisir le Premier ministre parce que nous avons - je parle pour les constitutionnalistes - la constitution de la Ve République c'est la séparation des pouvoirs. Il y a d'un côté le pouvoir exécutif et de l'autre le pouvoir législatif. Et pour reprendre les mots du président, pour reprendre le mot du général de Gaulle …

Apolline de Malherbe : Je ne vais pas revenir là-dessus, il anticipe effectivement la censure. Au fond, c'est une manière de nier la séparation des pouvoirs. 

Ne fallait-il pas, encore une fois, laisser faire l'Assemblée nationale quitte à reprendre les choses ensuite ? 

François Bayrou : Non. Pardonnez-moi, peut-être, je serai le dernier défenseur de la Ve République, y compris contre ceux qui ont eu la charge de la présider. 

Apolline de Malherbe :  François Hollande. 

François Bayrou : Il se trouve que le pouvoir exécutif n'a pas sa source dans le pouvoir législatif. Il a sa source dans l'expression du peuple au travers de l'élection du président de la République pendant 5 ans. Sauf dans le cas, on en est très loin, où il y a une majorité nette qui s'est exprimée. Et quand il y a cela, c'est-à-dire une majorité absolue à l'Assemblée nationale ou une majorité relative très large, quand une majorité s'exprime, le président de la République nomme le Premier ministre, je cite de Gaulle « en tenant compte des nuances de l'Assemblée nationale ». 

Apolline de Malherbe :  François Bayrou…

François Bayrou : Cette accusation est une accusation absolument hors sujet, hors institution, hors du bon sens, et j'ajoute, hors de la certitude même de François Hollande, qui sait exactement que ce que je dis est vrai.

Apolline de Malherbe :  C’est une duperie ? Lui-même…

François Bayrou : Il fait une déclaration politicienne ou politique à l’intérieur du camp sous l’étiquette duquel il a été élu. 

Apolline de Malherbe : François Bayrou, qui et pour quoi faire ? Qui ? D'abord, vous avez vous-même dressé un portrait-robot de celui qui devrait rejoindre Matignon. Vous parlez de quelqu'un d'expérience que les Français créditent assez largement de bonne foi, capables de discuter avec des gens qui ne sont pas de son avis ou de sa couleur politique

François Bayrou : Rassembleur. 

Apolline de Malherbe :  Rassembleur. Bon, ça pourrait être vous ? 

François Bayrou : Si je prenais…

Apolline de Malherbe :  Vous avez fait votre propre portrait-robot, on ne va pas se mentir. 

François Bayrou : Non ce n'est pas vrai. 

Apolline de Malherbe :  Il n’y a pas que vous, mais enfin vous correspondez à ce portrait-là. 

François Bayrou :   Si nous prenons la question par cet angle-là, c'est-à-dire des responsables politiques au sens plein du terme, c'est-à-dire qui répondent devant les Français de leurs déclarations, de leurs choix, de leurs orientations. Si les responsables politiques, chaque fois qu'ils sont devant une question, se demandent comment, de cette question, ils peuvent tirer un avantage personnel… 

Apolline de Malherbe :  L'avantage, je n'ai pas dit ça. 

François Bayrou : Celui qui va accepter Matignon, ce n’est pas rien… 

Apolline de Malherbe :  Je lis ce portrait-robot que vous avez fait, cette fiche de poste en quelque sorte, et en effet, ça pourrait être vous. Selon cette définition, vous êtes quelqu’un d'expérience, peut-être vous-même et peut-être les Français, en tout cas vous considérez que vous avez de la bonne foi. Vous n'avez jamais refusé de discuter avec des gens qui n'étaient pas forcément de votre avis ou de votre couleur politique. Donc on est d'accord que ça coche toutes les cases.

François Bayrou : Oui, enfin….

Apolline de Malherbe :  Oui enfin non ? Peut-être ? 

François Bayrou : Oui. Enfin... Ce que j'ai dit là, je l'avais dit au mois de janvier lors de la nomination du Premier ministre précédent, je l'avais dit lors de la nomination de la Première ministre ante précédente. Parce que je crois que c'est ce dont on a besoin. Vous savez, il y a 2 visions. Il y a ceux qui croient que le Premier ministre est un exécutant aux ordres du président de la République. 

Apolline de Malherbe :  Ce n'est pas votre cas ? 

François Bayrou : Je n'ai jamais cru cela. Je m'y suis opposé sous Nicolas Sarkozy, sous ses successeurs, jusqu'à le plus récent. Je n’ai jamais cru cela. J'ai pensé que la responsabilité de chef du gouvernement est une responsabilité à part entière et c'est une responsabilité vis-à-vis du pays que de définir pour lui une politique et d'être capable de la défendre devant les assemblées, devant l'Assemblée nationale et le Sénat, y compris en discutant, en dialoguant, je ne veux pas employer le terme de négocier parce qu’il rappelle autre chose, mais avec les forces politiques, y compris celles qui ne sont pas de votre avis. 

Apolline de Malherbe : Bernard Cazeneuve ? 

François Bayrou : Oui, il répond à ce portrait-robot. 

Apolline de Malherbe : Didier Migaud ? 

François Bayrou : Je le connais moins, mais il y a une expérience… 

Apolline de Malherbe :  Ex-président de la Cour des comptes. Xavier Bertrand ? 

François Bayrou : Xavier Bertrand, est-ce qu'il aurait le soutien de son parti ? C'est ça la seule question puisqu’on dit… 

Apolline de Malherbe :  Christine Lagarde ? 

François Bayrou : Elle a eu une expérience, mais je ne veux pas entrer dans ce jeu-là. Peut-être vous vous rendez compte, mais on est devant une explosion continue, non pas de la politique, mais de la société. Vous savez, ce très brillant sociologue qui a dit qu'on était devant une archipelisation de la société. 

Apolline de Malherbe : Jérôme Fourquet. 

François Bayrou : Oui Jérôme Fourquet. Qu'on était devant, au fond, l'éclatement. Chacun s'isole dans son camp, c'est ça qu'on est en train de vivre en politique. C'est pourquoi ce n’est pas une crise de la politique, c'est une crise de la société. 

Apolline de Malherbe :  mais il y a eu les JO, il y a eu des moments où on l'a bien vu… 

François Bayrou : Heureusement à nouveau.

Apolline de Malherbe : Mais on est capable à nouveau de vibrer tous ensemble.

François Bayrou : Mais on est capable ! C'est pourquoi je ne signe pas votre expression de crise politique. Je pense qu'il y a un moment de mutation. Il y a un changement très important dans lequel on ne peut plus se contenter d'avoir des exécutants, qui, à l'Assemblée nationale, annoncent un programme et tous les députés lèvent la main pour voter oui. 

Apolline de Malherbe :  Et maintenant pour faire quoi ? François Bayrou, vous Premier ministre, est-ce que vous accepteriez, par exemple, de revoir la réforme des retraites ? Est-ce qu'elle est améliorable, est-ce qu'elle est réformable ? 

François Bayrou : J'ai dit que la réforme des retraites, pour moi, était améliorable…

Apolline de Malherbe :  Maintenant la question du SMIC. 

François Bayrou : …et je ne l'ai pas dit depuis aujourd'hui, je l'ai dit depuis le jour où elle a été proposée et adoptée. 

Apolline de Malherbe :  Évidemment, ça a un sens plus particulier aujourd'hui dans ce jour où il faut tendre la main. Est-ce que le smic à 1600€ vous paraît quelque chose de faisable ? 

François Bayrou : Je pense que c'est une erreur. 

Apolline de Malherbe :  C'est une erreur le SMIC à 1600 euros

François Bayrou : C'est extrêmement simple : ceux qui gagnent 1600€ aujourd'hui, ils sont 200€ au-dessus du SMIC. Ils ont dû travailler parfois dur pour y arriver. Et vous vous trouvez dans une situation où ils vont être rattrapés par le SMIC. 

Apolline de Malherbe :  Sauf si eux aussi leur salaire monte. 

François Bayrou : J’ai un ami qui est un chef d'entreprise dans le domaine du nettoyage. Beaucoup de mérite, de remarquables réussites. Il a 3000 personnes qui travaillent dans son entreprise. Les prix qu'il a fixés dans les contrats avec les collectivités locales, ou avec les entreprises, ou avec les hôpitaux parce qu'il les nettoie, ces prix sont fixés quelquefois pour 3 ans et vous allez augmenter sa masse salariale de 15%, 20% ? 

Apolline de Malherbe :  Vous redoutez que son entreprise ne périclite. 

François Bayrou : Mais c'est ça n'est pas moi qui le redoute, c'est lui. D'autant que dans le même programme, il y a le blocage des prix. J'ai souvent pris comme exemple un boulanger. Avec ses charges, ses charges salariales, ses charges d'énergie, il vend la baguette mettons 1€, c'est un exemple, si vous augmentez sa masse salariale de 15 ou 20%, qu'est-ce qu’il va lui arriver ? Il ne fabriquera plus de baguettes, il fera des pains fantaisies et encore…S'il reste ouvert, parce que ne croyez pas que beaucoup de ces entreprises soient en situation garanties pour l'avenir. En réalité, on articule des promesses électorales qui sont dangereuses et intenables. Et vous voulez que le président de la République, par exemple, reste indifférent à ces choix. Je rappelle, il a en charge le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et c'est dans cet esprit-là qu'il dit, « il faut chercher d'autres solutions que celles qu'on a voulu nous imposer ». 

Apolline de Malherbe :  Merci François Bayrou, président du MoDem, haut-commissaire au plan, maire de Pau. 

Ça peut se régler vite ? Quelques jours ? 

François Bayrou :  Oui, je pense ça pourrait se régler vite. Il suffit de trouver l'oiseau rare, l'oiseau au masculin ou au féminin. 

Apolline de Malherbe :  François Bayrou, merci d'avoir été mon invité ce matin, vous qui ne croyez pas à une crise politique mais à un moment de mutation majeure.

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