Grand oral ou petite audition ? par Marie-Pierre Vedrenne
Depuis une semaine, vingt-six candidats pour la prochaine Commission européenne passent des auditions devant le Parlement européen afin d'être confirmés à leur poste. Marie-Pierre Vedrenne, députée européenne, nous raconte cet exercice auquel elle participe pour la troisième fois dans notre billet d'humeur du jour.
C’est un exercice démocratique inédit - que nous ne connaissons pas en France - à savoir celui des auditions des commissaires désignés par leurs États membres et proposés par la Présidente Von der Leyen auxquels nous nous livrons depuis le 4 novembre au Parlement européen.
La nouvelle commission européenne ne pourra entrer en fonction qu’avec la validation de chaque membre par les députés et avec un feu vert pour le collège des 27 commissaires dans son entier. C’est un exercice redouté par les candidats dont certains dans le passé ont subi le veto parlementaire.
C’est la troisième fois en tant que députée européenne, membre de la commission commerce international, que j’ai la responsabilité d’interroger les commissaires désignés au commerce. Est ce que parce qu’il s’agit d’une troisième session que je trouve cet exercice plus habituel et moins singulier ? Oui, sûrement. Et aussi, du fait d’un contexte politique nouveau dans lequel s’inscrivent ces temps d’interpellations de trois heures.
L’évolution des rapports de force au Parlement européen, la continuité de la guerre en Ukraine suite à l’agression par Moscou, l’instabilité au Proche-Orient, la compétition avec la Chine, le retour de Donald Trump à la Présidence des Etats-Unis … ces nombreux facteurs d’inquiétude et d’insécurité ont conduit à une prudence et une précaution de l’ensemble des candidats. En effet, ces derniers - contraints également par les lettres de missions reçues par la Présidente de la Commission - cherchaient aussi à donner des gages aux différents groupes politiques afin d’obtenir notre confiance.
Force est de constater également que lors de l’audition de Stéphane Sejourné, candidat français à la vice-présidence exécutive à la stratégie industrielle et à la prospérité, nos oppositions ont mis à mal l’image de notre pays préférant à l’extrême droite comme à l’extrême gauche bercer dans des propos populistes et attaques nominales.
Quel triste gâchis, mais gardant son calme, mon habile ancien Président de groupe, a fait un exercice de haute voltige démontrant qu’il était le bon candidat pour cette future responsabilité dans laquelle il sera compté sur mon soutien pour défendre nos ambitions et intérêts.
Marie-Pierre Vedrenne