Jean-Paul Matteï : "La relation franco-allemande est moteur de l'Union européenne depuis 60 ans"
Jean-Paul Mattei, Président du groupe MoDem à l’Assemblée Nationale, est intervenu dimanche 22 janvier en hémicycle lors de la journée de célébrations communes de l’Assemblée nationale et du Bundestag allemand. Revoir son intervention.
Madame la Présidente, mes chers collègues,
Nous vous accueillons, chers collègues allemands, dans notre hémicycle historique pour fêter ensemble les 60 ans du traité de l'Élysée qui a porté les bases d'une coopération profonde entre deux pays autrefois ennemis, aujourd'hui amis.
Pas mal d'intervenants ont parlé de leur parcours. Mon parcours, comme celui de certaines de mes collègues de mon groupe, à l'instar de Sabine Thillaye et Delphine Lingemann, témoignent d'une certaine manière de cette transformation profonde des relations entre nos deux pays. Je suis né à Sarrebruck, en Allemagne, en 1954, par les hasards d'une affectation de mon père militaire.
En 1963, le Président De Gaulle et le Chancelier Adenauer signaient le traité de l'Élysée sur l'amitié franco-allemande. Force est de reconnaître que ce traité a atteint ses objectifs sur le rapprochement des peuples d'abord, et notamment des jeunes.
On en a beaucoup parlé ce matin et je les vois ici, dans cet hémicycle. Jeune de 22 ans, alors responsable des jeunes giscardiens, génération sociale et libérale en Béarn, je me suis rendu à l'invitation de nos amis de la Junge Union avec plusieurs de mes camarades, donc à voyager dans le Berlin divisé.
Nous avions dormi dans les locaux de l'OFAJ, l'office franco-allemand de la jeunesse, et j'ai pu me rendre compte à l'époque des contrastes du Berlin d'alors. Une ambiance particulière de guerre froide, mais en même temps une vitalité incroyable. Je n'ai pas fait de rencontres amoureuses, mais j'aurais peut-être pu. Et ce voyage a beaucoup fait pour la compréhension de l'Allemagne pour un Béarnais d'adoption comme moi.
Cette coopération, cette amitié, n'est pas seulement culturelle. Elle infuse dans l'ensemble des pans de la société. Je suis élu d'un Sud-Ouest où le nom d'Airbus est synonyme pour de nombreuses PME et d’ETI, de contrats et d'emplois, mais aussi d'innovation et de fierté. Nos deux économies sont toujours plus intégrées et cela ne peut être qu'une bonne nouvelle.
Elle est aussi signe de politique. La relation franco-allemande est depuis 60 ans moteur de la construction européenne qui fonde l'engagement politique que nombre de mes collègues démocrates.
Je veux prendre pour exemple le plan de relance européen qui explique que notre continent se remet mieux de la crise de la Covid que ce que nous craignions au printemps 2020.
Nous avions su ensemble apprendre de nos erreurs de 2008 et impulser à deux, une nouvelle dynamique européenne. La création de l'Assemblée parlementaire franco-allemande en 2019 est aussi une nouvelle avancée. Si auparavant les discussions étaient le fait des pouvoirs exécutifs de part et d'autre du Rhin, nous nous réunissons ensemble régulièrement, notamment pour tenir ces gouvernements comptables de cette relation et dresser ensemble de nouvelles perspectives pour notre travail en commun.
Il y a, comme dans les couples ou toutes les familles parfois des désaccords ou des rendez-vous manqués. C'est bien normal, mais je crois que la force de notre relation est que nous savons que, quelles que soient ses difficultés passagères, nous nous retrouverons toujours pour essayer d'avancer ensemble. Le retour de la guerre en Europe nous rappelle tant la réussite historique représente cette amitié, que la nécessité de la préserver et de l'approfondir.
Même au prix d'efforts de chaque côté, les démocrates y prendront leur part. Je vous remercie et vive l'amitié franco-allemande !