La grande transformation du travail : crise de la reconnaissance et du sens
Le Haut-commissariat au Plan a publié une note sur la grande transformation du travail, et livre une analyse des causes sous-jacentes de ces tendances (mondialisation, tertiarisation, métropolisation, etc.) préalable à une action en profondeur. Résumé de son contenu.
Depuis la crise du Covid-19, un mouvement de désaffection vis-à-vis du travail s'est fait sentir. Sentiment d'un manque de sens, envie de consacrer du temps à d'autres dimensions de la vie, quiet quitting, autant de phénomènes récents, qui manifestent une interrogation sur la valeur même du travail. L'étymologie, tripalium, renvoie à l'idée de supplice, la critique du travail n'est pas récente. Mais elle prend des formes nouvelles, dans une société en mutation.
Dans la note du Haut-commissariat au Plan, il ne s'agit pas de critiquer la paresse des jeunes générations ou leur manque de stabilité. C'est à la recherche des causes que l'analyse s'attache : l'inscription du travail aux différents temps de la vie, la satisfaction ou l'insatisfaction du niveau de rémunération, la quête d'un sens, d'une utilité pour la société. En miroir, travailler sans l'impression d'une reconnaissance est évidemment frustrant. Les jeunes ont de plus en plus de mal à accéder au monde du travail et à y trouver un emploi stable. L'accélération et l'intensification du travail se révèlent dommageables si elles s'accompagnent, corrélativement, d'un recul de l'autonomie et de la reconnaissance.
La transformation numérique a des conséquences positives mais aussi des effets pervers : si le travail se polarise entre des tâches très qualifiées, et des tâches peu qualifiées, un fossé risque de se creuser entre les citoyens autonomes dans leur travail et ceux qui le subissent. La tertiairisation de l'économie française est particulièrement marquée (80%), ce qui induit des risques plus prononcés pour les conditions de travail. Un autre phénomène marquant est la surconcentration de l'activité économique française dans les grandes métropoles. Travailler ne permet plus autant qu'avant de se loger, ce qui constitue un réel problème.
En France, la "logique de l'honneur", théorisée par Philippe d'Iribarne, rend les citoyens sensibles au sentiment de reconnaissance ou de manque de considération. Les logiques de management, trop verticales, posent souvent problème. Les attentes des Français concernent ainsi la rémunération, mais aussi les dimensions d'épanouissement et d'autonomie dans le travail.
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